Conferve au moins le jour au dernier de mes fils. Pour fauver cet enfant, qu'il a mis dans mes mains, Sur leurs yeux vigilans répandant un nuage, IDAMÉ. Seigneur, il ferait temps encor de le fauver : Allons vers la Corée, au rivage des mers, Hélas! le fils des Rois n'a pas même un asyle! J'attends les Coréens; ils viendront, mais trop tard.. Cependant la mort vole au pied de ce rempart. ZAMTI, IDAMÉ, ASSELI, ÉTAN. ÉTAN ZAMTI. TAN, où courez-vous, interdit, consterné IDAMÉ. Fuyons de ce féjour au Scythe abandonné. ÉTAN. Vous êtes obfervés, la fuite eft impoffible. reur, Depuis que fous le glaive eft tombé l'Empereur. Il n'est donc plus ? ZAMTI. IDAMÉ. O Cieux ! ÉTAN. De ce nouveau carnage Qui pourra retracer l'épouvantable image? Son épouse, fes fils sanglans & déchirés... De nos honteux foldats les alfanges errantes Ont au lieu de la mort annoncé l'esclavage. encor: On prétend que ce Roi des fiers enfans du Nord, parts. Ils habitent des champs, des tentes, & des chars; Ils fe croiraient gênés dans cette Ville immense. De nos Arts, de nos Loix la beauté les offenfe. Ces brigands vont changer en d'éternels déferts Les murs que fi long-temps admira l'univers. IDAMÉ. Le vainqueur vient fans doute armé de la vengeance. Dans mon obfcurité j'avais quelque espérance; ZAMTI. Les nôtres font tombés : le juste Ciel peut-être Voudra pour l'Orphelin fignaler fon pouvoir. Veillons fur lui, voilà notre premier devoir. Que nous veut ce Tartare? ZAMTI, IDAMÉ, ASSÉ LI, OCTAR, GARDE S. OCTAR. ESCLAVES, écoutez ; que votre obéïssance Soit l'unique réponse aux ordres de ma voix. De mettre fans tarder cet enfant dans mes mains. Je vais l'attendre: allez; qu'on m'apporte ce gage. Pour peu que vous tardiez, le fang & le carnage Si vous aimez la vie, allez, qu'on obéïsse. Ou fommes IDA MÉ. U fommes-nous réduits? ô monftres, & terreur ! Chaque inftant fait éclore une nouvelle horreur, Et produit des forfaits dont l'ame intimidée Jufqu'à ce jour de fang n'avait point eu d'idée. Vous ne répondez rien; vos soupirs élancés Au Ciel qui nous accable en vain font adreffés. Enfant de tant de Rois, faut-il qu'on facrific Aux ordres d'un foldat ton innocente vie! ZAMTI. J'ai promis, j'ai juré de conferver les jours. IDAMÉ. De quoi lui ferviront vos malheureux fecours? Qu'importent vos fermens, vos stériles tendreffes? Etes-vous en état de tenir vos promesses ? ZAMTI. Ah, Ciel ! Eh quoi, vous voudrien Voir du fils de mes Rois les jours facrifiés ! IDAMÉ. Non, je n'y puis penser fans des torrens de larmes ; Et fi je n'étais mere, & fi dans mes allarmes, |