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On croit lire les mille 5 une nuits en action en fcènes mais malgré l'incroyable, il y régne de l'intérêt ; & malgré la foule des événemens. tout eft de la clarté la plus luminense: ce font la deux grands mérites en tout temps chez toutes les Nations; ce mérite manque à beaucoup de nos Piéces modernes. Il est vrai que la Piéce Chi noife n'a pas d'autres beautés: unité de temps 5 d'action, développement de Sentimens, peinture des mœurs, éloquence, raison, paffions, tout lui manque 5 cependant, comme je l'ai déjà dit, l'ouvrage eft fupérieur à tout ce que nous faifions alors.

Comment les Chinois, qui au quatorziéme fiécle, fi long-temps auparavant, Scavoient faire de meilleurs Poemes Dramatiques que tous les Europeans, font-ils reftés toujours dans L'enfance groffiére de l'Art, tandis qu'à force de Joins de temps notre Nation eft parvenue à produire environ une douzaine de Pieces, qui, fi elles ne font pas parfaites, font pourtant fort au deffus de tout ce que le reste de la terre a jamais produit en ce genre. Les Chinois, comme Les autres Afiatiques, font demeurés aux premiers élémens de la Poëfie, de l'Eloquence, de La Phyfique, de l'Aftronomie, de la Peinture, connus par eux fi long-temps avant nous. Il leur a été donné de commencer en tout plutôt que les autres peuples, pour ne faire ensuite aucun progrès. Ils ont resemblé aux anciens Egyptiens, qui ayant d'abord enfeigné les Grecs, finirent par n'être pas capables d'être leurs difciples.

Le Pere du Halde, tous les Auteurs des Lettres édifiantes, tous les Voyageurs, ont tou jours écrit Europeans, & ce n'eft que depuis quelques années qu'on s'eft avifé d'imprimer Européens.

Ces Chinois chez qui nous avons voyagé à travers tant de périls, ces Peuples de qui nous avons obtenu avec tant de peine la permission de leur apporter l'argent de l'Europe, de venir les inftruire, ne fcavent pas encore à quel point nous leur fommes fupérieurs ; ils ne font pas allez avancés, pour ofer feulement vouloir nous imiter. Nous avons puifé dans leur Hiftoire des fujets de Tragédie, 5 ils ignorent fi nous avons une Hiftoire.

Le célébre Abbé Métaftafio a pris pour fujet d'un de fes Poëmes Dramatiques le même sujet à peu près que moi, c'est-à-dire, un Orphelin échappé au carnage de fa maifon, 5 il a puisé cette avanture dans une Dynastie qui regnoit neuf cens ans avant notre Ere.

La Tragédie Chinoise de l'Orphelin de Tchao eft tout un autre fujet. Pen ai choisi un tout différent encore des deux autres, 5 qui ne leur reffemble que par le nom. Je me fuis arrêté à la grande époque de Gengis-Kan, j'ai voulu peindre les mœurs des Tartares 5 des Chinois. Les aventures les plus intéressantes ne font rien quand elles ne peignent pas les mœurs; cette peinture, qui eft un des grands fecrets de l'Art, n'eft encore qu'un amusement frivole, quand elle n'inspire pas la vertu.

Pofe dire, que depuis la Henriade jusqu'à Zaïre, & jufqu'à cette piéce Chinoife, bonne ou mauvaife, tel a été toujours le principe qui m'a infpiré, que dans l'Hiftoire du fiécle de Louis XIV. j'ai célébré mon Roi ma Patrie fans Aatter ni l'un ni l'autre. C'est dans un tel travail que j'ai confumé plus de quarante années. Mais voici ce que dit un Auteur Chinois, traduit en Espagnol par le célébre Navarette..

Si tu composes quelque ouvrage, ne le montre qu'à tes amis; crains le public & tes confreres; car on falfifiera, on empoisonnera ce que tu auras fait, & on t'imputera ce que tu n'auras pas fait. La Calomnie qui a cent trompettes, les fera fonuer pour te perdre, tandis que la Vérité qui eft muerte, reftera auprès de toi. Le célébre Ming fut accufé d'avoir mal penfé du Tien & du Li & de l'Empereur Vang On trouva le vieillard moribond qui achevoit -le panégyrique de Vang, & un hymne au Tien & au Li, &c.

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La Scène eft dans un Palais des Mandarins qui tient au Palais Impérial, dans la Ville de Cambalu, aujourd'hui Pékin.

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O

AKALAKALAKA

L'ORPHELIN

DE

LA CHINE,

TRAGÉDI E.

ACTE PREMIER.

SCENE I.

IDAME, ASSELI.

IDAMÉ.

SE peut-il qu'en ce temps de défolation

En ce jour de carnage & de deftruction, Quand ce Palais fanglant, ouvert à des Tartares, Tombe avec l'univers fous ces Peuples barbares, Dans cet amas affreux de publiques horreurs, Il foit encor pour moi de nouvelles douleurs?

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