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L'OFFICIER.

Seigneur....

LE DUC.

Cours, obéis.

De quoi t'alarmes-tu?

L'OFFICIER.

J'ai vu, non loin de cette porte, Un corps fouillé de fang qu'en fecret on empor

te:

C'eft Lifois qui l'ordonne, & je crains que le fort.....

LE DUC.

¿Qu'entens-je!.... malheureux! ah Ciel! mon frère eft mort:

Il eft mort, & je vis, & la terre entr'ouverte,
Et la foudre en éclats n'ont point vengé sa perte?
Ennemi de l'Etat, factieux, inhumain,
Frere dénaturé, raviffeur, affaffin,

O Ciel, autour de moi que j'ai creusé d'abysmes!
Que l'amour m'a changé! qu'il me coute de cri-

mes!

Le voile eft déchiré : je m'étais mal connu.
Au comble des forfaits je fuis donc parvenu?
Ah! Vamir! ah mon frere! ah jour de ma ruine,
Je fens que je t'aimais, & mon bras t'affaffine!
Quoi mon frere!

L'OFFICIER.

Amélie avec empressement, eut, Seigneur, en fecret vous parler un mo

ment.

LE DU C.

Chers amis, empêchez que la cruelle avance.
Je ne puis foutenir ni fouffrir fa présence;
Mais non, d'un parricide elle doit fe venger,
Dans mon coupable fang fa main doit feplonger.
Qu'elle entre: ah! je fuccombe & ne vis plus
qu'à peine.

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SCENE III.

LE DUC, AMÉLIE, TAISE.

Vous

AMÉLIE.

Ous l'emportez, Seigneur; & puisque votre haine,

(Comment puis-je autrement appeller en ce jour Ces affreux fentimens que vous nommez amour;)

Puifqu'à ravir ma foi votre haine obstinée Veut, ou le fang d'un frere, ou ce trifte hymé

née;

Mon choix eft fait, Seigneur, & je me donne à

vous.

A force de forfaits vous êtes mon époux. Brifez les fers honteux dont vous chargez un frere.

De vos murs fous fes pas abbaiffez la barriere. Que je ne tremble plus pour des jours fi chéris: Je trahis mon amant, je le perds à ce prix: Je vous épargne uncrime, & fuis votre conquête. Commandez, disposez, ma main eft toute prête, Sçachez que cette main que vous tirannisez Punira la faibleffe où vous me réduisez.

Scachez qu'au Temple même où vous m'allez conduire...

Mais vous voulez ma foi: ma foi doit vous fuffire. Allons... eh quoi! d'où vient ce filence affecté! Quoi! votre frere encor n'eft point en liberté! LE DUC.

Mon frere!

AMÉLIE.

Dieu puiffant, diffipez mes alarmes. Ciel! de vos yeux cruels je vois tomber des lar

mes.

LE DUC

Yous demandez fa vie!

AMÉLIE.

Ah! qu'est-ce que j'entends;

Vous qui m'aviez promis...

LE DUC.

Madame, il n'est plus temps.

AMÉLIE.

Il n'eft plus temps? Vamir!

LE DUC.

Il est trop vrai, cruelle. Oui l'amour a conduit cette main criminelle: Lifois, , pour mon malheur, a trop fçu m'obéir. Ah! revenez à vous, vivez pour me punir. Frappez: que votre main contre moi ranimée Perce un coeur inhumain qui vous a trop aimée, Un cœur dénaturé qui n'attend que vos coups; Qui, j'ai tué mon frère, & l'ai tué pour vous;

Vengez fur un coupable indigne de vous plaire, Tous les crimes affreux que vous m'avez fait

faire.

AMÉLIE.

(Se jettant entre les bras de Taïfe.)

Namir eft mort? barbare!

LE DUC.

Oui, mais c'est de ta main

Que fon fang veut ici le fang de l'affaffin. AMÉLIE(Soutenue parTaïse S presque évanouie)

LE DUC.

Il est mort!

Ton reproche...

AMÉLIE,

Epargne ma mifere;

Laiffe-moi, je n'ai plus de reproche à te faire. Va, porte ailleurs ton crime & ton vain re

pentir :

Laiffe-moi l'adorer, l'embraffer & mourir,

LE DUC.

Ton horreur eft trop jufte. Eh bien, chere Amé

lie, Par pitié, par vengeance arrache-moi la vie, Je ne mérite pas de mourir de tes coups. Que ta main les conduise,.

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SCENE IV.

LE DUC, AMÉLIE, LI SO I S. LISOIS. On le défarme.

AH! Ciel, que faites-vous?

LE DUC.

Laiffe-moi me punir, & me rendre justice.
AMÉLIE. (à Lifois.)

Vous d'un affaffinat vous êtes le complice?

LE DUC.

Ministre de mon crime, as-tu pu m'obéir ?

LISOIS.

Je vous avais promis, Seigneur, de vous fervira

LEDUC

Malheureux que je fuis! ta févère rudeffe
A cent fois de mes fens combattu la faiblesle.
Ne devais-tu te rendre à mes triftes fouhaits
Que quand ma paffion t'ordonnait des forfaits?
Tu ne m'as obéi que pour perdre mon frere.

LISOIS.

Lorsque j'ai refufé ce fanglant ministère, Votre aveugle courroux n'allait-il pas foudain Du foin de vous venger charger une autre main?

LE

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