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Vous rendre malheureuse encor plus que moi-
même,

Répandre devant vous tout le fang qui vous ai

me;

Et vous laiffer des jours plus cruels mille fois
Que le jour où l'amour nous a perdu tous trois.
Laiffez-moi: votre vue augmente mon fupplice.

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SCENE IV.

LE DUC, AMÉLIE, LISOIS

A MÉLIE (à Lifọis. )

AH! je n'attends plus rien que de votre juftice;

Lifois, contre un cruel ofez me fecourir.

LE DUC.

Garde-toi de l'entendre, ou tu vas me trahiri

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LE DUC.

Eloignez de ma vue;

Amis, délivrez-moi de l'objet qui me tue}
AMÉLIE.

Va, tyran, c'en eft trop: va, dans mon défespoir
J'ai combattu l'horreur que je fens à te voir.
J'ai cru, malgré ta rage à ce point emportée,
Qu'une femme du moins en ferait respectée.
L'amour adoucit tout, hors ton barbare cœur
Tygre, je t'abandonne à toute ta fureur,

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Dans ton féroce amour immole tes victimes; Compte dès ce moment ma mort parmi tes cri

mes;

Mais compte encor la tienne. Un vengeur væ

venir;

Par ton jufte fupplice il va tous nous unir. Tombe avec tes remparts, tombe & péris fans gloire.

Meurs, & que l'avenir prodigue à ta mémoire, A tes feux, à ton nom juftement abhorrés, La haine & le mépris que tu m'as infpirés.

ooooooooooooooooonoooooo* SCENE V.

LE DUC DE FOIX, LISOIS.

LE DUC.

OUI, cruelle ennemie, & plus que moi farou

che,

Oui, j'accepte l'arrêt prononcé par ta bouche. Que la main de la haine, & que les mêmes coups Dans l'horreur du tombeau nous réuniffent tous

LISOIS.

Il ne fe connaît plus: il fuccombe à fa rage,

LE DUC..

Eh bien! fouffriras-tu ma honte & mon outrage??
Le temps preffe veux-tu qu'un rival odieux
Enlève la perfide & l'époufe à mes yeux?
Tu crains de me répondre. Attends-tu que le
traître

Ait foulevé le peuple, & me livre à fon Mattre

LISOIS.

Je vois trop en effet que le parti du Roi
Des peuples fatigués fait chanceler la foi.
De la fédition la flamme réprimée

Vit encor dans les cœurs en fecret rallumée..

LEDUC.

C'est Vamir qui l'allume : il nous a trahi tous.. LISOIS.

Je fuis loin d'excufer fes crimes envers vous.
La fuite en eft funefte, & me remplit d'alarmes.
Dans la plaine déjà les Français font en armes;
Et vous êtes perdu, & le peuple excité

Croir dans la trahison trouver sa fureté;:
Vos dangers font accrus.

LE DUC.

Eh bien, que faut-il faire

LISOIS.

Les prévenir, dompter l'amour & lá colere.
Ayons encor, mon Prince, en cette extrémité,
Pour prendre un parti sûr affez de fermeté.
Nous pouvons conjurer ou braver la tempêre.
Quoi que vous décidiez, ma main est toute prête.
Vous vouliez ce matin par un heureux traité
Appaiser avec gloire un Monarque irrité :
Ne vous rebutez pas; ordonnez, & j'efpére,.
Seigneur, en votre nom, cette paix falutaire:
Mais s'il vous faut combatre & courir au trépas,
Vous fçavez qu'un ami ne vous furvivra pas.

LE DUC.

Ami, dans le tombeau laiffe-moi feul defcendre

Vis, pour fervir ma cause & pour venger ma cendre:

Mon deftin s'accomplit, & je cours l'achever. Qui ne veut que la mort eft sûr de la trouver; Mais je la veux terrible, & lorfque je fuccombe, Je veux voir mon rival entraîné dans ma tombe, LISOIS.

Comment? de quelle horreur vos fens font pof fédés!

LE DUC.

Il eft dans cette Tour où vous feul commandez; Et vous m'avez promis que contre un témérai¬

re....

L'ISOIS

De qui me parlez-vous, Seigneur? de votre frere!!

LE DUC.

Non: je parle d'un traître, & d'un lâche ennemi D'un rival qui m'abhorre & qui m'a tout ravi Le Maure attend de moi la tête du parjure.

LISOIS.

Yous leur avez promis de trahir la nature?

LE DUC..

Deslong-temps du perfide ils ont profcrit le fang

LISOIS.

Et pour leur obéir, vous lui percez lc Hanc? »

LE DUC..

Non, je n'obéis point à leur haine étrangere
J'obéis à ma rage, & veux la fatisfaire;
Que m'importent l'Etat & mes vains Alliés ?

LISOIS.

Ainfi donc à l'amour vous le facrifiez, Et vous me chargez, moi, dù foin de fon fupplice!

LE DUC.

Je n'attends pas de vous cette prompte juftice:
Je fuis bien malheureux, bien digne de pitié ;
Trahi dans mon amour, trahi dans l'amitié.
Allez; je puis encor dans le fort qui me preffe
Trouver de vrais amis qui tiendront leur pro
meffe;

D'autres me ferviront & n'allégueront pas
Cette trifte vertu, l'excufe des ingrats.

LISOIS après un long filence.

Non; j'ai pris mon parti: foit crime, foit justice Vous ne vous plaindrez plus qu'un ami vous trahiffe.

Vamir eft criminel: vous êtes malheureux.
Je vous aime; il fuffit: je me rends à vos vœux,
Je vois qu'il eft des temps pour les partis extrê◄

mes,

Que les plus faints devoirs peuvent fe taire eux

mêmes.

Je ne fouffrirai pas que d'un autre que moi Dans de pareils momens vous éprouviez la foi Er vous reconnaîtrez au fuccès de mon zéle Si Lifois vous aimait & s'il vous fut fidéle.

LE DUC.

Je te retrouve enfin dans mon adverfité: L'univers m'abandonne, & toi feul m'es refte Tu ne fouffriras pas que mon rival tranquille Infulte impunément à ma rage inutile»

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