A mes vœux orgueilleux fans guide abandonné, De quels écueils nouveaux je marche environné! MITRAN E. J'ai pleuré, comme vous, ce vieillard vénérable; Vous êtes devenu l'ouvrage de vos mains, ARZACE. Je ne fçais en ces lieux quels feront mes deftins, Aux plaines d'Arbazan, quelques fuccès peutêtre, Quelques travaux heureux m'ont affez fait connaître ; Et quand Sémiramis aux rives de l'Oxus Lui feul doit en juger, lui feul doit les connaî tre. Sur mon fort en fecret je dois le confulter, MITRAN E. Rarement il l'approche; obscur & folitaire, Moins il veut être grand, plus il eft révéré. EH! quelle eft donc fur moi la volonté des Dieux ? Que me réfervent-ils! & d'où vient que mon pere M'envoie en expirant aux pieds du fanctuaire? Moi, foldat; moi, nourri dans l'horreur des combats, Moi, qu'enfin l'amour feul entraîne fur fes pas. Aux Dieux des Caldéens quel service ai-je à rendre? Mais quelle voix plaintive ici fe fait entendre!. On entend des gémissemens fortir du fond du tombeau; ou l'on fuppofe qu'ils font entendus. Du fond de cette tombe, un cri lugubre, affreux, Sur mon front pâliffant fait dreffer mes che veux; De Ninus, m'a-t-on dit, l'ombre en ces lieux habite... Les cris ont redoublé ; mon ame est interdite. Séjour fombre & facré, mânes de ce grand Roi, Voix puiffante des Dieux, que voulez-vous de moi? .................0000000 SCENE III. ARZACE, le grand Mage OROES, Suite des Mages, MITRAN E. MITRANE, au Mage Oroés. OUI, Seigneur, en vos mains Arzace ici doit rendre Ces monumens fecrets que vous femblez atten dre. ARZAC E. Du Dieu des Caldéens, Pontife redouté, à qui mes mains ont fermé la pau Vous daignates l'aimer. OROES, Jeune & brave mortel,, D'un Dieu qui conduit tout, le décret éternel Vous amène à mes yeux plus que l'ordre d'un pere. De Phradate, à jamais, la mémoire m'eft chere; ARZAC E. Les voici. Les Efclaves donnent le coffre aux deux Mages, qui le pofent fur un Autel. OROÉS ouvrant le coffre, respect avec douleur. fe penchant avec C'est donc vous que je touche, Reftes chers & facrés! je vous vois, & ma bou che Preffe avec des fanglots ces triftes monumens, Qui m'arrachant des pleurs, attestent mes fer mens: Que l'on nous laiffe feuls; allez : & vous, Mi trane, De ce fecret myftere écartez tout profane. Les Mages fe retirent. Voici ce même fceau, dont Ninus autrefois Contre un poifon trop für, dont les mortels apprêts.... ARZACE Ciel que m'apprenez-vous ? OROES. Ces horribles fecrets, Sont encore demeurés dans une nuit profonde. Du fein de ce fepulcre inacceffible au monde, Les mânes de Ninus', & les Dieux outragés Ont élevé leurs voix & ne font point vengés. ARZACE. Jugez de quelle horreur j'ai dû fentir l'atteinte, Ici même, & du fond de cette augufte enceinte, D'affreux gémiffemens font vers moi parvenus. OROES. Ces accens de la mort font la voix de Ninus. ARZAC E. Deux fois à mon oreille ils fe font fait entendre. Les cruels, dont les coupables mains, Du plus jufte des Rois ont privé les humains Ont de leur trahison caché la trame impie; |