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A mes vœux orgueilleux fans guide abandonné, De quels écueils nouveaux je marche environné!

MITRAN E.

J'ai pleuré, comme vous, ce vieillard vénérable;
Phradate m'étoit cher,& fa perte m'accable:
Hélas! Ninus l'aimoit; il lui donna son fils;
Ninias notre espoir à fes mains fut remis.
Un même jour ravit & le fils & le pere;
Il s'impofa dès-lors un exil volontaire.
Mais enfin fon exil a fait votre grandeur;
Elevé près de lui dans les champs de l'honneur
Vous avez à l'Empire ajoûté des Provinces ;
Et placé par la gloire au rang des plus grands
Princes,

Vous êtes devenu l'ouvrage de vos mains,

ARZACE.

Je ne fçais en ces lieux quels feront mes deftins, Aux plaines d'Arbazan, quelques fuccès peutêtre,

Quelques travaux heureux m'ont affez fait connaître ;

Et quand Sémiramis aux rives de l'Oxus
Vint impofer des loix à cent peuples vaincus,
Elle laiffa tomber de fon char de victoire
Sur mon front jeune encor un rayon de fa gloire;
Mais fouvent dans les camps un foldat honoré
Rampe à la Cour des Rois, & languit ignoré.
Mon pere en expirant, me dit que ma fortune.
Dépendoit en ces lieux de la caufe commune;
Il remit dans mes mains ces gages précieux
Qu'il conferva toujours loin des profanes yeux
Je dois les déposer dans les mains du Grand-
Prêtre

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Lui feul doit en juger, lui feul doit les connaî

tre.

Sur mon fort en fecret je dois le confulter,
A Sémiramis même il peut me préfenter.

MITRAN E.

Rarement il l'approche; obscur & folitaire,
Renfermé dans les foins de fon faint miniftere,
Sans vaine ambition, fans crainte, fans détour,
On le voit dans fon Temple, & jamais à la Cour...
Il n'a point affecté l'orgueil du rang fuprême,
Ni placé fa tiare auprès du diadême.

Moins il veut être grand, plus il eft révéré.
Quelqu'accès m'eft ouvert en ce féjour facré ;
Je puis même en fecret lui parler à cette heure..
Vous le verrez ici, non loin de fa demeure
Avant qu'un jour plus grand vienne éclairer
nos yeux.

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EH! quelle eft donc fur moi la volonté des

Dieux ?

Que me réfervent-ils! & d'où vient que mon pere

M'envoie en expirant aux pieds du fanctuaire? Moi, foldat; moi, nourri dans l'horreur des combats,

Moi, qu'enfin l'amour feul entraîne fur fes pas. Aux Dieux des Caldéens quel service ai-je à rendre?

Mais quelle voix plaintive ici fe fait entendre!.

On entend des gémissemens fortir du fond du tombeau; ou l'on fuppofe qu'ils font entendus.

Du fond de cette tombe, un cri lugubre, affreux, Sur mon front pâliffant fait dreffer mes che

veux;

De Ninus, m'a-t-on dit, l'ombre en ces lieux

habite...

Les cris ont redoublé ; mon ame est interdite. Séjour fombre & facré, mânes de ce grand Roi, Voix puiffante des Dieux, que voulez-vous de moi?

.................0000000

SCENE III.

ARZACE, le grand Mage OROES, Suite des Mages, MITRAN E. MITRANE, au Mage Oroés.

OUI, Seigneur, en vos mains Arzace ici

doit rendre

Ces monumens fecrets que vous femblez atten

dre.

ARZAC E.

Du Dieu des Caldéens, Pontife redouté,
Permettez qu'un guerrier à vos yeux présenté,
Apporte à vos genoux la volonté derniere
D'un pere,
piere..

à qui mes mains ont fermé la pau

Vous daignates l'aimer.

OROES,

Jeune & brave mortel,,

D'un Dieu qui conduit tout, le décret éternel

Vous amène à mes yeux plus que l'ordre d'un pere.

De Phradate, à jamais, la mémoire m'eft chere;
Son fils me l'eft encor plus que vous ne croyez.
Ces gages précieux par fon ordre envoyés,
Où font-ils?

ARZAC E.

Les voici.

Les Efclaves donnent le coffre aux deux Mages, qui le pofent fur un Autel.

OROÉS ouvrant le coffre, respect avec douleur.

fe penchant avec

C'est donc vous que je touche, Reftes chers & facrés! je vous vois, & ma bou

che

Preffe avec des fanglots ces triftes monumens, Qui m'arrachant des pleurs, attestent mes fer

mens:

Que l'on nous laiffe feuls; allez : & vous, Mi

trane,

De ce fecret myftere écartez tout profane.

Les Mages fe retirent.

Voici ce même fceau, dont Ninus autrefois
Tranfmit aux nations l'empreinte de ces loix !
Je la vois cette lettre, à jamais effrayante,
Que prête à fe glacer traça fa main mourante;
Adorez ce bandeau, dont il fut couronné;
A venger fon trépas ce fer eft destiné,
Ce fer qui fubjugua la Perfe & la Médie,
Inutile inftrument contre la perfidie,

Contre un poifon trop für, dont les mortels apprêts....

ARZACE

Ciel que m'apprenez-vous ?

OROES.

Ces horribles fecrets, Sont encore demeurés dans une nuit profonde. Du fein de ce fepulcre inacceffible au monde, Les mânes de Ninus', & les Dieux outragés Ont élevé leurs voix & ne font point vengés.

ARZACE.

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Jugez de quelle horreur j'ai dû fentir l'atteinte, Ici même, & du fond de cette augufte enceinte, D'affreux gémiffemens font vers moi parvenus. OROES.

Ces accens de la mort font la voix de Ninus.

ARZAC E.

Deux fois à mon oreille ils fe font fait entendre.

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Les cruels, dont les coupables mains, Du plus jufte des Rois ont privé les humains Ont de leur trahison caché la trame impie;

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