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AMÉLIE.

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Vous les pourrez, Seigneur, connaître avec le

temps;

Mais vous n'aurez jamais le droit de les con

traindre,

Ni de les condamner, ni même de vous plaindre.
Du généreux Lifois j'ai recherché l'appui :
Imitez la grande ame, & penfez comme lui.
ooooooooo...........0 900

SCENE IIL

LEDUC feul

EH bien! ç'en eft donc fait, l'ingrate, la parë

jure

A mes yeux fans rougir étale mon injure;
De tant de trahifons, l'abyfme eft découvert.
Je n'avois qu'un ami : c'est lui feul qui me perd!
Amitié, vain fantôme, ombre que j'ai chérie,
Toi, qui me confolais des malheurs de ma vie,
Bien que j'ai trop aimé, que j'ai trop méconnu
Tréfor cherché fans ceffe, & jamais obtenu,
Tu m'as trompé, cruelle, autant que l'amour
même;

D

Et maintenant pour prix demon erreur extrême, Détrompé des faux biens, trop faits pour me charmer,

Mon deftin me condamne à ne plus rien aimer, Le voilà cet ingrat, qui fier de fon parjure, Vient encor de fes mains déchirer ma bleffure.

ooooooooo000000000000000

SCENE IV.

LE DUC, LISOIS.

LISOIS.

Avos ordres, Seigneur, vous me voyez rendu.

D'où vient fur votre front ce chagrin répandu! Votre ame aux paffions long-temps abandon

née ?

A-t-elle en liberté pesé sa destinée.

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Quel eft le projet où vous vous arrêtez ? |
LE DUC.

D'ouvrir enfin les yeux aux infidélités,
De fentir mon malheur & d'apprendre à con
naître

La perfide amitié d'un rival & d'un traître,

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LE DUC.

Me le demandez-vous;

De l'affront inoui qui vient de me confondre, Quel autre étoit inftruit, quel autre en doit répondre ?

Je fçai trop qu'Amélie ici vous a parlé :
En vous nommant à moi, l'infidéle a tremblé;
Vous affectez fur elle un odieux filence,
Interprête muet de votre intelligence.

Je ne fçai qui des deux je dois plus détefter.
LISOIS.

Vous fentez-vous capable au moins de m'écou

Je le veux.

ter?

LE DUC.

LISOIS.

Penfez-vous que j'aime encor la gloire? M'eftimez-vous encor, & pouvez-vous me

croire?

LE DUC.

Oui, jufqu'à ce moment je vous crus vertueux; Je vous crus mon ami.

LISOIS.

Ces titres précieux Ont été jufqu'ici la régle de ma vies Mais vous, méritez-vous que je me justifie? Apprenez qu'Amélie avoit touché mon cœur, Avant que de fa vie heureux libérateur, Vous euffiez par vos foins, par cet amour fince

re,

Tom. IV.

Sur tout par vos bienfaits tant de droits de lui plaire,

Moi, plus foldat que tendre, & dénaignant tou-
jours

Ce grand art de féduire inventé dans les Cours,
Ce langage flatteur & fouvent fi perfide,
Peu fait pour mon efprit peut-être trop rigide,
Je lui parlai d'hymen; & ce noud respecté,
Refferré par l'eftime & par l'égalité,
Pouvoit lui préparer dés deftins plus propices,
Qu'un rang plus élevé, mais fur des précipices.
Hier avec la nuit, je vins dans vos remparts,
Tout votre cœur parut à mes premiers regards.
Aujourd'hui j'ai révu cet objet de vos larmes ;
D'un œil indifférent j'ai regardé fes charmes,
Et je me fuis vaincu, fans rendre de combats;
J'ai fait valoir vos feux que je n'approuve pas.
J'ai de tous vos bienfaits rappellé la mémoire,
L'éclat de votre rang, celui de votre gloire,
Sans cacher vos défauts, vantant votre vertu ;
Et pour vous, contre moi, j'ai fait ce que j'ai dû.
Je m'immole à vous feul, & je me rends juftice;
Et fi ce n'eft affez d'un pareil facrifice,
S'il eft quelque rival qui vous ofe outrager,
Tout mon fang eft à vous, & je cours vous ven→
ger,

LE DUC.

Que tout ce que j'entends t'éléve & m'humilie!
Ah! tu devois fans doute adorer Amélie;
Mais qui peut commander à fon cœur enflammé!
Non, tu n'as pas vaincu; tu n'avois point aimé,
LISOIS.

J'aimpis, & notre amour fuit notre caractére,

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Aimez-moi, Prince, au lieu de me louer; Et fi vous me devez quelque reconnaiffance, Faites votre bonheur, il eft ma récompense. Vous voyez quelle ardente & fiere inimitié Votre frere nourrit contre votre allié; La fuite, croyez-moi, peut en être funefte; Vous êtes fous un joug que ce peuple déteste; Je prévois que bientôt on verra réunis Les débris difperlés de l'empire des lis. Chaque jour nous produit un nouvel adverfaire; Hier le Béarnais, aujourd'hui votre frere. Le pur fang de Clovis eft toujours adoré, Tôt ou tard il faudra que de ce tronc facré Les rameaux divifés & courbés par l'orage Plus unis & plus beaux foient notre unique om

brage.

Vous, placé près du trône, à ce trône attaché, Si les malheurs des temps vous en ont arraché A des nœuds étrangers, s'il fallut vous réfoudre, L'intérêt qui les forme a droit de les diffoudre. On pourrait balancer avec dextérité

Des Maires du Palais la fiere autorité; Et bientôt par vos mains leur puissance affai blie....

LE DU C.

Je le fouhaite au moins; mais crois-tu qu'Amé

lie

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