4 AMÉLIE. 336 Vous les pourrez, Seigneur, connaître avec le temps; Mais vous n'aurez jamais le droit de les con traindre, Ni de les condamner, ni même de vous plaindre. SCENE IIL LEDUC feul EH bien! ç'en eft donc fait, l'ingrate, la parë jure A mes yeux fans rougir étale mon injure; D Et maintenant pour prix demon erreur extrême, Détrompé des faux biens, trop faits pour me charmer, Mon deftin me condamne à ne plus rien aimer, Le voilà cet ingrat, qui fier de fon parjure, Vient encor de fes mains déchirer ma bleffure. ooooooooo000000000000000 SCENE IV. LE DUC, LISOIS. LISOIS. Avos ordres, Seigneur, vous me voyez rendu. D'où vient fur votre front ce chagrin répandu! Votre ame aux paffions long-temps abandon née ? A-t-elle en liberté pesé sa destinée. Quel eft le projet où vous vous arrêtez ? | D'ouvrir enfin les yeux aux infidélités, La perfide amitié d'un rival & d'un traître, LE DUC. Me le demandez-vous; De l'affront inoui qui vient de me confondre, Quel autre étoit inftruit, quel autre en doit répondre ? Je fçai trop qu'Amélie ici vous a parlé : Je ne fçai qui des deux je dois plus détefter. Vous fentez-vous capable au moins de m'écou Je le veux. ter? LE DUC. LISOIS. Penfez-vous que j'aime encor la gloire? M'eftimez-vous encor, & pouvez-vous me croire? LE DUC. Oui, jufqu'à ce moment je vous crus vertueux; Je vous crus mon ami. LISOIS. Ces titres précieux Ont été jufqu'ici la régle de ma vies Mais vous, méritez-vous que je me justifie? Apprenez qu'Amélie avoit touché mon cœur, Avant que de fa vie heureux libérateur, Vous euffiez par vos foins, par cet amour fince re, Tom. IV. Sur tout par vos bienfaits tant de droits de lui plaire, Moi, plus foldat que tendre, & dénaignant tou- Ce grand art de féduire inventé dans les Cours, LE DUC. Que tout ce que j'entends t'éléve & m'humilie! J'aimpis, & notre amour fuit notre caractére, Aimez-moi, Prince, au lieu de me louer; Et fi vous me devez quelque reconnaiffance, Faites votre bonheur, il eft ma récompense. Vous voyez quelle ardente & fiere inimitié Votre frere nourrit contre votre allié; La fuite, croyez-moi, peut en être funefte; Vous êtes fous un joug que ce peuple déteste; Je prévois que bientôt on verra réunis Les débris difperlés de l'empire des lis. Chaque jour nous produit un nouvel adverfaire; Hier le Béarnais, aujourd'hui votre frere. Le pur fang de Clovis eft toujours adoré, Tôt ou tard il faudra que de ce tronc facré Les rameaux divifés & courbés par l'orage Plus unis & plus beaux foient notre unique om brage. Vous, placé près du trône, à ce trône attaché, Si les malheurs des temps vous en ont arraché A des nœuds étrangers, s'il fallut vous réfoudre, L'intérêt qui les forme a droit de les diffoudre. On pourrait balancer avec dextérité Des Maires du Palais la fiere autorité; Et bientôt par vos mains leur puissance affai blie.... LE DU C. Je le fouhaite au moins; mais crois-tu qu'Amé lie |