ACTEURS. SEMIRAMIS. ARZACE, ou Ninias. AZÉM A, Princeffe du Sang de Bélus. ASSUR, Prince du Sang de Bélus. ORO ÉS, Grand-Prêtre. OTANE, Miniftre attaché à Sémiramis. MITRANE, ami d'Arzace. Gardes, Mages, Esclaves, Suited SÉMIRAMIS, TRAGÉDIE. 000000000000000000000000 ACTE PREMIER. Le Théâtre représente un vaste périftile, au fond duquel eft le Palais de Sémiramis. Les jardins en terraffe font élevés au dessus du Palais: le Temple des Mages eft à droite, 5 un Mausolée à gauche, orné d'obélifques. SCENE I. ARZACE, MITRANE. ARZACE. Deux Efclaves portent une caffette dans le lointain. OUI, Mitrane, en fecret l'ordre émané du thrône Remet entre tes bras, Arzace à Babylone. Que la Reine, en ces lieux brillans de sa splen deur, De fon puiffant génie imprime la grandeur ! Je vais dans fon éclat voir cette Reine heureuse. MITRANE. La renommée, Arzace, eft fouvent bien trom peuse: Et peut-être, avec moi, bien-tôt vous gémirez, Quand vous verrez de près ce que vous ad-. mirez. Comment? ARZAC E. MITRAN E. Sémiramis à fes douleurs livrée, Séme ici les chagrins dont elle est dévorée : L'horreur qui l'épouvante eft dans tous les efprits: Tantôt rempliffant l'air de fes lugubres cris, Elle approche à pas lents, l'air fombre, intimidé, Et fe frappant le fein de fes pleurs inondé. Elle invoque les Dieux ; mais les Dieux irrités ARZAC E. Quelle eft d'un tel état l'origine imprévuë? MITRAN E. L'effet en eft affreux: la cause eft inconnue. ARZACE. Et depuis quand les Dieux l'accablent-ils ainfi?? MITRAN E. Du temps qu'elle ordonna que vous vinffiez ici.. Moi ? ARZAC E. MITRANE Vous Ce fut, Seigneur, au milieu de ces fêtes, Quand Babylone en feu célébroit vos con- Lorfqu'on vit déployer ces drapeaux fufpendus, Ce thrône a vû flétrir fa Majefté fuprême, Dans des jours de triomphe, au sein du bonheur même. ARZACE. Azéma n'a point part à ce trouble odieux; Un feul de fes regards adouciroit les Dieux : Azéma d'un malheur ne peut être la caufe; Mais de tout, cependant, Sémiramis difpofe; Son cœur en ces horreurs n'est pas toujours plongé. MITRANE. De ces chagrins mortels fon efprit dégagé Souvent reprend fa force & fa fplendeur pre miere: J'y revois tous les traits de cette ame fi fiere, ARZACE. Pour les faibles humains quelles hautes leçons Que par tour le bonheur eft mêlé d'amertume! Qu'un trouble auffi cruel m'agite & me confume! Privé de ce mortel, dont les yeux éclairés Auroient conduit mes pas à la Cour égarés, Accufant le deftin qui m'a ravi mon pere, En proie aux paffions d'un âge téméraire, |