Dans le péril horrible où Rome étoit en proie Je vois avec horreur tout ce qu'il nous prépare EH bien! dans le Sénat trop prêt à se détruire; La vertu de Caton cherche encore à me nuire Dequoi m'accuse-t-il ? CATON. D'aimer Catilina, De l'avoir protégé, lorfqu'on le foupçonna; De ménager pour lui ceux qu'on pouvoit abat tre, De n'avoir que parlé lorfqu'il falloit combattre. CÉSAR. Un tel fang n'eft pas fait pour teindre mes lauriers; Je parle aux Citoyens, je combats les Guerriers CATON. Mais tous ces Conjurés, ce peuple de coupables, Que font-ils à tes yeux ? CÉSAR. Des mortels méprifables. A ma voix, à mes coups ils n'ont pû réfifter: Qui fe foumet à moi n'a rien à redouter. C'eft maintenant qu'on donne un combat véritable: Des Soldats de Sylla l'élite redoutable Eft fous un Chef habile, & qui fçait le venger. Voici le vrai moment où Rome eft en danger, Pétréjus eft bleffé, Catilina s'avance, Le Soldat fous ces murs eft à peine en défense, Les guerriers de Sylla font trembler les Romains: Qu'ordonnez-vous, Conful, & quels font vos deffeins? CICERON. Les voici,que le Ciel m'entende & les couronne; Vous avez mérité que Rome vous foupçonne, Je veux laver l'affront dont vous êtes chargé. Je veux qu'avec l'Etat votre honneur foit vengé: Au falut des Romains je vous crois néceffaire; Je vous connois ; je fçais ce que vous pouvez faire. Je fçais quels intérêts vous peuvent éblouir Céfar veut commander, mais il ne peut trahir; Vous êtes dangereux, vous êtes magnanime, In me plaignant de vous, je vous dois mon eftime; Partez, juftifiez l'honneur que je vous fais; Le monde entier fur vous a les yeux déformais Secondez Pétréjus, & délivrez l'Empire, Méritez que Caton vous aime & vous admire, Dans l'art des Scipions vous n'avez qu'un rival; Nous avons des guerriers ; il faut un Général; Vous l'êtes: c'eft fur vous que mon espoir se fon de; Céfar, entre vos mains je mets le fort du monde Cicéron à Céfar a dû fe confier: CATON. De fon ambition vous allumez les flammes. CICERON. Va, c'est ainfi qu'on traite avec les grandes a mes; Je l'enchaîne à l'Etat en me fiant à lui: Je réponds de Céfar, il eft l'appui de Rome, J'y vois plus d'un Sylla, mais j'y vois un grand homme. Au Chef des Litears qui entre. Eh bien! les Conjurés? LE CHE F. Seigneur, il font punis: Mais leur fang a produit de nouveaux ennemis. C'eft le feu de l'Etna qui couvoit sous la cendre; Un tremblement de plus va par tout le répandre, Et fi de Pétréjus le fuccès eft douteux, Ces murs font embrafés, vous tombez avec eux; Un nouvel Annibal nous affiége & nous preffe: D'autant plus redoutable en fa cruelle adreffe, Que jufqu'au fein de Rome & parmi les enfans En creulant vos tombeaux il a des partifans. On parle en fa faveur dans Rome qu'il ruine; Il l'attaque au dehors, au dedans il domine: Tout fon génie y régne & cent coupables voix S'élevent contre vous & condamnent vos loix. Les plaintes des ingrats & les clameurs des traî tres Reclament contre vous les droits de nos ancê tres; Redemandent le sang répandu par vos mains; On parle de punir le vangeur des Romains. CLODIU S. Vos égaux après tout que vous deviez entendre Parvous feul condamnés, n'ayant pu fedéfendre, Semblent autoriser... CICERON. Clodius, arrêtez; Renfermez votre envie & vos témérités. Ma puiffance abfolue eft de peu de durée; Mais tant qu'elle fubfifte elle fera facrée ; Vous aurez tout le temps de me perfécuter; Mais quand le péril dure il faut me respecter 309 Je connnais l'inconftance aux humains ordinai re; J'attens fans m'ébranler les retours du vulgaire. CATON. Permettez que dans Rome encor je me préfente; pect, Contienne encorCéfar qui m'eft toujours fufpect; Caton, votre préfence eft ici néceffaire; 000000000000000000000000 SCENE DERNIERE. LE SENAT, CESAR, CATON, CICERO N. CÉSAR. J'ai fervi, peut-être : & vous m'avez con nu. |