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Je ne vous ferai point d'inutiles reproches.
D'avoir pu balancer entre ce monftre & moi.
Vous, Sénateurs blanchis dans l'amour de la loi,
Nommez un Chef enfin pour n'avoir point de
maîtres;

Amis de la vertu, féparez-vous des traîtres :
Point d'efprit de parti, de fentimens jaloux,
C'est par-là qué Sylla regna jadis fur nous.
Je vole en tous les lieux où vos dangers m'ap
pellent,

Où de l'embrafement les flammes étincellent; Dieux, fecondez ma voix, mon courage & mon bras;

It fauvez les Romains, dûffent-ils être ingrats

Fin du quatrieme Att

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CICERON, LICTEURS: LENTULUS
& CETHEGUS enchaînés.

CICERON aux Soldats.

ALLEZ de tous côtés, pourfuivez ces pervers Et qu'en ce moment même on les charge de fers.

Sénat, tu m'as remis les rênes de l'Empire,
Je les tiens pour un jour, ce jour peut me fuffire
Je vengerai l'Etat, je vengerai la loi:
Sénat, tu feras libre & même malgré toi.
Rome, reçois ici tes premiers facrifices.
Vous, de Catilina déteftables complices,
Dont la rage en mon fein brûloit de s'affouvit
D'autant plus criminels que vous vouliez fervir,
Qu'étant nés dans le rang des maîtres de la ter

re,.

Vos odieuses mains dans cette infame guerre, Ne verfoient notre fang que pour mieux cimen

ter

Le trône où votre égal étoit prêt de monter; Traîtres, il n'eft plus temps de tromper ma juf

tice:

Licteurs, vengez les loix, qu'on les traîne av fupplice..

LENTULU S..

Va, le trépas n'eft rien; le recevoir de cois›

Voilà le feul affront qui rejaillit fur moi;
Mais tremble en le donnant, tremble de ren-

dre compte

Du fang Patricien que tu couvres de honte: Tu pourras payer cher l'orgueil de le verfer, Et c'eft ton propre arrêt que j'entens prononcer, CETHEGU S.

Tu crois notre entreprise à tes yeux découverte, Tu ne la connais pas : elle affure ta perte. Tant de braves Romains ouvertement armés Pour deux hommes de moins ne font point alar més.

Crois moi, de tels deffeins, des coups fi redou tables,

Dont le moindre eut fuffi pour perdre tes fem

blables,

Confervent quelque force & peuvent t'arrêter: Souverain d'un moment tu peux en profiter. Hâte-toi, Cicéron; Catilina nous venge: Notre fort va finir, mais déjà le tien change. CICERON.

Oui, traîtres, le deftin peut être encor douteux Mais fans en être inftruits, vous périrez tous

deux.

On les eniméne

00 000000 000

SCENE IL

CICERON, CATON, une partie des Sénateurs.

CATON aux Sénateurs.

CESSEZ de murmurer, remerciez un perex

à Cicéron.

Triomphe des ingrats; Rome ici te défére Les noms, les noms facrés, de pere & de ven

geur,

Et l'Envie à tes pieds t'admire avec terreur.

CICERON.

Romains, j'aime la gloire, & ne veux poing m'en taire;

Des travaux des humains c'est le digne falaires Sénat, en vous fervant, il la faut acheter; Qui n'ofe la vouloir, n'ose la mériter.

Si j'applique à vos maux une main falutaire, Ce que j'ai fait eft peu: voyons ce qu'il faut faire, Le fang couloit dans Rome: ennemis, citoyens, Gladiateurs, Soldats, Chevaliers, Plebeïens Etaloient à mes yeux la déplorable image

Et d'une Ville en cendre & d'un champ de carna

ge:

La flamme en s'élevant de cent toits dévorés Dans l'horreur du combat guidoit les Conjuréss Céthégus, Lentulus, avançoient à leur tête; Ma main les a faifis; leur jufte mort est prêtes

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Mais quand j'étouffe l'hydre, il renaît en cent lieux :

Il faut fendre par tout les flots des factieux.
Tantôt Catilina, tantôt Rome l'emporte ;
I marche au Quirinal, il s'avance à la portes
Et là fur des amas de mourans & de morts,
Ayant fait à mes yeux d'incroyables efforts,
Il fe fraye un paffage, il vole à fon armée:
J'ai peine à raffurer Rome entiere alarmée.
Antoine qui s'oppofe au fier Catilina,
Et tous ces vétérans aguerris fous Sylla,
Antoine que pourfuit notre mauvais génie,
Par un coup imprévu voit fa force affoiblie,
Et fon corps accablé déformais fans vigueur
Sert mal en ce moment les foins de fon grand

cœur :

Pétréjus étonné vainement le feconde.
Ainfi de tous côtés la maîtreffe du monde
Affiégée au dehors, embrasée au dedans,
Eft cent fois en un jour à fes derniers momens

Que fait Céfar?

CATON.

CICERON.

Il a dans ce jour mémorable Déployé, je l'avoue, un courage indomptable; Mais Rome exigeoit plus d'un cœur tel que la fien :

Il n'eft pas criminel, il n'eft pas Citoyen.
Je l'ai vu diffiper les plus hardis rebelles;
Mais bientôt ménageant des Romains infidéles,
Il s'efforçoit de plaire aux efprits égarés,
Aux peuples, aux Soldats, & même aux Conju
rést

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