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SCENE VI.

LE SÉNAT, AURÉLIE, CATILINA, LE CHEF des Licteurs.

SEIGN

LE CHE F.

EIGNEUR, on a faifi ce dépôt formidable!
CICERON.

Chez Nonnius?

LE CHE F.

Chez lui. Ceux qui font arrêtés

N'accufent que lui feul de tant d'iniquités.

AURÉLIE.

O comble de la rage & de la calomnie,
On lui donne la mort, on veut flétrir fa vie,
Le cruel dont la main porta fur lui les coups...

Achevez.

CICERON.

AURÉLIE.

Dieux vengeurs, où me réduisez-vous
CICERON.

Parlez: la vérité dans fon jour doit paraître.
Vous gardez le filence à l'aspect de ce traître:
Vous baiffez devant lui vos yeux intimidés;
Il frémit devant vous..... Achevez.... répondez,

AURÉLIE.

Ah! je vous ai trahis: c'est moi qui fuis coupa

ble...

CATILIN A.

Non, vous ne l'êtes point.

AURÉLIE.

Va, monftre impitoyable: Va, ta pitié m'outrage, elle me fait horreur, Dieux! j'ai trop tard connu ma détestable er

reur.

Sénat, j'ai vu le crime & j'ai vu les complices: Je demandois vengeance, il me faut des fupplices.

Ce jour menace Rome, & vous & l'univers. Ma foibleffe a tout fait, & c'eft moi qui vous perds.

Traître, qui m'as conduite à travers tant d'abyf

mes,

Tu forças ma tendreffe à fervir tous tes crimes.
Périffe, ainfi que moi, le jour, l'horrible jour
Dù ta rage a trompé mon innocent amour;
Ce jour où malgré moi fecondant ta furie,
Fidèle à tes fecrets, perfide à ma Patrie,..
Conduifant Nonnius à cet affreux trépas,
Et pour mieux l'égorger le pressant dans mes
bras,

J'ai préfenté fa tête à ta main meurtriere.
Murs facrés! Dieux vengeurs! Sénat ! manes
d'un pere!

Romains, voilà l'époux dont j'ai fuivi la loi Voilà votre ennemi. . . . Perfide, imite-moi (Elle Se frappe.)

CATILIN A.

Où fuis-je? malheureux !

ĆATON.

O jour épouvantable!

CICERON.

Jour trop digne en effet d'un fiécle fi coupable AURÉLIE.

Je devois... un billet remis entre vos mains, Conful... de tous côtés, je vois vos affaffins Je me meurs. . .

CICERON.

S'il fe peut, qu'on la fecoure. Aufide, Qu'on cherche cet écrit. En eft-ce affez, perfide? Sénateurs, vous tremblez vous ne vous joignez pas

Pour venger tant de fang, & tant d'affaffinats! Il vous impofe encor. Vous laiffez impunie La mort de Nonnius, & celle d'Aurélie !

CATILINA.

Va: toi-même as tout fait, c'est ton inimitié
Qui me rend dans ma rage un objet de pitié ;
Toi dont l'ambition, de la mienne rivale,
Dont la fortune heureuse à mes deftins fatale
M'entraîna dans l'abyfme où tu me vois plongé:
Tu caufas mes fureurs: mes fureurs t'ont vengé;
J'ai haï ton génie, & Rome qui t'adore,;
J'ai voulu tà ruine, & je la veux encore:
Je vengerai fur toi tout ce que j'ai perdu

Ton fang payra ce fang à tes yeux répandu; Meurs en craignant la mort : meurs de la mort d'un traître,

D'un efclave échappé que fait punir fon maître. Que tes membres fanglans dans la tribune épars Des inconftans Romains repaiffent les regards. Voilà ce qu'en partant ma douleur & ma rage Dans ces lieux abhorrés te laissent pour préfage; C'eft le fort qui t'attend, & qui va s'accomplir; C'est l'espoir qui me refte & je cours le remplir. CICERON.

Qu'en faififfe ce traître ?

CETHEGU S.

En as-tu la puiffance

LENTULUS.

Ofes-tu prononcer quand le Sénat balance

CICERON.

Eh bien, choififfez donc, vainqueurs de l'uni

vers,

De commander au monde ou de porter des fers O grandeur des Romains! ô majefté flétrie! Sur le bord du tombeau réveille-toi, Patrie Lucullus, Muréna, Céfar même, écoutez. Rome demande un Chef en ces calamités: Gardons l'égalité pour des temps plus tranquil

les;

Les Gaulois font dans Rome, il vous faut des Camilles,

Il faut un Dictateur, un vengeur, un appui: Qu'on nomme le plus digne, & je marche fous

lui.

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SCENE VII.

LE SÉNAT, LE CHEF des Licteursi
LE CHEF.

SEIGNEUR, en fecourant la mourante Aurélie
Que nos foins vainement rappelloient à la vie,
J'ai trouvé ce billet par fon pere tracé.

CICERON lit.

Quoi! d'un danger plus grand l'Etat eft menacé! Céfar qui nous trahit veut furprendre Prénefte: Vous Celar, vous trempiez dans ce complot funefte?

Lifez,mettez le comble à des malheurs fi grands: Parlez, êtes-vous fait pour fervir des tyrans?

CÉSAR.

J'ai lu je fuis Romain, notre perte's' : s'annonce Le danger croît, j'y vole, & voilà ma réponse.

CATON.

Sa réponse eft douteufe: il eft trop leur appui CICERON.

Défendons-nous contr'eux, & jugeons mieux de

lui.

Vous, fi les derniers cris d'Aurélie expirante, Ceux du monde ébranlé, ceux de Rome fan

glante,

Ont réveillé dans vous l'efprit de vos Aïeux, Courez au Capitole & défendez vos Dieux. Du fier Catilina foutenez les approches,

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