Parmi des ennemis qu'il faut que je confonde. J'ai vu la liberté dans les cœurs expirante, Il vous parle pour elle, & moi je l'ai vengée ; L'efprit qui gouvernoit ce grand corps fiterrible, Ce corps de Conjurés qui des monts Apennins S'étend jufqu'où finit le pouvoir des Romains. Les momens étoient chers, & les périls extrê→ mes: Je l'ai fçu, j'ai fauvé l'Etat, Rome, & vous mê mes. 'Ainfi par un Soldat fut puni Spurius; CICERON, Moi, perfide; Moi, qu'un Catilina se vante de fauver; ver. Que ces deux Affranchis viennent fe faire entendre. Sénat, voici la main qui mettoit tout en cendre; Vous fouffrez qu'il vous trompe, alors qu'il yous opprime; Qu'il faffe infolemment des vertus de fon crime! CATILINA. Et vous fouffrez, Romains, que mon accufa teur Des meilleurs Citoyens foit le perfécuteur! Nonnius enfermoit l'amas prodigieux De machines, de traits, de lances & d'épées, Que dans des flots de fang Rome doit voir trempées. Si Rome exifte encor, Amis, fi vous vivez, C'est moi, c'est mon audace, à qui vous le de vez; Pour prix de ce bienfait, approuvez mes alar mes: Sénateurs, ordonnez qu'on faififfe ces armes. CICERON aux Liceurs. Courrez chez Nonnius, allez, & qu'à nos yeux On améne fa fille en ces auguftes lieux. Tu trembles à ce nom. CATILINA. Moi trembler? je méprife Cette reffource indigne où ta haine s'épuife. Sénat, le péril preffe & vous délibérez ! Parlez, fur ma conduite êtes-vous éclairés ? CICERON. Oui, je le fuis, Romains, je le fuis fur fon crime. Qui de vous peut penser, qu'un vieillard magna pime " Ait formé de fi loin ce redoutable amas, Fermerez-vous les yeux aux bords des précipi→ ces? Si vous ne vous vengez, vous êtes fes complices, CÉSAR. Il nous faut une preuve : on n'a que des alarmes, Tu me connois, en tout je tiendrai ma parole, O Rome! ô ma Patrie! ô Dieux du Capitole ! Céfar, vous m'entendez : & Rome trop à plain- N'aura donc déformais que les enfans à crain dre! CLODIUS. Rome eft en fureté: Céfar eft citoyen; Clodius, achevez: que votre main feconde Et lorfque je m'oppose à tant d'énormités, né? Le devoir le plus faint, la loi la plus chérie, 000000000 000000000000000 SCENE V. LE SÉNAT, AURÉLIE, CATILINA, AURÉLI E. Vous facrés vengeurs, Demi-Dieux fur la terre & mes feuls Protec teurs ! Conful, augufte appui, qu'implore l'innocence Mon pere par ma voix vous demande vengeance: J'ai retiré ce fer enfoncé dans fon flanc, Mes pleurs mouillent vos pieds arrofés de fon fang; Secourez-moi, vengez ce fang qui fume encore, Sur l'infame affaffin que ma douleur ignore. CICERON montrant Catilina L'ai-je bien entendu ? Quoi! monftre fangui naire, Quoi! c'est toi c'est ta main qui maffacra mon pere? CATILINA. 'Aurélie .... il est vrai qu'un horrible devoir M'a forcé... relpectez mon cœur, mon défelpoir: Songez qu'un nœud plus faint & plus inviolable.... |