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CATILINA.

Et c'est donc là ce cœur qui me fut fi foumis! Ainfi vous vous rangez parmi mes ennemis; Ainfi dans la plus jufte & la plus noble guerre Qui jamais décida du deftin de la terre, Quand je brave un Conful, & Pompée & Caton, Mes plus grands ennemis feront dans ma maifon!

Les préjugés Romains de votre faible pere, Arment contre moi-même une épouse fi chere, Et vous mêlez enfin la menace à l'effroi!

AURÉLI E.

Je menace le crime & je tremble pour toi : Dans mes emportemens, vois encor ma ten dreffe,

Frémis d'en abufer, c'eft ma feule faibleffe; Crains..

CATILINA..

Cet indigne mot n'eft pas fait pour mon cœur, Ne me parlez jamais de paix ni de terreur. C'eft affez m'offenfer : écoutez; je vous aime, Mais ne préfumez pas que m'oubliant moi-même J'immole à mon amour ces amis généreux,

Mon parti, mes deffeins, & l'Empire avec eux. Vous n'avez pas ofé regarder la couronne: Jugez de mon amour puisque je vous la donne Mais fçachez...

AURÉLIE.

La couronne, où tendent tes deffeins, Cet objet du mépris du refte des Romains Va, je l'arracherois fur mon front affermie, Comme un figne infultant d'horreur & d'infa

Quoi ! tu m'aimes affez pour ne te point venger!
Pour ne me punir pas de t'ofer outrager!
Pour ne pas ajouter ta femme à tes victimes!
Et moi je t'aime affez pour arrêter tes crimes,
Et je cours de ce pas....

000000000000000000000000 SCENE III.

CATILINA, AURÉLIE, LENTULUS,
CÉTHÉGUS.

LENTULUS.

TOUT

Out est děsespéré?

CATILINA.

Que nous dis-tu ?

Lui!

LENTULUS.

Son pere en nos murs eft entrés

AURÉLI E..

CATILINA,

Prénefte en mes mains ne feroit pas remife! Prénefte eft en défense; il fçait notre entreprise Un de nos confidens dans Préneste arrêté A fubi les tourmens & n'a pas résisté. Nonnius a tour fçu: rien ne peut nous défendre Nonnius au Sénat vient accufer fon gendre, Il va chez Cicéron qui n'eft que trop inftruit. AURÉLI E.

Eh bien! de tes forfaits tu vois quel eft le fruit,

Voilà ces grands deffeins où j'aurois dû souscrire Ces deftins de Sylla, ce trône, cet empire! Eft-tu défabufé? tes yeux font-ils ouverts?

CATILINA.

Je ne m'attendois pas à ce nouveau revers | Mais me trahiffez-vous ?

AURÉLI E.

Je le devrois peut-être, Je devrois fervir Rome en la vengeant d'un traf

tre;

Mes Dieux m'en avoueroient : je ferai plus, je

veux

Te rendre à la Patrie, & vous fauver tous deux.
Ce cœur n'a pas toujours la faibleffe en partage,
Jen'ai point tes fureurs, mais j'aurai ton courage:
L'amour en donne au moins; j'ai prévû le
danger:

Ce danger eft venu: je vais le partager;
Je vais trouver mon pere; il faudra que j'obtien

ne

Qu'il m'arrache la vie, ou qu'il fauve la tienne;
Il m'aime, il eft facile: il craindra devant moi
D'armer le défespoir d'un gendre tel que toi.
J'irai parler de paix à Cicéron lui-même:
Ce Conful qui te craint, ce Sénat où l'on t'aime,
Où Céfar te foutient, où ton nom eft puiffant,
Se tiendront fort heureux de te croire innocent:
On pardonne aifément à ceux qui font à crain¬
dre.

Repens-toi feulement, mais repens-toi fant feindre';

Il n'eft que ce parti quand on eft découvert Il bleffe ta fierté, mais tout autre te perd: Etje te donne au moins, quoiqu'on puiffe en treprendre >

Le temps de quitter Romé, ou d'ofer t'y défendre.

Plus de reproche ici furtes complots pervers: Coupable je t'aimois, malheureux je te lers. Je mourrai pour fauver & res jours & ta gloire. Adieu, Catilina dût apprendre à me croire: Je l'avois mérité.

CATILINA.

Que faire,& quel danger? Arrêtez, le fort change, il me force à changer Je me rends... Je vous céde, il faut vous fatis

faire :

Mais fongez qu'un époux eft pour vous plus qu'un

pere,

Et que dans le péril dont nous fommes preffés Si je prends un parti, c'est vous qui m'y forcez.

AURÉLIE.

Je me charge de tout, fut-ce encor de ta haine. Je reifers, c'eft affez: fille, époufe, Romaine, Voilà tous mes devoirs : je les fuis; & le tien Eft d'égaler un cœur auffi pur que le mien.

SCENE IV.

CATILINA, CETHEGUS, LENTULUS, AFFRANCHIS.

CETHEGUS.

NON, tu ne peux changer ton génie invincible:

Animé par l'obftacle il fera plus terrible. Sans reffource à Prénefte, accusés au Senar

Nous pourrions être encor les maîtres de l'Etat;. Nous le ferons trembler même dans les fuppli

ces:

Nous avons trop d'amis, trop d'illuftres complices,

Un parti trop puiffant pour ne pas éclater.

LENTULUS.

Mais avant le fignal on nous peut arrêter : C'eft lorfque dans la nuit le Sénat se sépare Que le parti s'affemble, & que tout fe déclare Que faire ?

CETHEGU S.

Tu te tais, & tu frémis d'effroi !

CATILINA.

Oui, je frémis du coup que mon fort veut de moi

LENTULUS.

J'attends peu d'Aurélie, & dans ce jour funefte Vendre cher notre vie est tout ce qui nous refte.

CATILIN A...

Je compte les momens & j'observe les lieux, Aurélie en flattant ce Vieillard odieux,

En le baignant de pleurs, en lui demandant gra

ce,

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Sufpendra pour un temps fa courfe & fa menace;
Cicéron que j'alarme eft ailleurs arrêté;
C'en eft affez, amis, tout eft en fureté.
Qu'on tranfporte foudain les armes nécessaires
Armez tout, Affranchis, Efclaves & Sicaires.-
Débarraffez l'amas de ces lieux fouterrains,
Et qu'il en refte encor affez pour mes deffein

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