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A nos grands intérêts accoutumez fa vûë;
Que de ces lieux, fur tout, on écarte fes pas:
Je crains de fon amour les funeftes éclats.
Ce terrible moment n'eft point fait pour les
larmes,

Et fur tout fa vertu fait naître mes allarmes.
Allez, je vous attends. Céfar vient; laiffez-moi
De ce génie altier tenter encor la foi.
ooooooooo000000000000000
SCENE III.

CATILINA, CÉSAR,

CATILINA.

EHbien, Céfar, eh bien ? toi de qui la fortune

Dès le temps de Sylla me fut toujours commune,
Toi, dont j'ai préfagé les éclatans deftins,
Toi, né pour être un jour le premier des Ro-

mains,

N'es-tu donc aujourd'hui que le premier esclave,
Du fameux Plebéien qui t'irrite & te brave?
Tu le hais, je le fçais, & ton œil pénétrant,
Voit pour s'en affranchir ce que Rome entre-
prend,

Et tu balancerois? & ton ardent courage,
Craindroit de nous aider à fortir d'efclavage?
Des deftins de la Terre il s'agit aujourd'hui,
Et Céfar fouffriroit qu'on les changeât fans lui?
Quoi! n'es-tu plus jaloux du nom du grand
Pompée ?

Ta haine pour Caton s'eft-elle diffipée ?
N'es tu pas indigné de fervir les Autels,
Quand Cicéron préfide au deftin des mortels?
Quand l'obfcur habitant des rives du Fibrene

Siége au-deffus de toi fur la pourpre Romaine?
Serviras-tu long temps fous ces Rois faftueux ?
Cet heureux Lucullus, brigand voluptueux,
Fatigué de fa gloire, enyvré de molleffe:
Un Craffus étonné de fa propre richeffe,
Dont l'opulence avide, ofant nous infulter
Afferviroit l'Etat s'il daignoit l'acheter!
Ah! de quelque côté que tu jertes la vuë,
Vois Rome turbulente, ou Rome corrompuë.
Vois ces lâches vainqueurs en proie aux fac-
tions,

Difputer, dévorer le fang des Nations,

Le Monde entier t'appelle, & tu reftes paifible! Veux-tu laiffer languir ce courage invincible? De Rome qui te parle as-tu quelque pitié? Céfar eft-il fidèle à ma tendre amitié?

CÉSAR.

Qui: fi dans le Sénat on te fait injustice, Céfar te défendra; compte fur mon fervice; Je ne peux te trahir: n'exige rien de plus.

CATILIN A,

Et tu bornerois là tes veux irréfolus!
C'est à parler pour moi que tu peux te réduire?
CÉSAR.

J'ai péfé tes projets; je ne veux pas leur nuire
Je peux leur applaudir, mais n'y veux pas en-

trer.

CATILINA.

J'entends, pour les heureux tu veux te déclarer, Des premiers mouvemens fpectateur immobile, Tu veux ravir les fruits de la guerre civile; Sur nos communs débris établir ta grandeur

CÉSAR.

Non: je veux des dangers plus dignes de mon

cœur.

Ma haine pour Caton, ma fière jaloufie
Des lauriers dont Pompée eft couvert en Afie,
Le crédit, les honneurs, l'état de Cicéron,
Ne m'ont déterminé qu'à furpaffer leur nom.
Sur les rives du Rhin, de la Seine & du Tage
La victoire m'appelle & voilà mon partage.

CATILIN A.

Commence donc par Rome, & fonge que de

main

J'y pourrois avec toi marcher en fouverain.

CÉSAR.

Ton projet eft bien grand, peut-être téméraire; Il eft digne de toi: mais, pour ne te rien taire, Plus il doit t'aggrandir, moins il est fait pour moi.

Comment?

CATILINA.

CÉSAR.

Je ne veux pas feryir ici sous toi.
CATILINA.

Ah! crois qu'avec Céfar on partage fans peine

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On ne partage point la grandeur fouveraine. Va, ne te fatte pas que jamais à fon char L'heureux Catilina puiffe attacher César.

Tu m'as vu ton ami, je le fuis, je veux l'être;
Mais jamais mon ami ne deviendra mon maître.
Pompée en feroit digne, & s'il l'ofe tenter,
Ce bras levé fur lui l'attend pour l'arrêter.
Sylla dont tu reçus la valeur en partage,
Dont j'eftime l'audace, & dont je hais la rage,
Sylla nous a réduits à la captivité;

Mais s'il ravit l'Empire, il l'avoit mérité.
Il foumit l'Hélefpont, il fit trembler l'Euphrate,
Il fubjugua l'Afie, il vainquit Mytridate.
Qu'as-tu fait ? quels Etats, quels fleuves, quelles

mers,

Quels Rois par toi vaincus ont adoré nos fers? Quels triomphes encore ont fignalé ta vie? Pour ofer dompter Rome il faut l'avoir fervie. J'ignore mon destin ; mais fi j'étois un jour Forcé par les Romains de régner à mon tour Avant que d'obtenir une telle victoire, J'aurai par mes exploits mis le comble à leur gloire:

Je ferai digne d'eux, & je veux que leurs fers D'eux-mêmes refpectés de lauriers foient cou

verts.

CATILINA.

Le moyen que je t'offre eft plus ailé peut-être.
Qu'étoit donc ce Sylla qui s'est fait notre maître?
Il avoit une Armée & j'en forme aujourd'hui;
Il m'a fallu créer ce qui s'offroit à lui;
Il profita des temps, & moi je les fais naître.
Je ne dis plus qu'un mot: il fut Roi, je veux
l'être;

Veux-tu de Cicéron fubir ici la loi,

Vivre fon courtisan ou régner avec moi?

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CÉSAR.

Je ne veux l'un ni l'autre : il n'est pas temps de feindre,

J'estime Cicéron, fans l'aimer ni le craindre ;
Je t'aime, je l'avoue, & je ne te crains pas.
Divife le Sénat, abaiffe des ingrats,

Tu le peux, j'y confens; mais fi ton ame aspire
Jufqu'à m'ofer foumettre à ton nouvel empire,
Ce cœur fera fidèle à tes fecrets deffeins,
Et ce bras combattra l'ennemi des Romains.

000000000000000000000000 SCENE IV.

CATILINA.

AH! qu'il ferve, s'il l'ofe, au deffein qui m'a

nime,

Et s'il n'en eft l'appui qu'il en foit la victime.
Sylla vouloit le perdre, il le connoissait bien;
Son génie en fecret eft l'ennemi du mien.
Je ferai ce qu'enfin Sylla craignit de faire.

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Sa ftérile amitié nous offre un faible appui.

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