Quand il fçut que fa fille avoit conçu pour moi a nage. De nos vaftes fuccès mon hymen eft le gage. Plus que nos Conjurés mon amour m'a fervi. C'eft à l'afpect des Dieux d'un indigne ennemi, Sous les murs du Sénat, fous fa voute facrée, Que de tous nos tyrans la mort est préparée. (Aux Conjurés qui font au fond du Théatre.) Vous, courez dans Preneste, où nos amis se crets Ont du nom de Céfar voilé leurs intérêts: Raffemblez en fecret vos braves vétérans. Toi, conduis d'un coup d'oeil tous ces grands mouvemens. SCENE Cher époux, effuyez les larmes d'Aurélie. breux. Ces Soldats que je vois, redoublent mes allarmes : On porte en mon palais des flambeaux & des armes.. Qui peut nous menacer ? les jours de Marius Au nom de tant d'amour, & par ces nœuds Qui joignent nos deftins, nos cœurs, nos intérêts, CATILINA. L'honneur, mon état, la fortune, Ma sûreté, la vôtre, & la caufe commune, Exigent ces apprêts qui caufent votre effroi, Tom. IV. 1 Si vous daignez m'aimer, fi vous êtes à moi, Je le fouhaite au moins ; mais me tromperiezvous ? Peut-on cacher fon coeur aux cœurs qui font à nous ? En vous juftifiant vous redoublez ma crainte: Dans vos yeux égarés trop d'horreur est empreinte. Ciel que fera mon pere, alors que dans ces lieux Ces horribles apprêts viendront frapper fes yeux ? Souvent les noms de fille, & de pere, & de gendre, Lorfque Rome a parlé, n'ont pu se faire enrendre. Notre hymen lui déplaît, vous le fçavez affez, Peut-être Nonnius va vous perdre aujourd'hui, CATILIN A. Non, il ne viendra point ; ne craignez rien dẹ lui, Comment ? AURÉLIE. CATILINA. Aux murs de Rome il ne pourra fe rendre, Que pour y respecter & fa fille & fon gendre. Je ne peux m'expliquer; mais fouvenez-vous bien Qu'en tout, fon intérêt s'accorde avec le mien. Une fource éternelle & d'honneur & de gloire. AURÉLI E. La gloire eft bien douteuse, & le péril certain. Que voulez-vous? pourquoi forcer votre deftin? Ne vous fuffit-il pas dans la paix, dans la guerre D'être un des Souverains fous qui tremble da Terre? Pour tomber de plus haut, où voulez-vous monter? De noirs preffentimens viennent m'épouvanter, J'ai trop chéri le joug où je me fuis foumife: Voilà donc cette paix que je m'étois promise, Ce repos de l'amour que mon cœur a cherché! Les Dieux m'en ont puni & me l'ont arraché. Dès qu'un léger fommeil vient fermer mes pau pieres, Je vois Rome embrafée, & des mains meur trieres, Des fuplices, des morts, des fleuves teints de fang, De mon pere au Sénat je vois percer le flanc; Vous même environné d'une troupe en furie, Sur des monceaux de morts exhalant votre vie ; Des torrens de mon fang répandus par vos coups, Et votre époufe enfin mourante auprès de vous. Je vous retrouve, hélas ! & vous me replongez CATILINA. Allez, Catilina ne craint point les augures; mures, Quand je fers & l'Etat, & vous, & mes amis. Ah! cruel, eft-ce ainfi que l'on fert fon pays? CATILIN A. Cicéron refpecté ! lui? mon lâche rival? |