Obrazy na stronie
PDF
ePub

Quand il fçut que fa fille avoit conçu pour moi
Le tendre fentiment qui la tient fous ma loi,
Quand fa douleur injufte & fa colere vaine
Eurent tenté fans fruit de brifer notre chaine;
A cet hymen enfin, quand il a confenti,
Sa faibleffe a tremblé d'offenser son parti.
Il a craint Cicéron; mais mon heureuse adreffe
Avance mes deffeins par sa propre faiblesse.
J'ai moi-même exigé par un ferment facré
Que ce noeud clandeftin fût encore ignoré.
Toi feul, & Lentulus êtes dépofitaires.
De ce fecret utile à nos fanglans miftéres.
Le Palais d'Aurelie au Temple nous conduit;
C'est là qu'en fureté j'ai moi-même introduit
Les armes, les flambeaux, l'appareil du car-

a

nage.

De nos vaftes fuccès mon hymen eft le gage. Plus que nos Conjurés mon amour m'a fervi. C'eft à l'afpect des Dieux d'un indigne ennemi, Sous les murs du Sénat, fous fa voute facrée, Que de tous nos tyrans la mort est préparée. (Aux Conjurés qui font au fond du Théatre.)

Vous, courez dans Preneste, où nos amis se

crets

Ont du nom de Céfar voilé leurs intérêts:
Que Nonnius furpris ne puiffe le défendre.
Vous, près du Capitole, allez foudain vous
rendre :

Raffemblez en fecret vos braves vétérans.
(A Céthégus.)

Toi, conduis d'un coup d'oeil tous ces grands

mouvemens.

SCENE

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

Cher époux, effuyez les larmes d'Aurélie.
Quel trouble, juste Ciel! & quel réveil affreux!
Je vous fuis en tremblant fous ces murs téné-

breux.

Ces Soldats que je vois, redoublent mes allarmes :

On porte en mon palais des flambeaux & des

armes..

[ocr errors]

Qui peut nous menacer ? les jours de Marius
De Carbon, de Sylla, font-ils donc revenus?
De ce front fi terrible éclairciffez les ombres.
Vous détournez de moi des yeux triftes & fom-
bres.

Au nom de tant d'amour, & par ces nœuds
fecrets,

Qui joignent nos deftins, nos cœurs, nos intérêts,
Au nom de notre fils, dont l'enfance eft fi chere...
Je ne vous parle point des dangers de fa mere ;
Et je ne vois, hélas! que ceux que vous courez.
Ayez pitié du trouble où mes fens font livrés.
Expliquez-vous.

CATILINA.

L'honneur, mon état, la fortune, Ma sûreté, la vôtre, & la caufe commune, Exigent ces apprêts qui caufent votre effroi, Tom. IV.

1

[ocr errors]

Si vous daignez m'aimer, fi vous êtes à moi,
Sur ce qu'ont vu vos yeux observez le filence.
Des meilleurs citoyens j'embraffe la défense,
Vous voyez le Sénat le Peuple divifés,
Cette foule de Rois l'un à l'autre oppofés :
L'Italie eft en flamme, & dans ces conjonctures
Je prends un parti fage, & de juftes mesures.'
AURÉLIE.

Je le fouhaite au moins ; mais me tromperiezvous ?

Peut-on cacher fon coeur aux cœurs qui font à nous ?

En vous juftifiant vous redoublez ma crainte: Dans vos yeux égarés trop d'horreur est empreinte.

Ciel que fera mon pere, alors que dans ces lieux

Ces horribles apprêts viendront frapper fes yeux ?

Souvent les noms de fille, & de pere, & de

gendre,

Lorfque Rome a parlé, n'ont pu se faire enrendre.

Notre hymen lui déplaît, vous le fçavez affez,
Mon bonheur eft un crime à fes yeux offenfés.
On dit que Nonnius eft mandé de Prénefte,
Quels effets il verra de cet hymen funefte!
Cher époux, quel usage affreux, infortuné
Du pouvoir que fur moi l'amour vous a donné!
Vous avez un parti; mais Cicéron, mon pere,
Caton, Rome, les Dieux, font du parti cens
traire.

[ocr errors]

Peut-être Nonnius va vous perdre aujourd'hui,

CATILIN A.

Non, il ne viendra point ; ne craignez rien dẹ

lui,

Comment ?

AURÉLIE.

CATILINA.

Aux murs de Rome il ne pourra fe rendre, Que pour y respecter & fa fille & fon gendre. Je ne peux m'expliquer; mais fouvenez-vous bien

Qu'en tout, fon intérêt s'accorde avec le mien.
Croyez, quand il verra qu'avec lui je partage
De mes juftes projets le premier avantage,
Qu'il fera trop heureux d'abjurer devant moi
Les fuperbes tyrans dont il reçut la loi.
Je vous ouvre à tous deux, & vous devez m'en
croire,

Une fource éternelle & d'honneur & de gloire.

AURÉLI E.

La gloire eft bien douteuse, & le péril certain. Que voulez-vous? pourquoi forcer votre deftin? Ne vous fuffit-il pas dans la paix, dans la guerre

D'être un des Souverains fous qui tremble da Terre?

Pour tomber de plus haut, où voulez-vous monter?

De noirs preffentimens viennent m'épouvanter, J'ai trop chéri le joug où je me fuis foumife: Voilà donc cette paix que je m'étois promise, Ce repos de l'amour que mon cœur a cherché! Les Dieux m'en ont puni & me l'ont arraché. Dès qu'un léger fommeil vient fermer mes pau pieres,

Je vois Rome embrafée, & des mains meur trieres,

Des fuplices, des morts, des fleuves teints de

fang,

[ocr errors]

De mon pere au Sénat je vois percer le flanc; Vous même environné d'une troupe en furie, Sur des monceaux de morts exhalant votre vie ; Des torrens de mon fang répandus par vos

coups,

Et votre époufe enfin mourante auprès de vous.
Je me leve, je fuis ces images funébres,
Je cours, je vous demande au milieu des téné-
bres,

Je vous retrouve, hélas ! & vous me replongez
Dans l'abyfme des maux qui me font préfagés.

CATILINA.

Allez, Catilina ne craint point les augures;
Et je veux du carnage, & non point des mur-

mures,

Quand je fers & l'Etat, & vous, & mes amis.
AURÉLI E.

Ah! cruel, eft-ce ainfi que l'on fert fon pays?
J'ignore à quels deffeins ta fureur s'eft portée :
S'ils étoient généreux tu m'aurois consultée ;
Nos communs intérêts sembloient te l'ordonner;
Si tu feins avec moi! je dois te foupçonner:
Tu te perdras. Déjà ta conduite eft fufpecte
A ce Conful févére & que Rome respecte.

CATILIN A.

Cicéron refpecté ! lui? mon lâche rival?

« PoprzedniaDalej »