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IPHISE.

J'efpere; mais je crains:
Egifte a des avis; mais ils font incertains;
Il s'égare, il ne fçait dans fon trouble funefte,
S'il tient entre fes mains le malheureux Orefte;
Il n'a que des foupçons qu'il n'a point éclaircis;
Et Clitemneftre au moins n'a point nommé fon
fils:

Elle le voit, l'entend; ce moment la rappelle
Aux premiers fentimens d'une ame maternelle;
Ce fang prêt à couler parle à fes fens furpris,
Epouvantés d'horreur, & d'amour attendris.
J'observois fur fon front tout l'effort d'une mere
Qui tremble de parler & qui craint de fe taire;
Elle défend les jours de ces infortunés,
Destinés au trépas, fitôt que foupçonnés,
Aux fureurs d'un époux à peine elle réfifte;
Elle retient le bras de l'implacable Egiste.
Croyez-moi, fi fon fils avoit été nommé :
Le crime, le malheur eût été consommé ;
Orefte n'étoit plus.

ELECTRE.

O comble de mifere! Je le trahis peut-être en implorant ma mere, Son trouble irritera ce monftre furieux. La nature en tout temps eft funefte en ces lieux; Je crains également fa voix & fon filence; Mais le péril croiffoit ; j'étois fans espérance, Que fait Pammène ?

IPHISE.

Ila, dans nos dangers preffans,

Ranimé la lenteur de fes débiles ans;

L'infortune lui donne une force nouvelle,
Il parle à nos amis, il excite leur zéle ;
Ceux même dont Egifte eft toujours entouré,
A ce grand nom d'Orefte ont déjà murmuré.
J'ai vu de vieux foldats qui fervoient fous le
pere,

S'attendrir fur le fils, & frémir de colère ;
Tant au cœur des humains la juftice & les loix,
Même aux plus endurcis font entendre leur
voix!

ÉLECTRE.

Grands Dieux! fi j'avois pû dans ces ames tremblantes

Enflammer leurs vertus à peine renaiffantes, Jetter dans leurs efprits trop faiblement tou

chés,

Tous ces emportemens qu'on m'a tant reprochés!

Si mon frere abordé fur cette terre impie,
M'eût confié plutôt le fecret de fa vie,
Si du moins jufqu'au bout Pammène avoit ten-
té!...

ooooooooo.........000000

SCENE III.

EGISTE, CLITEMNESTRE.
ELECTRE, IPHISE,

GARDES.

ÉGISTE.

QU'ON faififfe Pammène, & qu'il foit con

fronté

Avec ces étrangers deftinés au fupplice,

Il eft leur confident, leur ami, leur complice. Dans quel piége effroyable ils alloient me jetter! L'un des deux eft Orefte, en pouvez-vous douter?

A Clitemnestre.

Ceffez de vous tromper, ceffez de le défendre. Je vois tout, & trop bien. Cette urne

cendre,

, cette

C'est celle de mon fils; un pere gémisfant
Tient de fon affaffin cet horrible préfent.

CLITEM NESTRE.

Croyez-vous?...

ÉGISTE

Oui, j'en crois cette haine jurée

Entre tous les enfans de Thiefte & d'Atrée; J'en crois les temps, les lieux marqués par cette

mort,

Et ma foif de vénger fon déplorable fort,
Et les fureurs d'Electre, & les larmes d'Iphife,
Et l'indigne pitié dont votre ame est surprise.
Orefte vit encore, & j'ai perdu mon fils!
Le déteftable Orefte en mes mains eft remis;
Et quel qu'il foit des deux, jufte dans ma co-

lere,

Je l'immole à mon fils, je l'immole à fa mere.

a

CLITEMNESTRE.

Eh bien, ce facrifice eft horrible à mes yeux.

A vous ?

Tom. IV,

ÉGISTE.

CLITEMNESTRE.

Affez de fang a coulé dans ces lieux; Je prétends mettre un terme au cours des homicides,

'A la fatalité du fang des Pélopides.

Simon fils après tout, n'eft pas entre vos mains, Pourquoi verfer du fang fur des bruits incer

tains?

Pourquoi vouloir fans fruit la mort de l'inno

cence?

e;

Seigneur, fi c'eft mon fils, j'embraffe fa défense Dui, j'obtiendrai fa grace, en dûssai-je périr. ÉGISTE.

Je dois la refuser afin de vous fervir. Redoutez la pitié qu'en votre ame on excite. Tout ce qui vous fléchit me révolte & m'irrite; L'un des deux eft Orefte, & tous deux vont périr.

Je ne peux balancer, je n'ai point à choifir; A moi, foldats.

IPHISE.

Seigneur, quoi! fa famille entiere

Perdra-t-elle à vos pieds fes cris & fa priere? Elle fe jette à fes pieds.

'Avec moi, chere Electre, embraffez fes genoux Votre audace vous perd.

ÉLECTRE,

Où me réduifez-vous?

Quel affront pour Orefte, & quel excès de hon

te!

Elle me fait horreur.... eh bien, je la furmonte. Eh bien, j'ai donc connu la baffeffe & l'effroi ! Je fais ce que jamais je n'aurois fait pour moi.

A Egifte, fans fe mettre à genoux.

Cruel, fi ton courroux peut épargner mon frere, Je ne peux oublier le meurtre de mon pere, Mais je pourrois du moins, muette à ton afpect, Me forcer au filence & peut-être au respect. Que je demeure esclave, & que mon frere vive. ÉGISTE.

Je vais frapper ton frere, & tu vivras captive, Ma vengeance eft entiere. Au bord de fon cercueil,

Je te vois fans effet abaiffer ton orgueil.

CLITEMNESTRE.

Egifte, c'en eft trop, c'est trop braver peut

être,

Et la veuve & le fang du Roi qui fut ton maître ;
Je défendrai mon fils, & malgré tes fureurs
Tu trouveras fa mere encor plus que fes fœurs.
Que veux-tu ? ta grandeur que rien ne peut dé-
truire,

Orefte en ta puiffance, & qui ne peut te nuire,
Electre enfin foumife, & prête à te fervir,
Iphife à tes genoux: rien ne peut te fléchir!
Va, de tes cruautés je fus affez complice,
Je t'ai fait en ces lieux un trop grand facrifice;
Faut-il pour t'affermir dans ce funefte rang,
T'abandonner encor le plus pur de mon fang?
N'aurai-je donc jamais qu'un époux parricide!
L'un maffacre ma fille aux campagnes d'Aulide,
L'autre m'arrache un fils, & l'égorge à mes
yeux,

Kij

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