ORESTE. Ah! loin de le trahir.... où me fuis-je engagés ELECTR E. Sitôt que je vous vois tout mon cœur est chan gé. Quoi! c'est vous qui tantôt me rempliffiez d'allarmes! ORESTE. C'est moi qui de mon fang voudrais payer vos larmes. ÉLECTRE. Le nom d'Agamemnon vient de vous échapper. Jufte Ciel! à ce point ai-je pû me tromper? Ah! ne me trompez plus; parlez: il faut m'ap prendre L'excès du crime affreux que j'allois entrepren dre. Par pitié répondez, éclairez-moi; parlez. ORESTE. O fœur du tendre Oreste ! évitez-moi : tremblez Pourquoi ? ELECTR E. OREST E. Ceffez...je fuis... Gardez qu'on ne vous voie. ELECTR E. Ah! vous me rempliffez de terreur & de joic ORESTE. Si vous aimez un frere..... ELECTRE. Oui, je l'aime; oui; je crois entendre encor fa Voir les traits de mon pere, voix; La nature nous parle, & perce ce mystère hélas! Cher Orefte, & ta fœur a voulu ton trépas! ORESTE en l'embraffant. Le Ciel menace en vain, la nature l'emporte, Un Dieu me retenoit; mais Electre eft plus forte. É LE CTRE. I t'a rendu ta fœur, & tu crains fon courroux! ORESTE. Ses ordres menaçans me déroboient à vous. Eft-il barbare affez pour punir ma faiblesse? ELECTR E. Ta faiblesse est vertu, partage mon ivresse: A quoi m'expofois-tu, cruel? à t'immoler! ORESTE. J'ai trahi mon ferment. ELECTRE. Tu l'as dû violer. ORESTE. C'est le fecret des Dieux. ELECTRE. C'eft moi qui te l'arrache Moi qu'un ferment plus faint à leur vengeance attache. Que crains-tu? OREST E. Les horreurs où je suis destiné, Les Oracles, ces lieux, ce sang dont je fuis né ELECTR E. Ce fang va s'épurer, vient punir le coupable; Les Oracles, les Dieux, tout nous eft favora ble; Ils ont paré mes coups, ils vont guider les tiens. SCENE VI. ELECTRE, OR ESTE, PILADE, PAMMENE. ELECTRE. AH! venez & joignez tous vos transports aux miens; Uniffez-vous à moi, chers amis de mon frere. PILADEà Orefte. Quoi, vous avez trahi ce dangereux mistere! Pouvez-vous?..# ORESTE. Si le Ciel veut fe faire obéir, Qu'il me donne des loix que je puiffe accomplir. Quoi, vous lui reprochez de finir ma mifere! PILADE. Je voulois le fauver; qu'il vive & qu'il vous venge. PAMMEN E. Princeffe, on vous obferve en ces lieux déteftés; Mais Egifte en effet ne m'a-t-il point livré Mon fort à vos deftins n'eft-il pas affervi? Oui, vous êtes mon maître; Egifte eft obéi; Du barbare une fois la volonté m'eft chere! Tout eft ici pour nous. PAMMEN E. Tout vous devient contraire: Egifte eft allarmé; redoutez fon transport; Ses foupçons bien fouvent font un arrêt de mort. Séparons-nous. PILADE à Pammène. Va, cours, ami fidèle & fage, Raffemble tes amis, acheve ton ouvrage. clater. EGISTE, CLITEMNESTRE, ELECTRE, OR ESTE, PILADE, GARDES. ÉGISTE. MINISTRES de mes loix, hâtez-vous d'arrêter, Dans l'horreur des cachots de plonger ces deux traîtres. ORESTE. Autrefois dans Argos il régnoit d'autres maî tres, Qui connoiffoient les droits de l'hospitalité. PILADE. Egifte, contre toi qu'avons-nous attenté? |