Obrazy na stronie
PDF
ePub
[blocks in formation]

Sçait-il que ce fils élevé dans le crime, Du fils d'Agamemnon eft tombé la victime?

PAMMEN E.

On parle de fa mort, on ne dit rien de plus.
Mais de nouveaux avis font encor attendus.
On fe tait à la Cour, on cache à la contrée
Que d'un de fes tyrans la Gréce eft délivrée.
Egifte avec la Reine en fecret renfermé
Ecoute ce récit qui n'eft pas confirmé:
Et c'eft ce que j'apprends d'un ferviteur fidèle,
Qui pour le fang des Rois comme moi plein de
zèle,

Gémiffant & caché traîné encor fes vieux ans
Dans un fervice ingrat à la Cour des tyrans.

ORESTE.

De la vengeance au moins j'ai goûté les prémi

ces;

Mes mains ont commencé mes juftes facrifices Les Dieux permettront-ils que je n'achève pas ? Cher Pilade, eft-ce en vain qu'ils ont armé mon bras?

Par des bienfaits trompeurs exerçant leur cole

re,

M'ont-ils donné le fils pour me livrer au pere? Marchons, notre péril doit nous déterminer ; Qui ne craint point la mort eft fûr de la donner. Avant qu'un jour plus grand puiffe éclairer fa

rage,

Je veux de ce moment faifir tout l'avantage.

PAMMEN E.

Eh bien! il faut paraître, il faut vous découvrir A ceux qui pour leur Roi fçauront du moins

mourir.

Il en eft, j'en réponds, cachés dans ces asyles; Plus ils font inconnus, plus ils feront utiles.

PILADE.

Allons, & fi les noms d'Orefte & de fa fœur, Si l'indignation contre l'ufurpateur,

Le tombeau de ton pere & l'afpect de fa cendre, Les Dieux qui t'ont conduit ne peuvent te défendre;

S'il faut qu'Orefte meure en ces lieux abhorrés, Je t'ai voué mes jours, il te font confacrés ; Nous périrons unis; c'eft l'efpoir qui me refte e; Pilade à tes côtés mourra digne d'Orefte.

ORESTE.

Ciel, ne frappe que moi; mais daigne en ta

pitié

Protéger fon courage, & fervir l'amitié.

Fin du troifiéme Aite.

ACTE IV.

SCENE I.

ORESTE, PILADE.

ÖRESTE.

DE Pammène il eft vrai l'adroite vigilance, D'Egifte pour un temps trompe la défiance; On lui dit que les Dieux de Tantale ennemis Frappoient en même-temps les derniers de fes fils.

[ocr errors]

Peut-être que le Ciel, qui pour nous fe déclare,
Répand l'aveuglement fur les yeux du barbare.
Mais tu vois ce tombeau fi cher à ma douleur
Où ma main frémiffante offrit ce fer vengeur;
Ce fer eft enlevé par des mains facriléges.
L'afyle de la mort n'a plus de privilége;
Et je crains que ce glaive à mon tyran porté,
Ne lui donne fur nous quelque affreufe clarté.
Précipitons l'instant où je veux le surprendre.
PILADE.

Pammene veille à tout, fans doute il faut l'at

tendre.

Dès que nous aurons vu dans ces bois écartés Le peu de vos fujets à vous fuivre excités, Par trois divers chemins retrouvons-nous enfemble

Non loin de cette tombe, au lieu qui nous raffemble.

ORESTE.

Allons.... Pilade ,ah Ciel! ah! trop barbare loi! Ma rigueur affaffine un cœur qui vit pour moi. Quoi! j'abandonne Electre à fa douleur mortelle!

PILADE.

Tu l'as juré, pourfuis, & ne redoute qu'elle.
Electre peut te perdre, & ne peut te fervir:
Les yeux de tes tyrans font tout prêts de s'ou-
vrir :

Renferme cet amour & fi faint & fi pure:
Doit-on craindre en ces lieux de dompter la

nature?

Ah! de quels sentimens te laisse-tu troubler?
Il faut venger Electre, & non la consoler.

ORESTE.

Pilade, elle s'avance, & me cherche peut-être. PILADE.

Ses pas font épiés ; garde toi de paraître. Va, j'obferverai tout avec empressement: Les yeux de l'amitié fe trompent rarement.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

LE perfide! il échappe à ma vue indignée.

En proie à ma fureur, & de larmes baignée, Je reste sans vengeance, ainfi que fans espoir, A Pilade

Toi, qui femble frémir, & qui n'ofe me voir; Toi, compagnon du crime, apprends-moi donc, barbare,

Où va cet affaffin, de mon fang trop avare; Ce maître à qui je fuis, qu'un tyran m'a donné.

PILADE.

Il remplit un devoir par le Ciel ordonné ;
Il obéit aux Dieux; imitez-le, Madame;
Les arrêts du deftin trompent fouvent notre

ame,

Il conduit les mortels, il dirige leurs pas
Par des chemins fecrets qu'ils ne connaissent

pas;

Il plonge dans l'abyfme, & bien-tôt en retire; Il accable de fers, il éléve à l'Empire;

Il fait trouver la vie au milieu des tombeaux. Gardez de fuccomber à vos tourmens nou

veaux,

Soumettez-vous ; c'est tout ce que je puis vous dire.

« PoprzedniaDalej »