Sçait-il que ce fils élevé dans le crime, Du fils d'Agamemnon eft tombé la victime? PAMMEN E. On parle de fa mort, on ne dit rien de plus. Gémiffant & caché traîné encor fes vieux ans ORESTE. De la vengeance au moins j'ai goûté les prémi ces; Mes mains ont commencé mes juftes facrifices Les Dieux permettront-ils que je n'achève pas ? Cher Pilade, eft-ce en vain qu'ils ont armé mon bras? Par des bienfaits trompeurs exerçant leur cole re, M'ont-ils donné le fils pour me livrer au pere? Marchons, notre péril doit nous déterminer ; Qui ne craint point la mort eft fûr de la donner. Avant qu'un jour plus grand puiffe éclairer fa rage, Je veux de ce moment faifir tout l'avantage. PAMMEN E. Eh bien! il faut paraître, il faut vous découvrir A ceux qui pour leur Roi fçauront du moins mourir. Il en eft, j'en réponds, cachés dans ces asyles; Plus ils font inconnus, plus ils feront utiles. PILADE. Allons, & fi les noms d'Orefte & de fa fœur, Si l'indignation contre l'ufurpateur, Le tombeau de ton pere & l'afpect de fa cendre, Les Dieux qui t'ont conduit ne peuvent te défendre; S'il faut qu'Orefte meure en ces lieux abhorrés, Je t'ai voué mes jours, il te font confacrés ; Nous périrons unis; c'eft l'efpoir qui me refte e; Pilade à tes côtés mourra digne d'Orefte. ORESTE. Ciel, ne frappe que moi; mais daigne en ta pitié Protéger fon courage, & fervir l'amitié. Fin du troifiéme Aite. ACTE IV. SCENE I. ORESTE, PILADE. ÖRESTE. DE Pammène il eft vrai l'adroite vigilance, D'Egifte pour un temps trompe la défiance; On lui dit que les Dieux de Tantale ennemis Frappoient en même-temps les derniers de fes fils. Peut-être que le Ciel, qui pour nous fe déclare, Pammene veille à tout, fans doute il faut l'at tendre. Dès que nous aurons vu dans ces bois écartés Le peu de vos fujets à vous fuivre excités, Par trois divers chemins retrouvons-nous enfemble Non loin de cette tombe, au lieu qui nous raffemble. ORESTE. Allons.... Pilade ,ah Ciel! ah! trop barbare loi! Ma rigueur affaffine un cœur qui vit pour moi. Quoi! j'abandonne Electre à fa douleur mortelle! PILADE. Tu l'as juré, pourfuis, & ne redoute qu'elle. Renferme cet amour & fi faint & fi pure: nature? Ah! de quels sentimens te laisse-tu troubler? ORESTE. Pilade, elle s'avance, & me cherche peut-être. PILADE. Ses pas font épiés ; garde toi de paraître. Va, j'obferverai tout avec empressement: Les yeux de l'amitié fe trompent rarement. LE perfide! il échappe à ma vue indignée. En proie à ma fureur, & de larmes baignée, Je reste sans vengeance, ainfi que fans espoir, A Pilade Toi, qui femble frémir, & qui n'ofe me voir; Toi, compagnon du crime, apprends-moi donc, barbare, Où va cet affaffin, de mon fang trop avare; Ce maître à qui je fuis, qu'un tyran m'a donné. PILADE. Il remplit un devoir par le Ciel ordonné ; ame, Il conduit les mortels, il dirige leurs pas pas; Il plonge dans l'abyfme, & bien-tôt en retire; Il accable de fers, il éléve à l'Empire; Il fait trouver la vie au milieu des tombeaux. Gardez de fuccomber à vos tourmens nou veaux, Soumettez-vous ; c'est tout ce que je puis vous dire. |