Obrazy na stronie
PDF
ePub

Ce Ciel dont votre audace accufe les rigueurs Pourra le rendre encor à vos cris, à mes pleurs: Venez..

ELECTRE.

De quel espoir ma douleur eft fuivie! Ah! fi vous me trompez, vous m'arrachez la vie.

Fin du fecond Acte.

*********

ACTE III.

SCENE I.

ORESTE, PILADE, PAMMEN E. Un Esclave dans l'enfoncement, qui porte une urne 5 une épée.

Q

PAMMENE.

UE béni foit le jour fi long-temps attendu, Où le fils de mon maître à nos larmes rendu Vient, digne de fa race & de fa destinée, Venger d'Agamemnon la cendre profanée. Je crains que le tyran, par fon trouble averti, Ne détourne un deftin déjà trop preffenti: Il n'a fait qu'entrévoir & fon juge & fon maître, Et fa rage a déjà femblé le reconnaître ; Il s'informe, il s'agite, il veut fur tout vous voir;

Vous-même, vous mêlez la crainte à mon ef

poir.

De vos ordres facrés exécuteur fidèle,
Je fonde les efprits, j'encourage leur zèle;
Des fujets gémiffans confolant la douleur,
Je leur montre de loin leur maître & leur ven.

geur.

La race des vrais Rois tôt ou tard eft chérie: Le cœur s'ouvre aux grands noms d'Orefte & de Patrie:

Tout femble autour de moi fortir d'un long fommeil;

La vengeance affoupie eft au jour du réveil,
Et le peu d'habitans de ces tristes retraites
Leve les mains au Ciel, & demande où vous
êtes.

Mais je frémis de voir Orefte en ce défert,
Sans armes, fans foldats, prêt d'être découvert.
D'un barbare ennemi l'activé vigilance
Peut prévenir d'un coup votre jufte vengeance;
Et contre ce tyran fur le trône affermi,
Vous n'amenez, hélas! qu'Orefte & son ami.
PILADE.

C'eft affez, & du Ciel je reconnais l'ouvrage:
Il nous a tout ravi par ce cruel naufrage:
Il veut feul accomplir fes auguftes desseins;
Pour ce grand facrifice il ne veut que nos mains.
Tantôt de trente Rois il arme la vengeance;
Tantôt trompant la terre & frappant en filence,
Il veut en fignalant fon pouvoir oublié,
N'armer que la nature & la seule amitié.

ORESTE.

Avec un tel fecours Orefte eft fans allarmes, Je n'aurai pas befoin de plus puiffantes armes.

PILADE.

Prends garde, cher Orefte, à ne pas t'égarer Au fentier qu'un Dieu même a daigné te mon

trer;

Prends garde à tes fermens, à cet ordre fuprême De cacher ton retour à cette foeur qui t'aime : Ton repos, ton bonheur, ton régne eft à ce prix; Commande à tes tranfports, diffimule, obéis: Il la faut abyfer encor plus que fa mere.

H

PAMMENE.

Remerciez les Dieux de cet ordre févére;
A peine j'ai trompé ses transports indifcrets,
Déjà portant par tout fes pleurs & ses regrets,
Appellant à grand cris fon vengeur & fon frere,
Et courant fur vos pas dans ce lieu folitaire
Elle m'interrogeoit & me faifoit trembler;
La nature en fecret fembloit lui révéler
Par un preffentiment trop tendre & trop funef-

te,

Que le Ciel en fes bras remet son cher Oreste ; Son cœur trop plein de vous ne peut fe contenir.

ORESTE.

Quelle contrainte! ô Dieux ! puis-je la foutenir? PILADE.

Vous balancez! fongez aux menaces terribles Que vous faifoient ces Dieux, dont les fecours fenfibles

Vous ont rendu la vie au milieu du trépas;
Contre leurs volontés fi vous faites un pas,
Ce moment vous dévoue à leur haine fatale:
Tremblez, malheureux fils d'Atrée & de Tan-
tale :

Tremblez de voir fur vous, dans ces lieux déteftés,

Tomber tous les fléaux du fang dont vous for

tez.

ORESTE.

Quel eft donc, cher ami, le deftin qui nous

guide?

Quel pouvoir invincible à tous nos pas préfide?

Moi, facrilége! moi, fi j'écoute un instant
La voix du fang qui parle à ce cœur gémiffant!
O juftice éternelle! abyfme impénétrable,
Ne diftinguez-vous point le faible & le coupa-
ble,

Le mortel qui s'égare, ou qui brave vos loix,
Qui trahit la nature, ou qui céde à sa voix?
N'importe, eft-ce à l'esclave à condamner fon
maître ?

Le Ciel ne nous doit rien quand il nous donne l'être.

J'obéis.... Je me tais... Nous avons apporté
Cette urne, cet anneau, ce fer enfanglanté:
Il fuffit; offrons-les loin d'Electre affligée ;
Allons. Je la verrai quand je l'aurai vengée.
A Pammène.

Va préparer les cœurs au grand événement
Que je dois confommer & que la Gréce attend;
Trompe fur tout Egifte & ma coupable mere;
Qu'ils goûtent de ma mort la douceur paffagere;
Si pourtant une mere a pu porter jamais
Sur la cendre d'un fils des regards fatisfaits.
Va. Nous les attendrons tous deux à leur paf-
fage.

000000000000000000000000 SCENE

II.

ÉLECTRE, IPHISE, d'un côté, ORESTE, PILADE de l'autre, avec l'Esclave qui porte l'urne & l'épée.

ÉLECTRE à Iphife.

L'ESPERA

ESPERANCE trompée accable & décourage

« PoprzedniaDalej »