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ÉGISTEA Pammène.

Allez, dis-je, & fçachez quel lieu les a vû naf

tre,

Pourquoi près du Palais ils ont ofé paraître; De quel port ils partoient ; & fur tout quel def fein

Les guida fur ces mers dont je fuis Souverain.

SCENE IV.

ÉGISTE, CLITEMNESTRE.

VOUS

ÉGISTE.

Ous l'avez donc voulu; votre crainte in-
quiéte

A des Dieux vainement confulté l'interprête,
Leur filence ne fert qu'à vous défespérer;
Mais Egifte vous parle, & doit vous raffurer.
A vous-même, oppofée, & par vos vœux trahie
Craignant la mort d'un fils & redoutant fa vie,
Votre efprit ébranlé ne peut fe raffermir;
Ah! ne confultez point fur un fombre avenir
Des confidens des Dieux l'incertaine réponse.
Ma main fait nos deftins & ma voix les annonce.
Fiez-vous à mes foins, vivez, régnez en paix,
Et d'un indigne fils ne me parlez jamais.
Quant au deftin d'Electre, il eft temps que j'y
pense,

De vos nouveaux deffeins j'ai pefé l'importan

će;

Sans doute elle eft à craindre, & je fçais que fon nom

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Vous voulez qu'aujourd'hui je brise ses liens,
Que j'uniffe par vous ses intérêts aux miens:
Vous voulez terminer cette haine fatale,
Ces malheurs attachés aux enfans de Tantale;
Parlez-lui, mais craignons tous deux de parta-

ger

La honte d'un refus qu'il nous faudroit venger.
Je me flatte avec vous qu'un fi triste esclavage
Doit plier de fon cœur la fermeté sauvage:
Que ce paffage heureux & fi peu préparé
Du rang le plus abject à ce premier dégré,
Le poids de la raifon qu'une mere autorife,
L'ambition fur tout la rendra plus foumife;
Gardez qu'elle réfifte à fa félicité,

Il refte un châtiment pour fa témérité.
Ici votre indulgence & le nom de fon pere
Nourriffent fon orgueil au fein de la mifere :
Qu'elle craigne, Madame, un fort plus rigou-

reux,

Un éxil fans retour, & des fers plus honteux. 000000000000000000000000 SCENE V.

CLITEM NESTRE, ELECTRE.

CLITEMNESTRE.

MA fille, approchez-vous, & d'un œil moins

auftère

Envilagez ces lieux, & fur tout une mere;
Je gémis en fecret, comme vous foupirés,
De l'aviliffement où vos jours font livrés;
Quoiqu'il fût dû peut-être à votre injuste haine,
Je m'en afflige en mere, & m'en indigne en
Reine,

J'obtiens grace pour vous; vos droits vous font

rendus.

ELECTR E.

Ah, Madame ! à vos pieds.

CLITEM NESTRE.

Je veux faire encore plus

Eh quoi ?

ELECTR E.

CLITEM NESTRE.

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De votre fang foutenir l'origine;

Du grand nom de Pélops réparer la ruine,
Réunir ses enfans trop long-temps divisés.

ELECTRE.

Ah! parlez-vous d'Orefte? achevez, difpofez.

CLITEMNESTRE.

Je parle de vous même, & votre ame obstinée
A fon propre intérêt doit être ramenée;
De tant d'abbaiffement, c'eft peu de vous tirer,
Electre, au trône un jour il vous faut alpirer.
Vous pouvez, fi ce cœur connaît le vrai courage,
De Micene & d'Argos efpérer l'héritage:
C'eft à vous de paffer des fers que vous portez
A ce fuprême rang des Rois dont vous fortez

D'Egifte contre vous j'ai fçû fléchir la haine;
Il veut vous voir en fille, il vous donne Pliftene.
Pliftène eft d'Epidaure attendu chaque jour :
Votre hymen eft fixé pour fon heureux retour.
D'un brillant avenir goûtez déjà la gloire;
Le paffé n'eft plus rien, perdez-en la mémoire.
ELECTR E,

A quel oubli, grands Dieux!ofe-t-on m'inviter?
Quel horrible avenir m'ofe-t-on préfenter?
O fort! ô derniers coups tombés fur ma famille !
Songez-vous au héros dont Electre eft la fille?
Madame, ofez-vous bien par un crime nouveau,
Abandonner Electre au fils de fon bourreau?
Le fang d'Agamemnon! qui? moi? la fœur
d'Orefte!

Electre, au fils d'Egifte, au neveu de Thiefte! Ah! rendez-moi mes fers: rendez-moi tout l'affront

Dont la main des tyrans a fait rougir mon front;
Rendez-moi les horreurs de cette fervitude
Dont j'ai fait une épreuve & fi longue & fi rude;
L'opprobre eft mon partage,
il convient à mon

fort:

J'ai fupporté la honte & vû de près la mort; Votre Egifte cent fois m'en avoit menacée; Mais enfin c'est par vous qu'elle m'est annon'cée.

Cette mort à mes fens inspire moins d'effroi Que les horribles vœux qu'on exige de moi. Allez, de cet affront je vois trop bien la caufe; Je vois quels nouveaux fers un lâche me propose:

Vous n'avez plus de fils; fon affaffin cruel Craint les droits de fes fœurs au trône paternel:

Il veut forcer mes mains à feconder fa rage; Affurer à Pliftène un fanglant héritage; Joindre, un droit légitime aux droits des affaf

fins,

Et m'unir aux forfaits par les nœuds les plus faints.

Ah! fi j'ai quelques droits, s'il eft vrai qu'il les craigne,

Dans ce fang malheureux que fa main les éteigne;

Qu'il acheve à vos yeux de déchirer mon sein» Et fi ce n'eft affez, prêtez-lui votre main: Frappez, joignez Electre à fon malheureux fre

re;

Frappez, dis-je ; à vos coups je connaîtrai ma

mere.

CLITEM NESTRE.

Ingrate, c'en eft trop, & toute ma pitié
Céde enfin dans mon cœur à ton inimitié.
Que n'ai-je point tenté? que pouvais-je plus
faire

Pour fléchir, pour brifer ton cruel caractère?
Tendreffe, châtimens, retour de mes bontés,
Tes reproches fanglans fouvent même écoutés,
Raison, menace, amour, tout jusqu'à la Cou~

ronne

Où tu n'as d'autres droits que ceux que je të donne ;

J'ai prié, j'ai puni, j'ai pardonné fans fruit: Va, j'abandonne Electre au malheur qui la fuit; Va, je fuis Clitemneftre, & fur tout je fuis Reine,

Le fang d'Agamemnon n'a de droits qu'à ma haine;

C'eft trop flatter la tienne; & de ma faible main Tom. IV.

H

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