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SCENE II.

ORESTE, PILADE, PAMMEN E.

PILADE.

QUI que vous foyez, tournez vers nous la
vûe,

La terre où je vous parle eft pour nous inconnue;
Vous voyez deux amis & deux infortunés,
A la fureur des flots long-temps abandonnés ;
Ce lieu nous doit-il être ou funefte ou propice?

PAMMEN E.

J'y révére les Dieux, j’implore leur juftice; J'exerce en leur préfence, en ma fimplicité, Les refpectables droits de l'hofpitalité; Daignez fous l'humble toît qu'habite ma vieil

leffe,

Méprifer des grands Rois la fuperbe richeffe: Venez, les malheureux me font toujours facrés.

ORESTE.

Sage & jufte habitant de ces bords ignorés, Que des Dieux par hos mains la puiffance immortelle,

De votre piété récompenfe le zéle;

Quel afyle eft le vôtre, & quelles font vos loix Quel Souverain commande aux lieux où je vous vois?

PAMMEN E.

Egifte regne ici, je fuis fous fa puiffance.

ORESTE.

Egifte? Ciel!ô crime! ô terreur!ô vengeance!

PILADE.

Dans ce péril nouveau, gardez de vous trahir.

ORESTE.

Egifte: juftes Dieux! celui qui fit périr....

Lui-même.

PAMMENE.

ORESTE.

Et Clitemneftre après ce coup funefte?

PAMMEN E.

Elle régne avec lui, l'univers fçait le refte.

ORESTE.

Ce Palais, ce Tombeau ?...

PAMMENE.

Ce Palais redouté

Eft par Egifte même en ce jour habité.

Mes yeux ont vu jadis élever cet ouvrage
Par une main plus digne, & pour un autre usa-

ge;

Ce Tombeau (pardonnez, fi je pleure à ce nom) Eft celui de mon Roi, du grand Agamemnon.

ORESTE.

Ah! ç'en eft trop, le Ciel épuise mon courage

PILADEà Oreste.

Dérobe-lui les pleurs qui baignent ton vifage.
PAMMENE à Orefte qui se détourne.

Etranger généreux, vous vous attendriffez,
Vous voulez retenir les pleurs que vous verfez:
Hélas! qu'en liberté votre cœur fe déploie,
Plaignez le fils des Dieux & le vainqueur de
Troye ;

Que des yeux étrangers pleurent au moins fon fort,

Tandis que dans ces lieux on insulte à sa mort.

ORESTE.

Si je fus élevé loin de cette contrée,

Je n'en chéris pas moins les defcendans d'Atrée. Un Grec doit s'attendrir fur le fort des héros; Je dois fur tout.... Electre eft-elle dans Argos?

PAMMENE.

Seigneur, elle eft ici....

ORESTE.

Je veux... je cours..s

PILADE.

Arrête.

Tu vas braver les Dieux; tu hazardes ta tête.

A Pammène.

Que je te plains! Daignez, respectable mortel,

Dans ce Temple voisin nous conduire à l'Aurel ;
C'eft le premier devoir. Il eft temps que j'adore
Le Dieu qui nous fauva fur la mer d'Epidaure.
ORESTE.

Menez-nous à ce Temple, à ce Tombeau facré,
Où repose un héros lâchement massacré.
Je dois à fa grande ombre un fecret facrifice....
PAMMÉNE.

....

Vous, Seigneur! ô deftins !ô célefte justice!
Vous, lui facrifier! parmi ses ennemis
Je me tais.... mais, Seigneur, mon maître
avoit un fils,

Qui dans les bras d'Électre.... Egifte ici s'a

vance ,

Je vous fuis, je vous joins, évitez fa présence.

ORESTE.

Quoi! c'eft Egifte?

PILADE.

Il faut vous cacher à fes yeux.

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SCENE III.

EGISTE, CLITEMNESTRE,

PAMMENE.

EGISTEà Pammène.

A Qui dans ce moment parliez-vous dans

ces lieux ?

L'un de ces deux mortels porte fur fon vifage L'empreinte des grandeurs & les traits du courage;

Sa démarche, fon air, fon maintien m'ont frappé,

Dans une douleur fombre il femble enveloppé ; Quel eft-il? eft-il né fous mon obéiffance?

PAMMEN E.

Je connais fon malheur, & non pas fa naiffance: Je devois des fecours à ces deux étrangers, Pouffés par la tempête à travers ces rochers; S'il ne me trompent point, la Gréce eft leur patrie.

ÉGISTE.

Répondez d'eux, Pammène, il y va de la vie. CLITEM NESTRE.

Eh quoi! deux malheureux en ces lieux abor

dés,

D'un œil fi foupçonneux feroient-ils regardés ?

ÉGISTE.

On murmure, on m'allarme, & tout me fait ombrage.

CLITEMNESTRE.

Hélas! depuis quinze ans, c'est-là notre parta

ge,

Nous craignons les mortels autant que l'on nous craint,

Et c'eft un des poisons dont mon cœur est atseint.

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