IPHISE. Dieux qui la préparez, que vous tardez longtemps! Auprès de ce tombeau je languis désolée ; ELECTR E. Vous le voyez, Pammène, Egifte renouvelle De fon hymen fanglant la pompe criminelle, Et mon frere exilé de déferts en déferts, Semble oublier fon pere & négliger mes fers. PAMMENE. Comprez les temps, voyez qu'il touche à peine l'âge Où la force commence à fe joindre au courage. Efpérez fon retour; efpérez dans les Dieux. ÉLECTRE. Sage & prudent vieillard, oui, vous m'ouvrez les yeux; Pardonnez à mon trouble, à mon impatience; Hélas! vous me rendez un rayon d'efpérance. Qui pourroit de ces Dieux encenfer les Autels, S'ils voyoient fans pitié les malheurs des mortels; Si le crime infolent dans fon heureuse ivreffe Ecrafoit à loifir l'inocente faibleffe? Dieux, vous rendrez Orefte aux larmes de fa fœur ; Votre bras fufpendu frappera l'oppreffeur. Tom IV. Orefter, entends ma voix, celle de ta patrie," re? C'est aux monftres d'Argos, aux tyrans`de lą terre, Aux meurtriers des Rois que tu dois t'adreffer: Viens, qu'Electre te guide au sein qu'il faut per cer. IPHISE. Renfermez ces douleurs & cette plainte amère ; Votre mere paraît. ELECTR E. Ai-je encore une mere? oooooooooooooooooo...... SCENE III. CLITEMNESTRE, ÉLECTRE, IPHISE. CLITEMNESTRE. ALLEZ, que l'on me laiffe en ces lieux retirés: Pammene, éloignez-vous; mes filles, demeureza IPHISE. Hélas! ce nom facré diffipe mes allarmes. ÉLECTRÉ. Ce nom jadis fi faint, redouble encor mes lare mese CLITEM NESTRE. J'ai voulu fur mon fort & fur vos intérêts, ELECTR E. Qui! vous, Madame, ô Ciel! vous m'aimeriez encore ? Quoi, vous n'oubliez point ce fang qu'on dèshonore ? Ah! fi vous confervez des fentimens fi chers, Obfervez cette tombe.... & regardez mes fers, CLITEM NESTRE. Vous me faites frémir; votre esprit infléxible Se plaît à m'accabler d'un fouvenir horrible; Vous portez le poignard dans ce cœur agité; Vous frappez une mere, & je l'ai mérité. ELECTR E. Eh bien, vous défarmez une fille éperdue; Appellez votre fils, qu'il revienne en ces lieux Qu'il venge Agamemnon, fes filles, & vousmême; Faites venir Oreite. CLITEM NESTRE. Electre, levez-vous; Ne parlez point d'Orefte, & craignez mon é→ poux; J'ai plaint les fers honteux dont vous êtes char gée; Mais d'un maître abfolu la puiffance outragée Moi qu'offenfa toujours votre plainte indifcret te, Qui tant de fois pour vous ai voulu le fléchir, Je l'irritois encore au lieu de l'adoucir. N'imputez qu'à vous feule un affront qui m'outrage; Pliez à votre état ce fuperbe courage; Apprenez d'une four comme il faut s'affliger, Comme on céde au deftin quand on veut le changer. Je voudrois dans le fein de ma famille entiere, Vous hazardez fa vie & vous êtes perdue; Lui, votre époux! ô Ciel! lui, ce monftre!... Eft-ce ainfi qu'en effet vous plaignez ma mife re? A quoi vous fert, hélas! ce remords paffager, A Iphife. Ma fœur ! & c'est ainfi qu'une mere vous aime? A Clitemnestre. Vous menacez Orefte !.... hélas! loin d'espérer Qu'un frere malheureux vous vienne délivrer, J'ignore fi le Ciel a confervé fa vie; J'ignore fi ce maître abominable, impie, |