PAMMENE. O refpectable Iphife! ô fille de mon Roi! Et d'un œil vigilant épiant fa conduite, IPHISE. Ma fœur efclave! ô Ciel! ô fang d'Agamemnon! Et n'ayant contre lui que d'impuissantes armes, mes. Qu'a produit fa fierté? Que fervent ses éclats? Elle irrite un barbare, & ne nous venge pas. On m'a laiffé du moins dans ce funefte afyle, Un deftin fans opprobre, un malheur plus tranquille. Mes mains peuvent d'un pere honorer le tombeau, Loin de ses ennemis & loin de fon bourreau; Dans ce féjour de fang, dans ce défert fi trifte, Je pleure en liberté, je hais en paix Egiste. Je ne fuis condamnée à l'horreur de le voir Où le Ciel a permis ce barbare hymenée: 200000000000000000000000 SCENE II. ÉLECTRE, IPHISE, PAMMENE. Ma fœur ?..... IP HISE. HELAS! eft-ce vous que je vois, ELECTR E. Il eft venu ce jour où l'on apprête Les déteftables jeux de leur coupable fête; Electre leur efclave, Electre votre fœur Vous annonce en leur nom leur horrible bonheur. IPHISE. Un deftin moins affreux permet que je vous voie, A ma douleur profonde il mêle un peu de joie, Et vos pleurs & les miens ensemble confondus... ÉLECTRE. Des pleurs! ah, ma faibleffe en a trop répan dus! Des pleurs! ombre facrée, ombre chere & fan glante, Eft-ce là le tribut qu'il faut qu'on te préfente? C'eft du fang que je dois ; c'eft du fang que tu veux; C'est parmi les apprêts de ces indignes jeux, Dans ce cruel triomphe où mon tyran m'entraf ne, Que ranimant ma force & foulevant ma chaîne, mes, Pouvez-vous en ces lieux moins que n'ont pû les crimes? Nous feules déformais devons nous fecourir : Craignez-vous de frapper? craignez-vous de mourir ? Secondez de vos mains ma main désespérée; IPHISE. Ah! modérez ces tranfports impuiffants; Commandez, chere Electre, au trouble de vos fens, Contre nos ennemis nous n'avons que des lar mes: Qui peut nous feconder? comment trouver des armes ? Comment frapper un Roi de gardes entouré, Vigilant, foupçonneux, par le crime éclairé? Hélas! à nos regrets n'ajoutons point de crain tes; Tremblez que le tyran n'ait écouté vos plaintes, ELECTRE. Je veux qu'il les écoute; oui, je veux dans fon cœur Empoifonner fa joie, y porter ma douleur ; Que mes cris jufqu'au Ciel puiffent fe faire entendre ; Qu'ils appellent la foudre & la faffent defcendre; Qu'ils réveillent cent Rois indignes de ce nom rie; Vos yeux ne virent point ce parricide impie, Ces vêtemens de mort, ces apprêts, ce festin, Ce feftin déteftable, où le fer à la main Clitemneftre....ma mere! ah! cette horrible image Eft présente à mes yeux, présente à mon cou rage; C'est-là, c'eft en ces lieux où vous n'ofez pleu rer, Où vos reffentimens n'ofent le déclarer,. Je crois te voir encor accourir avec moi; Près du corps tout fanglant de fon malheureux pere, A fon fecours encor il appelloit fa mere: Mes mains portent des fers, & mes yeux pleins de pleurs N'ont vû que des forfaits & des perfécuteurs. PAMMENE. Fille d'Agamemnon, race divine & chère, Dont j'ai vu la fplendeur & l'horrible mifère, Permettez que ma voix puisse encor en vous deux Réveiller cet espoir qui refte aux malheureux: Avez-vous donc des Dieux oublié les promeffes? Avez-vous oublié que leurs mains vengereffes Doivent conduire Orefte en cet affreux féjour Où fa fœur avec moi lui conserva le jour ; Qu'il doit punir Egiste au lieu même où vous êtes, Sur ce même tombeau, dans ces mêmes retrai tes, Dans ces jours de triomphe où fon lâche affaffin peufe; Leurs deffeins font couverts d'une nuit téné̟breufe; La peine fuit le crime, elle arrive à pas lents, |