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Qui? lui!

SEMIRA MIS.

AZÉMA.

Dans les horreurs de la profonde nuit,
Des fouterrains fecrets où la faveur habile
A tout événement se creusoit un afyle,
Ont fervi les deffeins de ce monftre odieux;
Il vient braver les morts, il vient braver les
Dieux :

D'une main facrilége aux forfaits enhardie,
Du généreux Arzacę il va trancher la vie.

SÉMIRA MIS.

O Ciel! qui vous l'a dit? comment? par quel détour?

AZÉMA.

Fiez-vous à mon cœur éclairé par l'amour ;
J'ai vû du traître Assur la haine envenimée
Sa faction tremblante & par lui ranimée,
Ses amis raffemblés, qu'a féduits fa fureur:
De fes deffeins fecrets j'ai démêlé l'horreur:
J'ai feint de réunir nos causes mutuelles;
Je l'ai fait épier par des regards fidèles:
Il ne commet qu'à lui ce meurtre détesté;
Il marche au facrilége avec impunité;
Sûr que dans ce lieu faint nul n'ofera paraître,
Que l'accès en eft même interdit au Grand-Prê-

tre,

Il y vole: & le bruit par fes foins se répand Qu'Arzace eft la victime, & que la mort l'attend:

Que Ninus dans fon fang doit laver fon injure. On parle au Peuple, aux Grands, on s'affemble, on murmure;

Je crains Ninus, Affur, & le Ciel en courroux.

SÉMIRA MIS.

Eh bien, chere Azéma, ce Ciel parle pour vous;
Il me fuffit. Je vois ce qui me reste à faire.
On peut s'en repofer fur le cœur d'une mere.
Ma fille, nos deftins à la fois font remplis :
Défendez votre époux ; je vais fauver mon fils.
AZÉMA.

Ciel !

SEMIRA MIS.

Prête à l'époufer, les Dieux m'ont éclairée; Ils infpirent encore une mere éplorée ; Mais les momens fons chers. Laiffez-moi dans ces lieux :

Ordonnez en mon nom que les Prêtres des Dieux,

Que les chefs de l'Etat viennent ici se rendre.

Azéma pale dans le veftibule du Temple; Sémiramis de l'autre côté s'avance vers le Maufolée.

Ombre de mon époux ! je vais venger ta cendre.
Voici l'inftant fatal où ta voix m'a promis
Que l'accès de ta tombe alloit m'être permis:
J'obéirai; mes mains qui guidoient des Armées,
Pour fecourir mon fils à ta voix font armées.
Venez, Gardes du trône, accourez à ma voix,
D'Arzace déformais reconnaiffez les loix:
Arzace eft votre Roi; vous n'avez plus de
Reine;

Je dépofe en fes mains la grandeur fouveraine:
Soyez fes défenfeurs ainfi que fes fujets.
Allez,

Les Gardes fe rangent au fond de la scène.
Dieux tout-puiffans, fecondeż mes projets.

Elle entre dans le Tombeau.

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SCENE III.

AZÉM A revenant de la porte du Temple fur le devant de la fcène.

QUE méditoit la Reine? & quel deffein l'ani

me!

A-t-elle encor le temps de prévenir le crime? O prodige, ô deftin, que je ne conçois pas ! Moment cher & terrible! Arzace! Ninias! Arbitres des humains, Puiffances que j'adore, Me l'avez-vous rendu pour le ravir encore !

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AH! cher Prince, arrêtez. Ninias, eft-ce vous? Vous le fils de Ninus, mon maître & mon époux !

NINIAS.

Ah! vous me revoyez confus de me connaître: Je fuis du fang des Dieux & je frémis d'en être. Ecartez ces horreurs qui m'ont environné ;

Fortifiez ce cœur au trouble abandonné ;
Encouragez ce bras prêt à venger un pere.

AZÉMA.

Gardez-vous de remplir cet affreux ministere. NINIAS.

Je dois un facrifice; il le faut ; j'obéis.

AZÉMA.

Non. Ninus ne veut pas qu'on immole fon fils;

Comment ?

NINIAS.

AZÉMA.

Vous n'irez point dans ce lieu redoutable: Un traître y tend pour vous un piége inévitable.

NINIAS.

Qui peut me retenir, & qui peut m'effrayer?

AZÉMA.

C'est vous que dans la tombe on va facrifier; Affur, l'indigne Affur a d'un pas facrilége Violé du tombeau le divin privilége:

Il vous attend.

NINIAS.

Grands Dieux! tout eft donc éclairci.

Mon cœur eft raffuré, la victime eft ici.
Mon pere empoisonné par ce monftre perfide,
Demande à haute voix le fang du parricide.
Inftruit par le Grand-Prêtre, & conduit par le

Par Ninus même armé contre le criminel,
Je n'aurai qu'à frapper la victime funefte
Qu'amène à mon courroux la juftice célefte.
Je vois trop que ma main dans ce fatal moment
D'un pouvoir invincible eft l'aveugle inftru-

ment.

Les Dieux feuls ont tout fait; & mon ame étonnée

S'abandonne à la voix qui fait ma destinée. Je vois que malgré nous, tous nos pas font marqués:

Je vois que des enfers, ces mânes évoqués, Sur le chemin du trône ont femé les miracles: J'obéis fans rien craindre, & j'en crois les oracles.

AZÉMA

Tout ce qu'ont fait les Dieux ne m'apprend qu'à frémir:

Ils ont aimé Ninus; ils l'ont laiffé périr.

NINIAS.

Ils le vengent enfin : étouffez ce murmure.

AZÉMA.

Ils choififfent fouvent une victime pure;
Le fang de l'innocence a coulé fous leurs coups.

NINIAS.

Puifqu'ils nous ont unis, ils combattent pour

nous:

Ce font eux qui parloient par la voix de mon

pere;

Ils me rendent un trône, une époufe, une mere; Et couvert à vos yeux du fang du criminel,

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