Qui? lui! SEMIRA MIS. AZÉMA. Dans les horreurs de la profonde nuit, D'une main facrilége aux forfaits enhardie, SÉMIRA MIS. O Ciel! qui vous l'a dit? comment? par quel détour? AZÉMA. Fiez-vous à mon cœur éclairé par l'amour ; tre, Il y vole: & le bruit par fes foins se répand Qu'Arzace eft la victime, & que la mort l'attend: Que Ninus dans fon fang doit laver fon injure. On parle au Peuple, aux Grands, on s'affemble, on murmure; Je crains Ninus, Affur, & le Ciel en courroux. SÉMIRA MIS. Eh bien, chere Azéma, ce Ciel parle pour vous; Ciel ! SEMIRA MIS. Prête à l'époufer, les Dieux m'ont éclairée; Ils infpirent encore une mere éplorée ; Mais les momens fons chers. Laiffez-moi dans ces lieux : Ordonnez en mon nom que les Prêtres des Dieux, Que les chefs de l'Etat viennent ici se rendre. Azéma pale dans le veftibule du Temple; Sémiramis de l'autre côté s'avance vers le Maufolée. Ombre de mon époux ! je vais venger ta cendre. Je dépofe en fes mains la grandeur fouveraine: Les Gardes fe rangent au fond de la scène. Elle entre dans le Tombeau. oooooooooooo....00000000 SCENE III. AZÉM A revenant de la porte du Temple fur le devant de la fcène. QUE méditoit la Reine? & quel deffein l'ani me! A-t-elle encor le temps de prévenir le crime? O prodige, ô deftin, que je ne conçois pas ! Moment cher & terrible! Arzace! Ninias! Arbitres des humains, Puiffances que j'adore, Me l'avez-vous rendu pour le ravir encore ! AH! cher Prince, arrêtez. Ninias, eft-ce vous? Vous le fils de Ninus, mon maître & mon époux ! NINIAS. Ah! vous me revoyez confus de me connaître: Je fuis du fang des Dieux & je frémis d'en être. Ecartez ces horreurs qui m'ont environné ; Fortifiez ce cœur au trouble abandonné ; AZÉMA. Gardez-vous de remplir cet affreux ministere. NINIAS. Je dois un facrifice; il le faut ; j'obéis. AZÉMA. Non. Ninus ne veut pas qu'on immole fon fils; Comment ? NINIAS. AZÉMA. Vous n'irez point dans ce lieu redoutable: Un traître y tend pour vous un piége inévitable. NINIAS. Qui peut me retenir, & qui peut m'effrayer? AZÉMA. C'est vous que dans la tombe on va facrifier; Affur, l'indigne Affur a d'un pas facrilége Violé du tombeau le divin privilége: Il vous attend. NINIAS. Grands Dieux! tout eft donc éclairci. Mon cœur eft raffuré, la victime eft ici. Par Ninus même armé contre le criminel, ment. Les Dieux feuls ont tout fait; & mon ame étonnée S'abandonne à la voix qui fait ma destinée. Je vois que malgré nous, tous nos pas font marqués: Je vois que des enfers, ces mânes évoqués, Sur le chemin du trône ont femé les miracles: J'obéis fans rien craindre, & j'en crois les oracles. AZÉMA Tout ce qu'ont fait les Dieux ne m'apprend qu'à frémir: Ils ont aimé Ninus; ils l'ont laiffé périr. NINIAS. Ils le vengent enfin : étouffez ce murmure. AZÉMA. Ils choififfent fouvent une victime pure; NINIAS. Puifqu'ils nous ont unis, ils combattent pour nous: Ce font eux qui parloient par la voix de mon pere; Ils me rendent un trône, une époufe, une mere; Et couvert à vos yeux du fang du criminel, |