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Ne craignez point Ninus & fon ombre en cour

roux.

Arzace, mon appui, mon fecours, mon époux; Cher Prince....

Arrêtez.

ARZACE Se détournant.

C'en eft trop, le crime m'environne...

SÉMIRA MIS.

A quel trouble, hélas ! il s'abandonne, Quand lui feul à la paix a pu me rappeller!

ARZACE.

Sémiramis....

SÉMIRA MIS.

Eh bien ?

ARZAC E.

Je ne puis lui parler.

Fuyez-moi pour jamais, ou m'arrachez la vie.

SEMIRA MIS.

Quels tranfports! quels difcours! qui? moi? que je vous fuie!

Eclairciffez ce trouble insupportable, affreux, Qui paffe dans mon ame & fait deux malheu

reux.

Les traits du désespoir font fur votre visage, De moment en moment vous glacez mon cou

rage,

Et vos yeux allarmés me caufent plus d'effroi Que le Ciel & les morts foulevés contre moi. Je tremble en vous offrant ce facré diadême;

Ma bouche en frémissant prononce : je vous

aime;

D'un pouvoir inconnu l'invincible afcendant, M'entraîne ici vers vous, m'en repouffe à l'inf

tant,

Et par un fentiment que je ne peux comprendre, Mêle une horreur affreufe à l'amour le plus tendre.

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ARZAC E.

Haïffez-moi.

SEMIRA MIS.

Cruel; non, tu ne le veux pas.

Mon cœur fuivra ton cœur, mes pas fuivront tes

pas.

Quel eft donc ce billet, que tes yeux pleins d'allarmes

Lifent avec horreur, & trempent de leurs lar

mes?

Contient-il les raifons de tes refus affreux ?

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SEMIRAM I S.

D'où le tiens-tu?

ARZAC E.

Des Dieux.

SEMIRAMIS.

Qui l'écrivit ?

ARZACE.

Mon pere...

SÉMIRAM I S.

Que me dis-tu?

ARZACE.

Tremblez.

SÉMIRA MIS.

Donne, apprends-moi mon fort.

ARZACE.

Ceffez....A chaque mot vous trouveriez la mort.

SÉMIRAM I S.

N'importe. Eclairciffez ce doute qui m'accable; Ne me réfiftez plus, ou je vous crois coupable.

ARZACE.

Dieux! qui conduisez tout, c'eft forcez!

vous qui m'y

SÉMIRAMIS prenant le billet.

Pour la derniere fois, Arzace, obéissez.

ARZACE.

Eh bien, que ce billet foit donc le feul fupplice Qu'à fon crime, grand Dieu! réserve ta justice. Sémiramis lit.

Vous allez trop fçavoir; c'en eft fait.

SÉMIRAMIS à Otane.

Soutiens-moi, je me meurs....

Qu'ai-je lu?

ARZACE.

Hélas! tout eft connu...

SEMIRAMIS revenant à elle après un
long filence.

Eh bien, ne tarde plus, remplis ta destinée;
Punis cette coupable & cette infortunée,
Etouffe dans mon fang mes détestables feux:
La nature trompée eft horrible à tous deux.
Venge tous mes forfaits, venge la mort d'un
pere,

Reconnais-moi, mon fils, frappe, & punis ta

mere.

ARZACE on NINI A S.

Que ce glaive plutôt épuise ici mon fanc
De ce fang malheureux formé de votre fang:
Qu'il perce de vos mains ce cœur qui vous ré-

vére,

Et qui porte d'un fils le facré caractère.

SEMIRAMIS fe jettant à genoux.

Ah! je fus fans pitié : fois barbare à ton tour; Sois le fils de Ninus en m'arrachant le jour; Frappe. Mais, quoi! tes pleurs fe mêlent à mes larmes !

O Ninias! ô jour plein d'horreurs & de charmes!...

Avant de me donner la mort que tu me dois, De la nature encor laiffe parler la voix ; Souffre au moins que les pleurs de ta coupable

mere

Arrofent une main fi fatale & fi chere.

NINIAS.

Ah! je fuis votre fils, & ce n'est pas à vous, Quoique vous ayez fait, d'embraffer mes ge

noux.

Ninias vous implore, il vous aime; il vous jure Les plus profonds refpects & l'amour la plus

pure.

C'eft un nouveau fujet plus cher & plus foumis; Le Ciel eft appaifé, puifqu'il vous rend un fils; Livrez l'infame Affur au Dieu qui vous pardon

ne.

SÉMIRAMIS.

Reçois pour te venger, mon fceptre, ma Cou

ronne;

Je les ai trop fouillés.

NINIAS.

Je veux tout ignorer,

Je veux avec l'Afie encor vous admirer,

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