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entre le dangereux fanatisme de quelques sectes turbulentes, et la religion catholique; c'est-à-dire, entre des opinions qui, après l'avoir quelque temps agitée, la ramèneroient au même point où elle se trouve présentement; et une doctrine stable, sévère parce qu'elle est parfaite, éminemment couservatrice, parce qu'elle est éminemment vraie, et qui seule pent la sauver à la fois de la lente dissolution de l'indifférence, et des troubles désastreux où la précipiteroient infailliblement les anarchiques erreurs des sectes indépendantes.

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Le reste de l'Europe, à l'exception de quelques contrées catholiques, est travaillé intérieurement de la même maladie Partout l'indifférence pour vérité conduit au systême de la liberté et de l'égalité religieuses. Ce systême se développe même, en plusieurs pays, plus rapidement qu'en Angleterre, parce qu'il n'a pas à surmonter la barrière des lois et de la constitution politique. On avone, il est vrai, qu'une Religion est nécessaire au peuple, mais une Religion quelconque; peu importe laquelle, on lui en laisse le choix ; et pour qu'il se décide plus libre

s'effrayoit des destinées que préparoit à l'Angleterre l'anarchie de doctrines à laquelle il la voyoit en proie. « Que deviendra, disoit-il, cette pauvre nation, placée comme

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» un corps de troupes, entre deux feux; la fureur de l'irréligion et la fureur du fanatisme! » Warburton's Letters, .pag. 47.

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ment, on les lui présente toutes avec un égal respect, ou plutôt un égal mépris. Les gouvernemens, s'il en est qui attachent encore de l'importance aux doctrines, au lieu de chercher à s'en aider, prennent à tâche de les neutraliser réciproquement par un habile mélange. Dupes ainsi que leurs sujets, et plus que leurs sujets, des lumières du siècle, ils semblent se plaire à secouer sur les peuples le flambeau de la sagesse moderne, à la lueur duquel il n'est rien qui ne paroisse indifférent ou faux, à commencer par leurs propres droits. On diroit qu'ils s'imaginent que les hommes seront plus dociles et moins remuans, quand on aura pétrifié les croyances, Ils ne se doutent pas que l'obéissance à l'autorité, même civile, lorsqu'elle n'est pas le produit violent de la contrainte, est le plus grand effort de la foi. S'il pouvoit y avoir quelque chose de ridicule, quand le sort des nations est compromis, ce seroit de voir ces absurdes contempteurs du bon sens et de l'expérience prodiguant leur protection à toutes les folies soi-disant religieuses qui ont jamais dégradé l'esprit humain, et formant des collections de cultes, comme on rassemble des tableaux dans un muséum. Grâce à cette neuve idée, la Religion publique n'est que l'assemblage de toutes les religions particulières. On paye des ministres pour enseigner que Jésus-Christ est le sauveur du monde, et on en paye d'autres pour le nier. Le sacerdoce

avili, et placé, comme un mineur, sous la tutèle de l'administration, dépend des caprices du dernier commis; et tandis que, chez les païens, il n'étoit pas un temple qui n'eût ses revenus sacrés, pas une divinité que ses adorateurs n'eussent rendue, en ' quelque sorte, indépendante en dotant ses autels, le Dieu des Chrétiens, à peine admis à une solde provisoire, figure chaque année sur un budget ou trageant, comme un salarié de l'État, en attendant sans doute que le moment soit venu de le réformer. Que la politique du siècle sourie complaisamment à ce sublime résultat de ses maximes; qu'elle s'applaudisse de la paix qu'elle a su établir entre des religions ennemies, il n'y a pas lieu de s'étonner, mais de gémir. La paix, une profonde paix régnoit aussi dans les champs lugubres où Germanicus trouva confondus les ossemens des Germains et des soldats de Varus.

Contemplez la société : c'est en l'observant d'un œil attentif qu'on peut apprécier équitablement le systême philosophique qu'on nous vante. La Religion, comme croyance, étoit partout, et son absence s'est fait sentir partout. Elle étoit dans le Gouvernement, pour veiller aux intérêts du peuple, et le protéger contre l'abus du pouvoir ou la tyrannie; elle étoit dans le peuple, pour veiller à la perpétuité du Gouvernement, et le protéger contre les entreprises de la multitude, ou l'anarchie; il

résultoit de là que le Gouvernement étoit doux et fort, et le peuple libre et soumis. Mais la Religion n'a pas plutôt cessé d'être une croyance divine, que les Gouvernemens et les peuples, établis dans une sorte d'état de guerre, parce que le pouvoir sans contre-poids tend au despotisme, et l'obéissance sans sécurité à la rébellion, ont été contraints de se demander des garanties mutuelles, et de chercher leur sûreté dans des pactes illusoires, attendu que les infractions n'ont d'autre juge que les parties mêmes. Telle est la cause qui enfante en Europe cette foule de constitutions moitié monarchiques, moitié républicaines, véritables traités temporaires entre le despotisme et l'anarchie.

La Religion étoit encore dans les nations, comme ressort, comme une source d'énergie patriotique, où la société, dans les momens de crise, puisoit une force de résistance et de conservation infinie. Ce qui s'est passé de nos jours en Espagne rend ceci bien sensible. On n'oubliera de long-temps ce cri généreux inspiré par le Christianisme à tout un peuple Mourons pour la cause juste! et les nobles efforts de ce peuple croyant, pour maintenir son indépendance, efforts que le succès a couronnés, et devoit nécessairement couronner, sont plus remarquables encore par le contraste de la foiblesse, on pourroit dire de la lâcheté de quelques autres nations. Ainsi la Religion, en forçant l'homme à

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obéir au pouvoir, assure la liberté des peuples; tandis que l'incrédulité, dont l'indifférence est le dernier terme, en détruisant le principe d'obéissance, dispose à la servitude, et y conduit tôt ou tard.

La Religion intervenoit comme législatrice et comme arbitre dans toutes les transactions sociales. Le mariage lui devoit sa sainteté; et, après avoir affermi et consacré le fondement de la famille, elle la conservoit par un sage accord d'autorité et de dépendance. Toutes les institutions empruntoient d'elle quelque chose de moral; et, comme le pouvoir est nécessaire partout où il y a réunion d'êtres semblables, dans la plus petite école aussi bien que dans le plus vaste empire, partout elle ennoblissoit l'obéissance par de sublimes motifs. Chose admirable! elle substituoit la vénération à l'envie, en montrant l'image de Dieu dans tout ce qui participoit à sa puissance. L'esprit de charité qui lui est propre rapprochoit les rangs sans les confondre, et les bienfaits d'une part, la reconnoissance de l'autre, formoient les doux liens qui les unissoient. De cette sorte, et en détachant le Chrétien des intérêts temporels, elle lioit étroitement l'homme à l'homme, les familles aux familles, les générations aux générations, les peuples même aux peuples. Qu'a-t-on vu succéder à cet heureux état? Dans le mariage, une brutale dissolution, et l'anéantisse

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