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et d'agir librement, Dieu, n'ayant eu d'autre dessein que de manifester ses perfections, a voulu que les lois immuables de sa sagesse fussent la règle de ces facultés, ou qu'il a voulu établir dans l'homme, être semblable à lui, le même ordre qu'en luimême.

Or, la Religion remplit excellemment cette importante fin et d'abord elle met l'ordre dans les pensées de l'homme, en les réglant par la loi éternelle de la vérité. Elle lui apprend à se connoître, à connoître le Médiateur qui l'unit à Dieu, et Dieu lui-même; en sorte qu'il possède implicitement toutes les vérités, puisqu'il possède Dieu, qui en est le principe. Ce n'est pas, qu'embrassant de toutes parts le souverain Être, il puisse s'en former une notion exempte d'obscurités. Il n'appartient qu'à Dieu de se connoître ainsi. S'apercevant tel qu'il est, et selon tout ce qu'il est, par un seul acte de sa puissante intelligence, il n'est à luimême qu'une grande pensée; et toutes ses perfections se confondant, en quelque sorte, dans l'immense idée de l'être, de toutes les idées la plus positive, il ne peut non plus se définir que par cette sublime affirmation: Je suis celui qui suis.

Or, par cela même qu'elle a des bornes, l'intelligence humaine n'aperçoit rien avec cette parfaite clarté. Ce qu'elle ignore obscurcit plus ou moins ce qu'elle connoît; car chaque partie ayant des rap

ports nécessaires au tout, il faut connoître le tout, pour connoître parfaitement la moindre de ses parties. De là vient que la raison ne comprend Hien pleinement. Une foible et vacillante lueur marque à peine quelques contours, quelques légers traits des objets qu'elle considère. Sitôt qu'elle en veut pénétrer la nature intime, d'épaisses ombres arrêtent ses regards, et la repoussent dans l'ignorance dont elle tâchoit de sortir. Voilà sa condition, aussi triste qu'irrémédiable, quand elle est réduite à chercher le vrai par ses seules forces. Incapable d'affirmer, incapable de nier, perpétuellement flottante au gré des probabilités contraires sur la vaste mer du doute, ce ne sera pas elle qui affermira la pensée de l'homme, jusqu'à la rendre aussi inébranlable que la pensée de Dieu : et néanmoins il le faut, pour que notre intelligence soit véritablement l'image de l'intelligence divine, infinie en certitude comme en étendue. Qui viendra donc au secours de cette intelligence débile? Quelle puissante main la soulèvera jusqu'à cette hauteur? Qui mettra, ô homme! sur tes lèvres tremblantes, cette parole que tu dois prononcer avec une aussi pleine assurance que Dieu même : Il est celui qui est ? ce sera la Religion et comment? Ne pensez pas qu'elle aille follement charger la raison du poids de la vérité infinie, qu'elle ne sauroit porter. Non, mais elle suppléera

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par la foi à la foiblesse de l'intelligence. Après avoir prouvé son autorité divine, elle ordonnera à l'homme de croire ce qu'il ne peut encore comprendre, et elle mettra dans ses croyances, infinies dans leur objet, infinies en certitude, puisqu'elles reposent sur un témoignage divin, le même ordre qui existe dans les idées de Dieu : et comme les mêmes vérités sont connues, par la même foi, de toutes les intelligences, il y a société entre elles et le grand Etre qui les a créées pour lui.

Le lien essentiel de cette société est le Médiateur, par qui seul nous connoissons Dieu : Personne ne connoit le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils a voulu le révéler (1). Nous ne pouvions trouver en nous cette sublime idée, qui renferme l'infini. Que dis-je ? Nous ne trouvons en nous-mêmes aucune vérité; elles nous viennent toutes du dehors; la raison n'est que la capacité de les recevoir, de les reconnoître et de les combiner; et, à cause de notre double nature, il faut, pour nous devenir perceptibles, qu'elles revêtent une forme sensible, qu'elles s'incarnent, pour ainsi dire. La parole est comme le corps, qui nous rend les idées visibles; elles s'effacent de notre esprit avec leur expression. Il n'est donc pas surprenant

(1) Nemo novit Patrem, nisi Filius, et qui voluerit Filius revelare. Matth. x1, 27.

que nous ne connoissions Dieu même que par sa Parole ou son Verbe; ni que cette Parole immatérielle, voulant se communiquer à nous, sans altérer notre nature, s'en soit elle-même revêtue: Et le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous (1); car, dans l'ordre établi, il falloit qu'il fût corps, pour parler à notre entendement. La sagesse éternelle restant ce qu'elle est, s'est mise en rapport avec l'homme, restant aussi ce qu'il est; et l'union de la Divinité et de l'humanité, dans la personne du Verbe, représente rigoureusement l'union qu'il est venu établir entre Dieu et le genre humain. Je suis venu, dit l'Homme-Dieu luimême, apporter dans le monde la vérité, ou, selon l'expression remarquable de l'Evangile, pour lui rendre témoignage ; c'est-à-dire, non pas, chose impossible, pour la faire comprendre parfaitement à l'homme, mais pour lui déclarer qu'elle est, et ce qu'elle est: Quiconque aime la vérité m'écoute (2). De cette sorte, la certitude du té moignage remplaçant la certitude de l'évidence, l'homme a pu, sans changer de nature, possé

(1) Et verbum caro factum est, et habitavit in nobis. Joan. c. 1, 14.

(2) Ego in học natus sum, et ad hoc veni in mundum, ut testimonium perhibeam veritati: omnis qui est ex veritate, audit vocem meam. Joan. xviii, 37.

der pleinement la vérité infinie; il a pu devenir enfant de Dieu, ou entrer en société avec lui, car la famille est l'image et l'élément de toute société ; et cela librement, parce que si l'esprit n'est pas libre de refuser d'acquiescer à l'évidence, la volonté est toujours libre d'écouter ou non un témoignage, de l'admettre ou de le rejeter et c'est même ainsi qu'en croyant, sans y être forcé par une évidence intrinsèque et invincible, l'homme rend volontairement à Dieu un hommage digne de lui, véritable adoration en esprit et en vérité, qui consiste à reconnoître, par une soumission parfaite à sa parole, la dépendance infinie où notre raison est de la raison divine.

Il ne suffisoit pas cependant d'avoir promulgué la vérité, il falloit encore pourvoir à sa conservation, car son règne doit être éternel, il falloit la préserver de tout mélange, et la rendre reconnoissable et accessible à tous les hommes, par une voie analogue à leur nature. Jésus-Christ, ou le Médiateur, remplit merveilleusement ce grand objet; et, dans le moyen qu'il choisit, on admire à la fois, et une si profonde connoissance de l'homme qu'elle ne pouvoit appartenir qu'à un être surhumain, et ce beau caractere" d'unité, particulièrement propre aux oeuvres de Dieu. Que fait-il en effet? Ecrit-il sa doctrine dans un livre? Cherche-t-il à l'environner de tant de preuves de

de

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