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vertueux qui succomba sous la rage de quelques scélérats; ce fut le pouvoir lui-même, vivanteimage de la Divinité dont il émane, ce fut le principe de l'ordre et de l'existence politique, ce fut la société entière qui périt.

Et certes on n'en put pas douter, lorsqu'on vit placer le droit de révolte au nombre des lois fondamentales de l'Etat, et consacrer l'insurrection comme le plus saint des devoirs. Jamais, dans le cours des âges précédens, aucun peuple n'étoit parvenu jusqu'à ce prodigieux excès de délire, de protester, en tête de sa constitution, contre toute espèce de gouvernement: cette absurdité incompréhensible devoit être réservée au siècle de la: raison.

Alors, sur les débris de l'antel et du trône, sur les ossemens du prêtre et du souverain, commença le règne de la force, le règne de la haine et de la terreur : effroyable accomplissement de cette prophétie : « Un peuple entier se muera, >> homme contre homme, voisin contre voisin; et, » avec un grand tumulte, l'enfant se lèvera contre » le vieillard, la populace contre les grands; parce » qu'ils ont opposé leur langue et leurs inventions » contre Dieu (1)». Pour peindre cette scène

(1) Et irruet populus, vir ad virum, et unusquisque ad proximum suum : tumultuabitur puer contrà senem, et

épouvantable de désordres et de forfaits, de dissolution et de carnage, cette orgie de doctrines, ce choc confus de tous les intérêts et de toutes les passions, ce mélange de proscriptions et de fêtes impures, ces cris de blasphême, ces chants sinistres, ce bruit sourd et continu du marteau qui démolit, de la hache qui frappe les victimes, ces détonations terribles et ces rugissemens de joie, lugubre annonce d'un vaste massacre, ces cités veuves, ces rivières encombrées de cadavres, ces temples et ces villes en cendre, et le meurtre, et la volupté, et les pleurs, et le sang; il faudroit emprunter à l'enfer sa langue, comme quelques monstres lui empruntèrent ses fureurs.

« Si le monde, avoit dit Voltaire, étoit gou» verné par des athées, il vaudroit autant être sous » l'empire immédiat de ces êtres infernaux qu'on >> nous peint acharnés contre leurs victimes (1) ». Des athées gouvernèrent la France, et, dans l'espace de quelques mois, ils y accumulèrent plus de ruines qu'une armée de Tartares n'en auroit laisser en Europe pendant dix années d'invasion. Jamais, depuis l'origine du monde, une telle puissance de destruction n'avoit été donnée à l'homme.

pu

ignobilis contrà nobilem.... quia lingua eorum et adinventiones eorum contrà Dominum. Is. c. 111, *. 5, 8. (1) Homél. sur l'Athéisme.

Dans les révolutions ordinaires, le pouvoir se déplace, mais descend peu. Il n'en fut pas ainsi quand l'athéisme triompha. Comme s'il eût fallu que, sous l'empire exclusif de l'homme, tout portât un caractère particulier d'abjection, la force, fuyant les hautes et nobles parties du corps social, se précipita entre les mains de ses plus vils membres, et leur orgueil, que tout offensoit, n'épar gna rien. Ils ne pardonnèrent ni à la naissance, parce qu'ils étoient sortis de la boue, ni aux richesses, parce qu'ils les avoient long-temps enviées, ni aux talens, parce que la nature les leur avoit tous refusés, ni à la science, parce qu'ils se sentoient profondément ignorans, ni à la vertu, parce qu'ils étoient couverts de crimes, ni enfin au crime même, lorsqu'il annonça quelque espèce de supériorité. Entreprendre de tout ramener à leur niveau, c'étoit s'engager à tout anéantir. Aussi, dès-lors, gouverner, ĉe fut proscrire, confisquer, et proscrire encore. On organisa la mort dans chaque bourgade; et, achevant avec des décrets ce qu'on avoit commencé avec des poignards, on voua des classes entières de citoyens à l'extermination; on ébranla par le divorce le fondement de la famille; on attaqua le principe même de la population, en accordant des encouragemens publics au libertinage (*).

(*) La sagesse des législateurs de 1793 jugea les filles

Cependant la haine de l'ordre, trop à l'étroit sur ce vaste théâtre de destruction, franchit les frontières, et alla menacer sur leurs trônes tous les souverains de l'Europe. L'athéisme eut ses apôtres, et l'anarchie ses Séides. La guerre, redevenant ce qu'elle est chez les sauvages, on arrêta de ne faire aucun prisonnier. L'honneur du soldat frémit, et repoussa cet ordre barbare. Mais, hors des camps, l'enfance même ne put désarmer la rage, ni attendrir les bourreaux. Je me lasse de rappeler tant d'inexpiables horreurs. La France, couverte de débris, offroit l'image d'un immense cimetière, quand, chose étonnante! voilà qu'au milieu de ces ruines, les princes mêmes du désordre, saisis d'une terreur soudaine, reculent épouvantés, comme si le spectre du néant leur eût apparu. Sentant qu'une force irrésistible les entraîne euxmêmes au tombeau, leur orgueil fléchit tout à coup. Vaincus d'effroi, ils proclament en hâte l'existence de l'Étre-Suprême et l'immortalité de l'ame; et debout, sur le cadavre palpitant de la société, ils appellent à grands cris le Dieu qui seul peut la ranimer.

publiques, ou, comme on les appeloit, les filles-mères, si utiles à l'État, qu'on proposa de leur assigner des pensions sur le trésor public. On voyoit sans doute en elles les prétresses de la Raison; et pour conserver la divinité, on s'occupoit de doter son culte.

Je

Je m'arrête; qu'ajouterois-je à cet exemple éternellement mémorable? Le raisonnement, l'autorité, l'expérience, s'accordent donc pour démontrer que la Divinité est le premier besoin des nations, la raison de leur existence, et que toute philosophie irréligieuse tend à détruire l'ordre social, le bonheur des peuples, et les peuples même. Je prouverai maintenant que la Religion seule les conserve et les conduit au bonheur, en les établissant dans un état conforme à la nature. de la société.

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