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lui dire, elle répond froidement : Que m'importe? et détourne la tête en souriant de dédain.

L'athéisme, disoit Leibnitz, sera la dernière des hérésies; et en effet, l'indifférence qui marche à sa suíte n'est point une doctrine, puisque les indifférens réels ne nient rien, n'affirment rien; ce n'est pas même le doute; car le doute, état de suspension entre des probabilités contraires, suppose un examen préalable; c'est une ignorance sys1 tématique, un sommeil volontaire de l'ame, qui épuise sa vigueur à résister à ses propres pensées, et à lutter contre dessouvenirs importuns, un engourdissement universel des facultés morales, une privation absolue d'idées sur ce qu'il importe le plus à l'homme de connoître. Tel est, autant du moins que le discours peut représenter ce qui n'offre rien que de vague, d'indécis et de négatif; tel est le inonstre hideux et stérile qu'on appelle indifférence. Toutes les théories philosophi

ques,

ques, toutes les doctrines d'impiété, sont venues se fondre et disparoître dans ce systême dévorant, véritable tombeau de l'intelligence, où elle descend seule, nue, également abandonnée de la vérité et de l'erreur; sépulcre vide, où l'on n'aperçoit pas même d'ossemens.

De cette fatale disposition, devenue presque universelle, est résulté, sous le nom de tolérance, un nouveau genre de persécution et d'épreuves, la dernière, sans doute, que le Christianisme doit subir (1). En vain une philosophie hypocrite fait retentir au loin les mots séduisans de modération, d'indulgence, de mutuel support et de paix; le miel perfide de ses paroles déguise mal l'amertume des sentimens que son cœur

(1) Celle qui nous est prédite pour la fin des temps, sera, en quelque sorte, une guerre personnelle de l'homme de péché contre Dieu, et l'état vers lequel nous marchons est un des signes auxquels on reconnoîtra cette dernière guerre annoncée par Jésus-Christ. Croyez-vous, quand je viendrai, que je trouve encore de la foi sur la terre? Luc. XVIII, 8.

nourrit. Sa haine invétérée contre tout principe religieux, quoi qu'elle fasse, perce à travers ces feintes démonstrations de bienveillance générale et de douceur. Etrange modération en effet, et plus étrange tolérance! On a bien entendu dire que la sagesse quelquefois conseilloit de tolérer temporairement certaines erreurs; mais tolérer la vérité, qu'est-ce autre chose qu'une prétention insolente et sacrilége, une séditieuse protestation contre la souveraineté qui lui appartient dans le monde moral, un implicite aveu de l'impuissance où l'on est de la détruire? Qui jamais ouït parler, avant ce siècle des lumières, de tolérer l'immortalité de l'ame, la vie future, le châtiment du crime et les récompenses de la vertu, de tolérer Dieu ! Aussi, à quoi se réduit en réalité cette tolérance? Contemplez l'état de la Religion: on ne la proscrit plus, mais on l'asservit; on n'égorge plus ses ministres, mais on les dégrade, pour mieux enchaîner

gouverne

le ministère. L'avilissement est l'arme avec laquelle on la combat. On lui prodigue le mépris, l'outrageant dédain, et l'injure encore plus amère d'une insultante protection. Quelques pièces de monnoie, que l'avarice qui donne envie à la misère qui reçoit, des honneurs dérisoires, des entraves sans nombre, des lois oppressives, des dégoûts perpétuels et des fers; voilà les magnifiques largesses dont la plupart des mens ne se lassent point de la combler. Instruits par une expérience terrible, ils n'osent plus essayer de s'en passer entièrement; mais un sentiment plus fort que la voix de l'expérience les porte à démolir d'une main ce qu'ils édifient de l'autre. L'intérêt même, l'intérêt, d'ordinaire si puissant, n'a pas assez de pouvoir pour les engager à dissimuler l'aversion secrète que leur inspirent les croyances qui sont leur sauve-garde. Convaincue à regret de la nécessité d'unir la terre au ciel, et l'homme à son

Auteur, la haute politique de nos jours va chercher au fond du sanctuaire l'Étre souverain qu'on y adore; elle le revêt de lambeaux de pourpre, lui met un sceptre de roseau à la main, sur la tête une couronne d'épines, et le montre au peuple, en disant : Voilà Dieu !

Doit-on s'étonner que la Religion, ainsi humiliée, déshonorée, ne recueille que l'indifférence? Après dix-huit cents ans de combats et de triomphes, le Christianisme éprouve enfin le même sort que son fondateur. Cité, pour ainsi dire, à comparoître, non pas devant un proconsul, mais devant le genre humain tout entier, on l'interroge: Es-tu roi ? Est-il vrai, comine on t'en accuse, que tu prétendes régner sur nous? C'est vous-même qui l'avez dit, répond-il; oui, je suis roi: je règne sur les intelligences en les éclairant, sur les coeurs en réglant leurs mouvemens, et jusqu'à leurs désirs; je règne sur la société par mes bienfaits. Le monde étoit enseveli dans les ténèbres

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