Obrazy na stronie
PDF
ePub

les puissances du Seigneur (1), alors dans sa méditation même s'allume le feu (2) d'une sainte ivresse, et pour soulager l'ardeur qui le consume, il éclate encore par un cantique: Mon cœur, dit-il, a conçu une parole excellente; c'est au Roi même que je dédie mes chants; et il redit la beauté de l'Epoux vainqueur et les grâces de l'Epouse (3). Ainsi, pour l'homme de Contemplation, la prière liturgique est tantôt le principe, tantôt le résultat des visites du Seigneur.

Mais elle est surtout divine en ce qu'elle est à la fois le lait des enfants et le pain des forts; en ce que, semblable au pain miraculeux du désert, elle prend à la fois tous les goûts de ceux qui s'en nourrissent. Ceux même qui ne sont pas du nombre des enfants de Dieu, admirent quelquefois en elle cette incommunicable propriété, et conviennent que l'Eglise Catholique seule connaît le mystère de la prière, et c'est parce qu'il n'y a pas à proprement parler de prière liturgique chez les Protestants, qu'ils n'ont pas non plus d'écrivains ascétiques. Sans doute, le divin Sacrement de l'Eucharistie étant le centre de la Religion, son absence suffirait bien pour rendre raison de ce défaut absolu d'onction qui caractérise tous les produits de la Réforme; mais la

(1) Psalm. LXX. 6. —(2) Ibid. XXXVIII. 4. (3) Ibid. XLIV.

Liturgie est tellement liée à l'Eucharistie dont elle forme la glorieuse auréole, que les Heures Canoniales. ont cessé, et devaient cesser en effet partout où le dogme de la Présence Réelle était aboli.

[ocr errors]

Jésus-Christ même est donc le moyen, aussi bien que l'objet de la Liturgie, et c'est pourquoi l'Année Ecclésiastique que nous nous proposons de développer dans cet ouvrage, n'est autre que la manifestation de JésusChrist, et de ses mystères dans l'Eglise et dans l'âme fidèle. C'est là le Cycle divin où rayonnent à leur place toutes les œuvres de Dieu; le Septénaire de la Création; la Pâque et la Pentecôte de l'ancien peuple; l'ineffable Visite du Verbe incarné, son Sacrifice, sa Victoire; la descente de son Esprit; la commémoration de Marie, des Anges, des Saints; en sorte que l'on peut dire qu'il a son point de départ sous la Loi des Patriarches, ses progrès dans la Loi écrite, sa consommation toujours croissante, sous la Loi d'amour, jusqu'à ce qu'étant enfin complet, il s'évanouisse dans l'éternité, comme la Loi écrite tomba d'elle-même au jour où l'invincible force du Sang de l'Agneau fendit en deux le voile du Temple.

Combien nous voudrions pouvoir raconter dignement les merveilles saintes de ce Calendrier mystique, dont l'autre n'est que la figure et l'humble support!

Que nous serions heureux de faire bien comprendre toute la gloire qui revient à l'auguste Trinité, au Sauveur, à Marie, aux Esprits bienheureux et aux Saints, de cette annuelle commémoration de tant de merveilles! Si l'Eglise renouvelle chaque année sa jeunesse, comme l'Aigle (1), c'est parce que, au moyen du Cycle liturgique, elle est visitée par son Epoux dans la proportion de ses besoins. Chaque année, elle le revoit enfant dans la crèche, jeûnant sur la montagne, s'offrant sur la croix, ressuscitant du sépulcre, remontant à la droite de son Père, et les grâces de ces divins mystères sont tour à tour renouvelées en elle, en fécondé suivant le besoin, le Jardin de délices envoie à l'Epoux en tout temps, sous le souffle de l'Aquilon et de l'Auster, la délicieuse senteur de ses parfums (2). Chaque année, l'Esprit de Dieu reprend possession de sa bien aimée, et lui assure lumière et amour; chaque année, elle puise un surcroît de vie dans les maternelles influences que la Vierge bénie épanche sur elle, aux jours de ses joies, de ses douleurs et de ses gloires; enfin, les brillantes constellations que forment dans leur radieux mélange les Esprits des neuf choeurs et les Saints des divers ordres, d'Apôtres, de

sorte que,

[blocks in formation]

Martyrs, de Confesseurs et de Vierges, versent sur elle de puissants secours et d'ineffables consolations.

Or, ce que l'Année Liturgique opère dans l'Eglise en général, elle le répète dans l'âme de chaque fidèle attentif à recueillir le don de Dieu. Cette succession des saisons mystiques assure au Chrétien les moyens de cette vie surnaturelle, sans laquelle toute autre vie n'est qu'une mort plus ou moins déguisée, et il est des âmes tellement éprises de ce divin successif qui est dans le Cycle catholique, qu'elles parviennent à en ressentir physiquement les révolutions, la vie surnaturelle absorbant l'autre, et le calendrier de l'Eglise celui des astronomes.

Puissent donc les lecteurs catholiques de cet ouvrage se garder de cette tiédeur de la foi, de ce sommeil de l'amour qui ont presque effacé le Cycle qui était autrefois, et qui doit toujours être la joie des peuples, la lumière des doctes, le livre des humbles.

De tout ceci, le lecteur conclura avec raison que notre intention n'est rien moins que de mettre en œuvre les ressources de notre esprit, tel quel, pour bâtir un système et faire de l'éloquence, de la philosophie, ou toute autre belle chose, à propos des mystères de l'Année Ecclésiastique. Nous n'avons qu'un but, et nous demandons humblement à Dieu de l'atteindre; c'est de servir d'interprète à la Sainte Eglise, de mettre les fidèles

à portée de la suivre dans sa prière de chaque saison mystique, et même de chaque jour et de chaque heure. A Dieu ne plaise que nous nous permettions jamais de mettre nos pensées d'un jour à côté de celles que notre Seigneur Jésus-Christ, qui est la divine Sagesse, inspire à son Eponse bien aimée ! Toute notre application sera de saisir l'intention de l'Esprit Saint dans les diverses phases de l'Année Liturgique, nous inspirant de l'étude attentive des plus anciens et des plus vénérables monuments de la prière publique, et aussi des sentiments des Saints Pères et des auteurs Ecclésiastiques approuvés; en sorte qu'à l'aide de tous ces secours, nous puissions offrir aux fidèles la moelle des prières Ecclésiastiques, et réunir, s'il est possible, l'utilité pratique et cette agréable variété qui soulage et qui réjouit.

Dans cet ouvrage, nous insisterons sur le culte des Saints, parce que c'est un des grands besoins de la piété dans tous les temps, mais surtout au temps présent. La dévotion à la personne adorable du Sauveur a repris, chez nous, une nouvelle vigueur; le culte de la Sainte Vierge s'étend et s'accroît; que la confiance dans les Saints renaisse aussi, et alors auront disparu les traces de cette déviation dans laquelle l'influence sourde du Jansénisme entraînait la piété française. Néanmoins, comme il faut savoir se borner, nous

« PoprzedniaDalej »