Obrazy na stronie
PDF
ePub

d'écarter de dessus son peuple, quand il disait Ne fermez pas, Seigneur, les bouches de ceux qui chantent vos louanges (1).

Mais, par la miséricorde de Dieu, nous n'avons pas été consumés (2) ; les restes d'Israël ont été réservés (3), et voici que le nombre des croyants s'accroît dans le Seigneur (4). Que s'est-il donc passé dans le cœur du Seigneur notre Dieu pour motiver ce retour miséricordieux? c'est que la prière a repris son cours. De nombreux choeurs de vierges sacrées auxquels se joint, quoique en nombre bien inférieur encore, le chant plus mâle des fils du cloître, se font entendre sur notre terre, comme la voix de la tourterelle (5). Cette voix prend de la force tous les jours; c'est pourquoi le Seigneur fait briller son arc-en-ciel sur la nue. Puissent bientôt les échos de nos Cathédrales se réveiller aux accents de cette solennelle prière qu'ils ont répétée si long-temps! Puissent la foi et la munificence des fidèles faire revivre les prodiges de ces siècles passés qui ne furent si grands que parce que les institutions publiques ellesmêmes rendaient alors hommage à la toute-puissance de la prière!

Mais cette prière liturgique deviendrait bientôt im

[ocr errors][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

puissante, si les fidèles la laissaient retentir sans s'y joindre de cœur, quand ils ne peuvent y prendre une part extérieure. Elle ne vaut pour le salut des nations qu'autant qu'elle est comprise. Dilatez donc vos cœurs, enfants de l'Eglise Catholique, et venez prier de la prière de votre mère. Venez par votre adhésion compléter cette harmonie qui charme l'oreille de Dieu. Que l'esprit de prière se ranime à sa source naturelle. Laisseznous vous rappeler cette exhortation de l'Apôtre aux premiers fidèles: Que la paix du Christ tressaille dans vos cœurs; que le Verbe du Christ habite en vous en toute sagesse; et vous-mêmes instruisez-vous et exhortezvous mutuellement dans les psaumes, les hymnes et les cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos cœurs, par sa grâce (1).

Assez long-temps, pour remédier à un mal vaguement senti, on a cherché l'esprit de prière et la prière elle-même dans des méthodes, dans des livres qui renferment, il est vrai, des pensées louables, pieuses même, mais des pensées humaines. Cette nourriture est vide; car elle n'initie pas à la prière de l'Eglise elle isole au lieu d'unir. Tels sont tant de recueils de formules et de considérations, publiés sous divers titres depuis deux siècles,

(1) Col. III. 15. 16.

et dans lesquels on s'est proposé d'édifier les fidèles, et de leur suggérer, soit pour l'assistance à la Messe, soit pour la réception des Sacrements, soit pour la célébration des Fêtes de l'Eglise, certaines affections plus ou moins banales, et toujours puisées dans l'ordre d'idées et de sentiments qui se trouvaient être les plus familiers à l'auteur du livre. De là encore la couleur si diverse de ces sortes d'écrits qui servent, il est vrai, faute de mieux, aux personnes déjà pieuses, mais demeurent sans influence quand il s'agit d'inspirer le goût et l'esprit de la prière à ceux qui ne l'ont pas encore.

Mais on dira peut-être qu'en réduisant tous les livres pratiques de la piété chrétienne au simple commentaire de la Liturgie, on s'expose à affaiblir et même à anéantir, par des formes trop positives, l'esprit d'Oraison et de Contemplation qui est un des Dons principaux de l'Eglise de Dieu. A cela nous répondrons d'abord qu'en proclamant l'incontestable supériorité de la prière liturgique sur la prière individuelle, nous n'allons pas jusqu'à dire qu'on doive abolir les méthodes individuelles nous voulons seulement les mettre à leur place. Nous dirons ensuite que si, dans la divine Psalmodie, on compte plusieurs degrés, en sorte que les inférieurs s'appuient encore sur la terre et sont accessibles aux âmes qui ont encore à opérer les travaux

de la vie purgative; à mesure aussi qu'elle s'élève sur cette échelle mystique, l'âme se sent illuminée d'un rayon céleste, et parvenue au sommet, trouve l'union et le repos dans le souverain bien. En effet, ces saints Docteurs des premiers siècles, ces divins Patriarches de la solitude, où puisaient-ils la lumière et la chaleur qui étaient en eux, et qu'ils ont laissées si vivement empreintes dans leurs écrits et dans leurs œuvres, si ce n'est dans ces longues heures de la Psalmodie durant lesquelles la vérité simple et multiforme passait sans cesse devant les yeux de leur âme, la remplissant, à grands flots, de lumière et d'amour? Qui a donné au séraphique Bernard cette onction merveilleuse qui coule en fleuve de miel dans tous ses écrits; à l'auteur de l'Imitation, cette suavité, cette manne cachée qui, après tant de siècles, ne s'affadit jamais; à Louis de Blois, cette douceur et cette tendresse inénarrables qui émeuvent tout homme qui voudra lui prêter son cœur; si ce n'est l'usage habituel de la Liturgie au milieu de laquelle leur vie s'écoulait avec un mélange de chants et de soupirs?

Que l'âme épouse du Christ, prévenue des désirs de l'Oraison, ne craigne donc point de se dessécher au bord de ces eaux merveilleuses de la Liturgie, qui tantôt murmurent comme le ruisseau, tantôt, comme le

torrent, roulent en grondant, tantôt inondent comme la mer; qu'elles approchent et boivent cette eau limpide et pure qui jaillit jusqu'à la vie éternelle (1); car cette eau émane des fontaines mêmes du Sauveur (2), et l'Esprit de Dieu la féconde de sa vertu pour qu'elle soit douce et nourrissante au cerf altéré (3). Que l'âme séduite par les charmes de la Contemplation, ne s'effraie point non plus de l'éclat et de l'harmonie des chants de la prière liturgique. N'est-elle pas elle-même un instrument d'harmonie sous la touche divine de cet Esprit qui la possède? Certes, elle ne doit pas entendre le céleste Colloque autrement que le Psalmiste lui-même, cet organe de toute vraie prière, avoué de Dieu et de l'Eglise? Or, n'est-ce pas à sa harpe qu'il a recours, quand il veut allumer dans son cœur la flamme sacrée, et qu'il dit: Mon cœur est prêt, ó Dieu! mon cœur est prêt; je chanterai donc, je ferai retentir le psaume. Lève-toi, ô ma gloire! lève-toi, ô ma harpe! Dès le matin, je m'éveillerai; je vous chanterai, Seigneur, devant les peuples; je psalmodierai en présence des nations; car votre miséricorde est grande au-dessus des cieux, et votre vérité au-delà des nuages (4). D'autres fois, si, recueillant ses sens, il est entré dans

[blocks in formation]
« PoprzedniaDalej »