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que doit leur inspirer l'attente du souverain Juge, ni les amis de l'Epoux (1), de l'espérance qu'ils nourrissent chèrement d'être bientôt conviés aux Noces de l'éternité.

Les yeux du peuple sont avertis de la tristesse qui préoccupe le cœur de la sainte Eglise par la couleur de deuil dont elle se couvre. Hors les fêtes des Saints, elle ne revêt plus que le violet; le Diacre dépose la Dalmatique, et le sous-Diacre la Tunique. Autrefois même, on usait de la couleur noire en plusieurs lieux, comme à Tours, au Mans, etc. Ce deuil de l'Eglise marque avec quelle vérité elle s'unit aux vrais Israélites qui attendaient le Messie sous la cendre et le cilice, et pleuraient la gloire de Sion éclipsée, et le sceptre ôté de Juda, jusqu'à ce que vienne celui qui doit être envoyé et qui est l'attente des nations (2). Il signifie encore les œuvres de la pénitence par lesquelles elle se prépare au second Avénement plein de douceur et de mystère, qui a lieu dans les cœurs en proportion de ce qu'ils se montrent touchés de la tendresse que leur témoigne cet Hôte divin qui a dit: Mes délices sont d'être avec les enfants des hommes (3). Il exprime enfin la désolation de cette veuve attendant l'Epoux qui tarde à paraître. Elle gémit sur la montagne comme la tourterelle, jusqu'à ce que la voix se fasse entendre qui dira: Viens du Liban, mon Epouse, viens pour étre couronnée, car tu as blessé mon cœur (4).

Pendant l'Avent, l'Eglise suspend aussi, excepté aux Fêtes des Saints, l'usage du Cantique Angélique: Gloria

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in excelsis Deo, et in terra pax hominibus bonæ volun– tatis. En effet, ce chant merveilleux ne s'est fait entendre qu'en Bethlehem sur la crèche de l'enfant divin ; la langue des Anges n'est donc pas déliée encore; la Vierge n'a pas déposé son divin fardeau; il n'est pas temps de chanter, il n'est pas encore vrai de dire: Gloire à Dieu au plus haut des Cieux ! sur la terre, paix aux

hommes de bonne volonté !

De même, à la fin du Sacrifice, la voix du Diacre ne fait plus entendre ces paroles solennelles qui congédient l'asssemblée des fidèles: Ite, Missa est. Il les remplace par cette exclamation ordinaire : Benedicamus Domino, comme si l'Eglise craignait d'interrompre les prières du peuple qui ne sauraient être trop prolongées dans ces jours d'attente.

A l'Office de la Nuit, la sainte Eglise suspend aussi, dans les mêmes jours, l'Hymne de jubilation, Te Deum laudamus. C'est dans l'humilité qu'elle attend le bienfait souverain, et dans cette attente, elle ne peut que demander, supplier, espérer. Mais à l'heure solennelle, quand au milieu des ombres les plus épaisses, le Soleil de justice viendra à se lever tout-à-coup, elle retrouvera sa voix d'action de grâces, et le silence de la nuit fera place, par toute la terre, à ce cri d'enthousiasme : Nous vous louons, ó Dieu! Seigneur, nous vous célébrons! O Christ! Roi de gloire, Fils éternel du Père! pour la délivrance de l'homme, vous n'avez point eu horreur du sein d'une faible Vierge.

Dans les jours de Férie, avant de conclure chaque heure de l'Office, les Rubriques de l'Avent prescrivent des prières particulières qui doivent se faire à genoux;

le choeur doit aussi se tenir dans la même posture, aux mêmes jours, durant une partie considérable de la Messe. Sous ce rapport, les usages de l'Avent sont totalement identiques à ceux du Carême.

Toutefois, il est un trait spécial qui distingue ces deux temps; c'est que le chant de l'allégresse, le joyeux alleluia n'est pas suspendu durant l'Avent, si ce n'est aux jours de Férie. A la Messe des quatre Dimanches, il est encore chanté, et contraste avec la couleur sombre des ornements. Il est même un de ces Dimanches, le troisième, où l'orgue retrouve sa grande et mélodieuse voix, et où la triste parure violette peut un moment faire place à la couleur rose. Ce souvenir des joies passées qui se retrouve ainsi au fond des saintes tristesses de l'Eglise, dit assez que, tout en s'unissant à l'ancien peuple pour implorer la venue du Messie, et payer ainsi la grande dette de l'humanité envers la justice et la clémence de Dieu elle n'oublie cependant pas que l'Emmanuel est déjà venu pour elle, qu'il est en elle, et qu'avant même qu'elle ait ouvert la bouche pour demander le salut, elle est déjà rachetée et marquée pour l'union éternelle. Voilà pourquoi l'Alleluia se mêle à ses soupirs, pourquoi sont empreintes en elle toutes les joies et toutes les douleurs, en attendant que la joie surabonde à la douleur, en cette nuit sacrée qui sera plus radieuse que le plus brillant des jours.

CHAPITRE III.

PRATIQUE DE L'AVENT.

Si la sainte Eglise notre mère passe le temps de l'Avent dans cette solennelle préparation au triple Avénement de Jésus-Christ; si, comme les vierges sages, elle tient sa lampe allumée pour l'arrivée de l'Epoux; nous, qui sommes ses membres et ses enfants, nous devons participer aux sentiments qui l'animent, et prendre pour nous cet avertissement du Sauveur : Que vos reins soient ceints d'une ceinture comme ceux des voyageurs; que des flambeaux allumés brillent dans vos mains, et soyez semblables à des serviteurs qui attendent leur maitre (1). En effet, les destinées de l'Eglise sont les nôtres; chacune de nos âmes est de la part de Dieu l'objet d'une miséricorde, d'une prévenance, semblables à celles dont il use à l'égard de l'Eglise elle-même. Elle n'est le temple de Dieu, que parce qu'elle est composée de pierres vivantes; elle n'est l'Epouse, que parce qu'elle est formée de toutes les âmes qui sont conviées à l'éternelle union. S'il est écrit que le Sauveur s'est acquis l'Eglise par son sang (2), chacun de nous peut dire, en parlant de soi-même, comme saint Paul: Le Christ m'a aimé et s'est livré pour moi (3). Les destinées

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étant donc les memes, nous devons nous efforcer, durant l'Avent, d'entrer dans les sentiments de préparation dont nous venons de voir que l'Eglise est remplie.

Et d'abord, c'est pour nous un devoir de nous joindre aux Saints de l'ancienne Loi pour demander le Messie, et d'accomplir ainsi cette dette du genre humain tout entier envers la divine miséricorde. Afin de nous animer à l'accomplissement de ce devoir, transportons-nous par la pensée dans le cours de ces quatre mille ans représentés par les quatre semaines de l'Avent, et songeons à ces ténèbres, à ces crimes de tout genre au milieu desquels l'ancien monde s'agitait. Que notre cœur sente vivement la reconnaissance qu'il doit à celui qui a sauvé sa créature de la mort, et qui est descendu pour voir de plus près et partager toutes nos misères, hors le péché. Qu'il crie avec l'accent de la détresse et de la confiance vers celui qui voulut sauver l'œuvre de ses mains, mais qui veut aussi que l'homme demande et implore son salut. Que nos désirs et notre espérance s'épanchent donc dans ces ardentes supplications des anciens Prophètes, que l'Eglise nous met à la bouche en ces jours d'attente; prêtons nos cœurs, dans toute leur étendue, aux sentiments qu'ils expriment.

Ce premier devoir étant rempli, nous songerons à l'Avénement que le Sauveur veut faire en notre cœur, Avénement, comme nous avons vu, plein de douceur et de mystère, et qui est la suite du premier; puisque le bon Pasteur ne vient pas seulement visiter le troupeau en général, mais étend sa sollicitude à chacune des brebis, même à la centième qui s'était perdue.

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