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il est bon de remontrer les cyniques sur leurs fades verbiages, et les aviser que cette théorie, où ils croient ne trouver qu'une matière grivoise, quelque aliment à leur obscénité, sera, au contraire, une source de confusion pour eux; elle prouvera que la Civilisation n'a su, en opérant sur les groupes, que changer l'or en cuivre et interpréter à contre-sens toutes les vues de la nature, notamment l'amour qu'elle n'a dirigé qu'à l'esprit sordide, qu'aux intrigues méprisables et à l'égoïsme sensuel.

Toutefois, je glisserai rapidement sur l'analyse de l'Amour, dont les développements transcendants ne sont pas applicables à nos mœurs, ni nécessaires en Harmonie hongrée, mais il m'a paru bon de ralentir par cette antienne les verbiages des nombreux plaisants qui n'entrevoient dans une théorie des groupes qu'une matière grivoise, et qui seront surpris de n'y trouver que les preuves de leur impéritie et de leur dépravation.

Je ne présenterai un corps de doctrine, une échelle de degrés que sur le groupe d'Amitié, qui est sans doute exempt de brocards, puisqu'il est à peu près nul en Civilisation, et qu'on n'y peut travailler sur l'absence et les simulacres d'amitié, mais non pas sur l'amitié, lien impraticable dans un ordre de choses où l'égoïsme doit seul dominer.

CHAPITRE PREMIER.

NOTIONS ÉLÉMENTAIRES SUR LES 4 GROUPES.

Notre siècle tout fardé de pathos sentimental n'a jamais songé à faire l'analyse des 4 passions affectives qui sont les germes du sentiment. Si les analystes de l'homme avaient voulu étudier l'homme sentimental, les groupes auraient été la première de leurs études.

Un groupe d'Harmonie, car je ne parle pas ici des subversifs, est une réunion PLEINEMENT LIBRE et liée par un ou plusieurs penchants communs aux divers individus qui le composent.

Nous aurons à déterminer les ressorts, les degrés de ces affections des groupes, le rang qu'elles doivent tenir dans une échelle de toutes les affections possibles; il faut les rapporter d'abord à 4 souches principales, savoir:

4. Amitié, ou affection pour le même sexe.

2. Ambition, ou affection pour les affidés cabalistique.

3. Amour, Sectisme ou affection pour l'autre sexe.

4. Famillisme, ou affection de consanguinité.

Unitéisme, fusion des contrariétés individuelles dans une affection

collective.

Il n'existe que ces 4 genres de lien sentimental, sauf les mixtes et le pivot.

((Il est clair que ce petit tableau ne les définit qu'imparfaitement. On pourra observer sur le 4er groupe : que l'Amitié s'établit souvent entre personnes de différents sexes, et sans aucune intention d'amour; sur le 2e, qu'il est égoïsme, affection de soi-même, oui en Civilisation, mais non en Harmonie: — que l'affection pour soi-même, dite égoïsme, n'est pas un germe de groupes ou liens affectueux; mais j'entends parler ici des ligues ambitieuses et liens corporatifs, qui sont vraiment des groupes dans lesquels chaque sectaire, ayant son intérêt en vue, protège ceux qui le servent aussi fais-je usage du mot sectisme, qui est plus spécial, précis, qu'ambition; sur le 3 groupe que l'amour saphique peut naître entre deux femmes qui sont pourtant de même sexe; mais l'exception confirme la règle, il n'est pas moins certain que le lien d'amour s'établit de l'un à l'autre sexe; enfin, sur le 4o groupe, que souvent l'adoption donne à ce lien plus d'intensité que la consanguinité même; cela prouve seulement que le lien peut provenir de double source: il en est de même des autres groupes, chacun des quatre naît de deux sources, ainsi qu'on le verra plus loin ))

L'analyse des groupes est une étude si neuve que le plus léger problême sur ce sujet embarrasserait les hommes de l'art. J'en vais donner un exemple tiré de l'amitié. Deux Français se connaissent à peine dans Paris, et quoique voisins ils n'ont aucune liaison. Tous deux s'embarquent pour des expéditions lointaines, et après bien des disgrâces, famine, pillage, naufrage, etc., l'un est jeté dans une ile sauvage comme Noukaïva, où personne ne parle son langage; l'autre y est jeté peu de temps après. Nos deux Parisiens se rencontrant dans cette ile seront bien vite aussi grands amis qu'ils étaient indifférents l'un pour l'autre dans Paris.

Comment analyser cette amitié? quel est son degré, quel rang tientelle dans l'échelle des amitiés possibles et tablées selon la méthode (440 souci 4)? D'abord quels sont les ressorts de cette amitié? Si on consulte là-dessus une douzaine de beaux esprits, ils ne manqueront pas de donner autant de solutions, de réponses différentes sur l'analyse de cette amitié lointaine. L'un dira qu'elle est effet de compassion entre des compatriotes malheureux; l'autre qu'elle est effet d'ambition ou ligue de deux étrangers contre les sauvages du pays; ((un 3o dira qu'elle est une impulsion de la tendre nature et des tendres souvenirs de la tendre patrie; un 4o dira qu'elle est due à l'auguste philosophie de la nature qui rallie tous les vrais républicains aux doux charmes de l'union des cœurs, de la douce fraternité; un 5e prétendra que cette amitié est l'effet des perceptions de sensation de la cognition du moi humain}), enfin

on aura bientôt une douzaine d'opinions bonnes ou mauvaises dont le conflit ne servira qu'à embrouiller la question, sans classer régulièrement ni cette amitié ni 20 autres, que je ne m'arrête pas à décrire.

Si on connaissait la théorie des groupes, chacun saurait dire d'emblée que cette amitié est un groupe mixte ou ambigu dont les liens sont tirés de 2 échelles, car il présente un accord de 7e en amitié et de tierce en ambition. Je ne m'arrête pas à décrire ces 2 accords; je ne veux que signaler l'absence de méthode régulière dans ce genre d'étu des, où on doit indiquer les degrés d'accords et leurs mixtes, selon la table 440 souci 4.

Il faudra se familiariser à ces analyses et les connaître comme un organiste connaît les touches, gammes, pédales et registres de son instrument. A défaut, on ne pourrait pas songer à établir une Harmonie méthodique de passions; ce n'est pas une science plus compliquée que la musique, son emblème. Cependant c'est une science qui a quelques épines. Si nous donnons volontiers une année à apprendre la musique vocale et instrumentale, art de pur agrément, ne pouvons-nous pas donner un mois à étudier l'analyse et la synthèse des groupes, théorie tout à fait neuve et d'où dépend notre avènement aux richesses et au bonheur social?

La Philosophie nous ordonne d'aimer tous les humains comme une famille de frères; mais en même temps elle nous ordonne de suspecter ceux-ci, comprimer ceux-là, de sorte qu'à faire le décompte exact, elle n'autorise l'amitié que pour un 20° du corps social, tout en disant qu'il faut aimer tout le monde. Par exemple, elle nous ordonne d'aimer la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, et de mépriser les ennemis de l'auguste vérité, les exclure de notre amitié. Nous aurons donc à mépriser d'abord les 19/20 des citoyens les paysans, qui sont tous pétris de mensonge et d'astuce; les femmes, qui, sur 20 phrases d'étiquette, ne disent guère moins de 19 mensonges; les gens de loi, qui en disent des pacotilles à l'audience; les marchands, qui en dégoisent par torrent dans leurs boutiques; les agents de change et courtiers, qui colportent les mensonges d'autrui, auxquels ils ajoutent les leurs; enfin, les Philosophes même, qui ont l'effronterie de vanter ce cahos de mensonge comme un perfectionnement des perfectibilités perfectibles.

Ainsi le groupe d'amitié, le seul permis par la Philosophie, se trouve bien restreint si l'on doit mépriser tous ceux qu'elle nous donne pour méprisables; et son conseil d'aimer tous nos concitoyens se réduira à n'en aimer qu'un 100 au plus, s'il faut exclure tous les fourbes de

notre amitié.

Il reste bien peu de chance pour le groupe d'amitié, même chez les enfants, qui inclinent beaucoup à ce lien; mais le père les en détourne, en leur apprenant qu'il faut se défier d'un monde pervers et qu'ils seront dupes de tout venant, s'ils ne s'arment pas de defiance.

Telles sont les entraves du groupe d'amitié, le seul autorisé en thèse générale, puisque la morale nous conseille d'aimer tous les humains. Quant aux 3 autres groupes, la Philosophie les proscrit et ne les admet qu'en exception; elle nous interdit les ligues ambitieuses, l'amour des richesses perfides. Notre ambition ne doit convoiter que les raves, le brouet noir, les fonctions gratuites et le doux charme de mourir pour la patrie, tandis que d'autres vivent si bien à ses dépens. Le groupe d'amour est encore mieux interdit; on l'autorise à peine dans le cas d'union légale, dont l'amour n'est nullement le mobile. Reste le groupe de famillisme, également proscrit, quand il présente des enfants nés hors du lien légitime.

Si donc les håbleurs sentimentaux sont passionnés pour les groupes, comme ils le prétendent, que doivent-ils penser d'un ordre de choses qui ne laisse à chacun des 4 groupes que le plus petit essor possible.

Nous allons étudier l'art de les développer en tous degrés et les faire coopérer en tout sens à enrichir et harmoniser le monde social; l'art de les alterner et relayer sans cesse, de faire succéder mille sortes de groupes dont chacun donne le prix à celui qui le suivra, effet bien différent de ceux de la Civilisation, qui ne sait que blaser les sens et l'âme par des plaisirs monotones, et dont la rareté conduit d'ordinaire aux excès.

Dieu n'a pas voulu faire de l'Harmonie des groupes une science pénible, mais il n'a pas dû la rendre excessivement facile, car si elle eût été découverte aux premiers àges du monde, elle aurait fait le désespoir de 50 générations (voyez prolégomènes), qui, faute de grande industrie, n'auraient pas pu organiser cette Harmonie passionnelle. Dieu devait donc, pour notre bonheur même, attacher quelques difficultés à la théorie, sans pourtant la hérisser de difficultés. Or, quand je garantis qu'elle ne coûtera pas le dixième du temps qu'on met à apprendre la musique vocale et instrumentale, pourrait-on exiger plus de facilités ? d'autant mieux que les individus attachés à la Phalange d'épreuve n'auront besoin d'aucune lumière en ce genre. Il suffira que la Théorie soit connue du Pilote chargé de diriger la manœuvre.

L'assertion est bien rassurante pour les lecteurs; ils n'auront que faire de connaître exactement les détails théoriques, ces gammes d'accord passionnel dont je vais traiter. Il leur suffira d'apprendre par une lecture superficielle que cette science avait été oubliée, et que son étude est l'affaire du fondateur seul ou de celui que le fondateur commettra

pour la direction d'une Phalange d'essai. Quant aux sociétaires qu'on y emploiera, ils n'auront besoin d'aucune connaissance théorique en attraction. L'on n'exigera d'eux autre chose que d'aimer les 3 foyers d'attraction 4o les richesses, 2o les voluptés, 3o les Harmonies.

Quant au directeur de la fondation, il devra connaître à fond la théorie des groupes; et l'on est si neuf sur cette branche de science, que je gagerais d'embarrasser tous les romanciers par un problème très-facile sur l'amour, qu'ils ont tant quintessencié. Le voici. Quel peut être le but et l'emploi d'un genre d'amour par lequel on revient constamment et périodiquement à une femme? Quoiqu'on n'en fasse pas sa favorite, on continue à l'aimer, tout en se passionnant pour une autre. Elle tient rang de favorite pivotale, comme était madame de Pompadour avec Louis XV elle est aimee concurremment avec les favorites passagères. Qu'on demande à nos romanciers, à nos moralistes qui se flattent, comme Saint-Lambert, d'analyser l'homme et la femme, à quoi sert ce genre d'amour, quel rang il doit tenir dans l'échelle des gammes amoureuses, et quelles fonctions il peut remplir dans un cadre d'Harmonie générale des passions. Ces beaux esprits resteront muets sur cette question, d'autant mieux que ce genre d'amour est condamné par les lois civilisées. Ils ne connaissent donc pas la théorie analytique de l'amour, encore moins la synthétique, et s'ils sont ignorants à ce point sur la passion qu'ils ont le plus disséquée, qu'est-ce donc des autres, dont ils n'ont fait presque aucune étude?

Reprenons l'exposé.

Il faut dans l'analyse des affections observer d'abord les degrés et les espèces dont la morale fait confusion. Si une passion a l'honneur de lui plaire, comme l'amitié, elle en fait des éloges outrés sans distinction d'espèces: la tendre amitié, les doux charmes de l'amitié pure!! Ainsi s'expriment nos moralistes sur une affection dont ils n'ont guère connaissance, quoiqu'ils l'aient prônée, comme Cicéron, dans de beaux traités. Ils n'en ont pas classé les développements par échelle graduée, par accords de prime, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, Y A.

Ce n'est pas dans une amitié de tierce entre Cicéron et Atticus, entre Damon et Pythias, que peuvent se manifester toutes les propriétés du groupe d'amitié. Pour les découvrir, il faut envisager la passion en accords de masse, en septième, huitième, et liens transcendants où elle s'étend aux masses. Alors loin d'être douce et tendre, elle devient véhémente et fougueuse.

J'en ai cité un bel effet qu'on vit à Liége il y a quelques années, lorsque 80 mineurs de la fosse Beaujon furent enfermés par les eaux, et que leurs compagnons, électrisés par l'amitié et travaillant avec une ardeur plus qu'humaine, sous l'impulsion de charité collective et non indivi

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