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Cet usage pratiqué par les enfants de Saint-Benoît avait une valeur exceptionnelle à la fin du XVIme siècle. C'était une éclatante protestation contre les hérétiques Calvinistes qui prétendaient que les âmes des fidèles défunts ne peuvent être secourues par les suffrages des vivants. C'est peut-être dans le même but et vers la même époque que s'introduisit à Lobbes l'usage de chanter les saluts des trépassés avec l'étole et l'huméral de couleur noire, quoique le Saint-Sacrement fût exposé1.

L'abbé Ermin François avait témoigné plusieurs fois le désir d'être enterré à la tête du tombeau de saint Ermin, son glorieux patron et saint prédécesseur; mais les ouvriers, malgré leurs efforts inouis, ne parvinrent jamais à creuser la terre en cet endroit. Sur l'avis du pasteur de Lobbes, André Berlangier, on résolut de lui donner sépulture un peu en arrière, au milieu de la crypte, près du tombeau des saints, où récemment une femme avait été ensevelie, ce qui n'aurait pas dû se faire, selon Gilles Waulde, par respect pour les corps des saints qui avaient été déposés en ce lieu; mais lorsqu'on ouvrit la tombe, on ne trouva plus de cette femme ni chair, ni os. Ce fait dont le curé de Lobbes avait été témoin, fut raconté par lui à M. .Vander Burch, archevêque de Cambrai, au mois de juillet 1628, et à Gilles Waulde, doyen de la chrétienté de Binche, eu plusieurs circonstances2.

1) Cet usage, qui subsista même après la grande révolution française, à la fin du XVIIe siècle, a été supprimé, comme contraire à la liturgie romaine, en vigueur dans notre diocèse, par le rév. M. Marcq, curé actuel de Lobbes. 2) Cf. Gilles Waulde, p. 187.

Les moines de Lobbes dressèrent à la mémoire de l'abbé Ermin II, l'épitaphè suivante :

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MENSIS MAY DIE VIGESIMO ΝΟΝΟ AETATIS

DO M

SVAE

VNA SALVS CHRISTVS MVNDVSQVE CAROQUE VALETE.

MYRRHA CIBVS POTVS CRVX MIHI LECTVS ERIT.

AD PIVM LECTOREM.

VT MORIENS VIVAS LVCTVM PECCATA MINISTRANT.
SPES VITAE AETERNAE GAVDIA CERTA PARIT.
ITE FORAS LAETI FLENTVM CONSORTIA MALO.

SVPPLICIVM RISTIS GAVDIA LVCTVS HABET.

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ΑΝΝΟ

SEPTVAGESIMO OCTAVO

PROFESSIONIS

REGVLARIS SEXAGESIMO PRIMO

SACERDOTYO

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Michel Willame, coadjuteur d'Ermin François depuis dix-huit ans, lui succéda en la dignité abbatiale. Il fut reçu le même jour par ses frères, et le 14 juin, il fut béni par Jacques Blaise, évêque de Namur, assisté des abbés de Cambron, d'Alne et de Bonne-Espérance. Dom Willame était un homme assez versé dans la littérature profane, comme on le voit par la lettre qu'il écrivit à Dom Augustin Bontemps, religieux de Lobbes, à l'occasion de son poëme sur les bienheureux Landelin, Ursmer, Ermin et Dodon1.

Le gouvernement de Willame, de trop courte durée, fut marqué par un événement extraordinaire que nous ne pouvons passer sous silence. Après le transport à Binche des reliques de saint Ursmer et de ses compagnons, les habitants de Lobbes avaient toujours nourri l'espoir de les recouvrer. Cet espoir, loin de diminuer avec le temps, ne cessa de s'accroître. Sous l'abbé Willame, un jeune homme de la paroisse crut donc faire chose agréable à ses compatriotes, de les faire rentrer en possession du chef de leur glorieux patron, par quelque moyen que ce fut. S'étant trouvé seul un jour dans l'église de Binche, il enleva furtivement le précieux trésor et le mit dans un sac. Mais il était à peine arrivé dans une ruelle voisine du collége qu'une étrange frayeur le saisit, et il ne savait plus où il était « se trouuant tout esblouy »; ce qui l'obligea à reporter la sainte relique au lieu d'où

1) Sancta Tetrarchia sanctorum qvatvor coenobiarcharvm, SS. Landelini, Vrsmari, Ermini, Dodonis Pontificvm et abbatvm Lobbii (sic), avthore F. Argostino Bontemps, Attrebatio, Lobbiensis monasterii Benedictino. Draci ex officina Joannis Bogardi, MDXCIIII.

LOBBES II.

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il l'avait enlevé1. La nouvelle de ce prodige se répandit dans toute la ville et accrut singulièrement la dévotion des habitants envers saint Ursmer.

1) Gilles Waulde, qui rapporte ce fait, ajoute ensuite cecy m'est venu en coynoissance par le rapport de Monsieur Jean de Lattre, encor viuant, chanoine de Soignies, qui lors estoit clerc marguillier de la mesme église. Ce qu'auparavant m'auoit esté desia tesmoigné par trois chanoines d'iey, qui le racontoient pour vn miracle signalé. Les noms d'iceux estoient maistre Nicolas Gilbart, maistre Louys le Clerc, et maistre Gilles Luc, Licen. es Loix, thrésorier de la chapelle des saincts, présentement decedez. La vérité en a esté cognue par plusieurs de cette ville. Cet évènement donna naissance à une fable singulière qui fut crue longtemps par les habitants des environs de Binche et de Lobbes. Nous la jugions oubliée lorsque, à notre grande surprise, nous avons rencontré mème des hommes qui paraissent instruits, la croire bénévolement et la raconter à d'autres qui l'admettaient à leur tour de la meilleure foi du monde. Laissons encòre ici Gilles Waulde exposer et apprécier ce conte, trente ans après l'évènement que nous avons mentionné plus haut. "A ce propos, il conuient que je face bresche à quelque conte de vieilles, qui s'authorise mesme en la croyance du vulgaire : sçauoir que ceux de Lobbes auroient voulu rauoir les corps saints, et que de fait, on les auroit reconduict jusques au bois voisin de Lobbes, lez vn village appelé le Mont de sainte Geneuiefue; mais qu'estant là paruenus, il ne fut possible de les mener plus outre, et qu'en ce rencontre un abbé ou euesque, se seroit présumé d'adjurer les saincts, de marcher en auant, dont pour la recompence de sa témérité, il seroit tombé en furie et rage, de sorte que ce bois du depuis en a changé de nom, et s'appelle encor aujourd'huy le bois de Rabion. Or ne trouuant aucune apparence de vérité en cecy, je suis constrainct le desauouer, et dis n'estre croyable, qu'vne chose tant remarquable seroit passée sous le rideau du silence, sans que personne en auroit faict note. " Cf. Gilles Waulde, p. 499.

D'après une autre version, les chevaux qui traînaient la voiture où avaient été mises les saintes reliques, seraient devenus furieux en arrivant près du ruisseau qui coule entre les deux villages de Lobbes et de Mont-Sainte-Geneviève. Ce ruisseau est encore aujourd'hui appelé par le peuple le rie de Rabion.

Les chanoines de Binche ne donnaient pas alors les mêmes exemples de piété; mais ils contristaient les gens de bien par leurs divisions et leurs querelles. Avant la clôture du synode de Cambrai, les députés du chapitre de Saint-Ursmer avaient reçu les décrets de Trente et juré obéissance au Pontife Romain. Malgré cette promesse, les chanoines refusèrent de suivre la discipline de l'Eglise universelle, surtout en matière de bénéfices, et continuèrent à suivre les statuts de 1463. L'abbé de Lobbes, en sa qualité de prévôt du chapitre, eût voulu y introduire les saintes règles du concile de Trente, mais ses efforts avaient été sans succès. Le 2 juillet 1600, il subit lui-même un affront sanglant de la part du doyen Jean Legrand, qui l'empêcha obstinément de célébrer la messe, le lendemain de son installation comme prévôt, bien que les autres chanoines l'y invitassent avec instance.

Les cérémonies usitées lors de la prestation de serment au chapitre, méritent d'être ici mentionnées. Le prélat jurait sur les Evangiles, en l'honneur de la bienheureuse Vierge Marie et de saint Ursmer, de maintenir les priviléges, les coutumes et tous les droits de cette église que ses prédécesseurs avaient juré d'observer et de maintenir. Après avoir fait ce serment dans la salle capitulaire, il était conduit au choeur par les chanoines, et chantait une antienne au pied de l'autel. Alors, le doyen du chapitre l'installait dans la première forme, puis s'en allait réciter une prière devant l'autel. L'abbé retournait enfin dans la salle du chapitre et donnait l'accolade fra

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