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une croix, instrument du supplice infligé aux esclaves. Ce voyageur était PIERRE, apôtre de Jésus, crucifié quelques années auparavant par les gens de sa nation, dans la ville de Jérusalem. Convaincu de la vérité de sa mission, fort de la force de Dieu, Pierre venait à Rome, au centre de la gentilité, prêcher l'humilité aux ambitieux, la mortification aux hommes de plaisirs, le mépris des biens terrestres aux adorateurs de l'or. A sa parole inspirée, une foule de Romains, de tout rang et de tout sexe, embrassèrent la religion de Jésus, s'efforçant de retracer dans leur.conduite les exemples de leur divin modèle. Cependant une multitude plus grande encore, à la tête de laquelle se trouvaient les chefs de l'empire, resta sourde à la voix de Dieu qui voulait les sauver. Pleins de rage de se voir troublés dans la jouissance de leurs grossières voluptés et la possession de leurs richesses acquises dans l'injustice, ces malheureux endurcis résolurent de faire taire les envoyés du Christ, et d'arrêter le progrès de sa religion. Dans ce but, ils inventèrent contre les fidèles les supplices les plus inouis. Glaives, chevalets, ongles de fer, lames ardentes, poix et plomb fondus, chaudières d'huile bouillante, tout fut mis en œuvre par les tyrans couronnés et les populaces ameutées. La lutte dura trois siècles, et donna au ciel douze millions de martyrs. Néron, Trajan, Dèce, Aurélien, Valérien, Dioclétien, Galère, Maximien et d'autres passèrent successivement, essayant de maintenir sur leurs bases ébranlées les Dieux du Capitole, symboles de leurs passions ce fut en vain. Au moment où l'on croyait

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la religion chrétienne anéantie, elle apparut plus florissante, et monta sur le trône avec l'illustre Constantin. Alors se vérifia une première fois la promesse de Jésus au chef de ses apôtres Vous étes Pierre, et sur cette pierre je bátirai mon Eglise et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle1.

Cependant le sang des Martyrs criait vengeance devant le trône du Seigneur. Rome devait recevoir le châtiment que méritaient ses débauches et ses cruautés. La vengeance apparut sanglante et terrible.

Au IVme siècle, les contrées septentrionales de l'Europe étaient habitées par des nations diverses que les Romains appelaient barbares : les Huns, les Alains, les Goths, les Suèves, les Vandales et les Burgondes2. Ces peuples, païens ou ariens, menaient une vie sauvage et guerrière. Ils se nourrissaient de viandes sans apprêt, quelquefois de lait et de boissons fermentées. La plupart vivaient dans des huttes ou se retiraient dans des grottes; d'autres, nomades et vagabonds, allaient à cheval, entraînant après eux sur des chariots leurs femmes et leurs enfants. Au sein de leurs sombres forêts, les Barbares entendirent comme une voix intérieure qui criait à chacun d'eux: Quitte

1) Math., c. 16, v. 18.

2) Les Huns habitaient sur les bords du Volga et des Palus Méotides; les Alains, sur le Tanaïs (Don); les Saxons occupaient les bords de la Baltique, vers l'embouchure de l'Elbe; les Suèves, le haut Danube et le haut Rhin, en s'étendant jusqu'aux bords de la Baltique et de la Vistule; les Vandales couvraient une partie de la Lusace et de la Bohème; les Burgondes, frères des Vandales, résidaient dans le pays qui avoisine le Rhin et le Mein; enfin les Goths se tenaient vers la Thrace aux extrêmes limites de l'empire Romain.

ta cabane, marche vers le midi et va punir la grande coupable. Aussitôt, semblables à des nuées de sauterelles, ces peuples fondirent sur les provinces Romaines, promenant partout la destruction et la mort. Ils ravagèrent les campagnes, incendièrent les villes, et firent passer au fil de l'épée tout ce qu'ils rencontraient. Tout fut ruiné, dit S. Jérôme, à la réserve de peu de villes. Les provinces les plus fertiles et les plus opulentes n'en furent que plus longtemps le théâtre de la cruauté et des dernières horreurs. En vain les armées prétoriennes s'efforcèrent d'arrêter la marche dévastatrice des fléaux de Dieu; affaiblies et découragées, elles furent obligées de céder et d'abandonner les diverses provinces3.

Plusieurs de ces peuplades s'établirent dans les contrées qu'elles venaient de conquérir; les autres pénétrèrent jusqu'au cœur de l'empire et vinrent mettre le siège devant Rome. C'est d'abord Alaric à la tête de ses Goths. La superbe maîtresse du monde, après avoir souffert pendant un long blocus les hor

1) Lorsqu'Alaric marchait contre Rome, un solitaire qu'il rencontra, voulut l'en détourner, en lui montrant tous les maux dont il allait être la cause. Je n'y vais pas de moi-même, repartit le chef goth, mais je sens quelqu'un qui me poursuit et me tourmente chaque jour en me disant : Va chatier la superbe Rome. Fleury, Histoire ecclésiastique, tom. V, p. 296. Rohrbacher, Histoire universelle de l'Eglise catholique, tom. VII, pp. 388, et 391. Sozomen., Hist. eccl., 1. 9, c. 6.

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2) S. Hieronym. ad Heliodor.

3) Déjà plus de cent ans avant J.-C., d'autres Barbares avaient voulu envahir l'Italie; mais alors Rome pratiquait encore quelques vertus naturelles; elle n'avait pas encore bu le sang des chrétiens. Aussi Marius délivra-t-il sa patrie de ces ennemis, en les taillant en pièces dans les plaines de Verceil.

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reurs d'une cruelle famine, fut livrée aux Barbares par trahison. Alaric l'abandonna à la discrétion de ses soldats. Le feu se joignit au pillage le fracas des maisons que dévorait l'incendie, les insultes, les cris, l'épouvante répandaient de tous côtés une horrible confusion. Enfin un furieux orage s'ajouta aux ravages des Goths, la foudre renversa plusieurs temples, et réduisit en cendres les idoles autrefois adorées. Les églises seules furent épargnées par l'ordre d'Alaric; le chef Goth déclara que les basiliques de saint Pierre et de saint Paul devaient être respectées comme un refuge inviolable.

Environ cinquante ans après, le Vandale Genséric vint à son tour attaquer Rome. Sur le bruit de sa venue, la plupart des citoyens quittèrent la ville; et quand Genséric y arriva, il la trouva sans défense. Le pape saint Léon alla à la rencontre du barbare, et obtint par ses prières, qu'il se contenterait de pillage, s'abstenant d'incendies, de meurtres et de supplices. Entre les objets précieux qui furent enlevés, se trouvaient les vases sacrés que Titus avait autrefois apportés de Jérusalem. Les Barbares emmenèrent aussi plusieurs milliers de captifs, entr'autres l'impératrice Eudoxie qui les avait appelés, et ses deux filles Eudoxie et Placidie1.

1) Quelques auteurs, comme Gaume, Catéchisme de persévérance, IIIme partie, liv. XXIV, disent qu'Attila se présenta aussi devant Rome. C'est une erreur. Attila se trouvait encore au Nord de l'Italie, au passage du Mincio, lorsque saint Léon alla vers lui avec le consulaire Avienus et l'ancien préfet Trygetius. Plein de joie d'avoir vu le pieux Pontife, le chef des Huns écouta favorablement toutes les propositions

Qui n'admirera la souveraine puissance et justice de Dieu? Longtemps la cité des Césars avait compté tous les peuples pour sujets ou tributaires; désormais elle ne pèsera plus dans la balance des Nations. Elle avait voulu monter jusqu'aux cieux, commander à Dieu mème, en persécutant le christianisme qu'elle avait mission de protéger; et comme les géants antiques, elle tomba au fond de l'abîme que ses propres crimes avaient creusé.

Mais Dieu, en appelant les Barbares, n'avait pas seulement en vue d'en faire les ministres de sa vengeance contre Rome, il voulait aussi leur procurer le bienfait de la foi et de la civilisation chrétienne que cette ville avait rejeté. Tel est l'ordre perpétuel de la divine Providence; quand un peuple méprise les grâces célestes, ces grâces sont données à d'autres qui savent en profiter. Pour la réalisation de ce grand dessein, il fallait trois choses détacher les cœurs des Barbares des superstitions du Paganisme ou des erreurs d'Arius, en leur inspirant l'amour de la vraie religion de Jésus-Christ; dissiper les ténèbres de leur esprit, en les initiant peu à peu aux diverses sciences; établir chez eux la vie de famille, en leur donnant le goût de l'agriculture. Dieu suscita pour cette grande mission saint BENOIT, le Patriarche des moines d'Occident.

Benoit naquit en 480, à Nurcie, petite ville de l'Ombrie. Dès qu'il fut en âge d'apprendre les scien

qu'il fit, et se retira immédiatement sur le Danube. Rohrbacher, tom. VIII, p. 246. Fleury, liv. 28, n. 39. Brev. Rom., Off. de S. Léon. Blanc, Cours d'histoire ecclésiastique, tom. 1, p. 416.

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