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table rompt toutes nos mefures, & nous met à la veille de recevoir la plus étrange confufion qui fût jamais. Car ce n'est pas, comme autrefois, qu'on pouvoit ne rien propofer, & vous laiffer dans l'état où vous êtes. Il faut néceffairement en fortir d'une maniere ou d'autre, parceque le Roi veut abfolument qu'il ne reste plus aucun fujet de conteftation. C'est comme il en a parlé à M. de Paris: mais il ne faut pas espérer qu'il lui prefcrive en particulier les moyens d'en fortir; il les lui laiffera toujours à fon choix. Il ne faut pas auffi s'imaginer qu'on ait affaire à des gens qui fe gouvernent par la pure raison, sans aucun mélange de refpect humain. Si cela étoit, ou leur pourroit faire entendre, qu'ayant déja figné comme ont fait les quatre Evêques, on n'a pas droit de vous en demander davantage. Mais vous avez vous-mêmes reconnu, que fi le Roi étoit vraiment changé ( comme il l'eft en effet) vous ne trouveriez point étrange qu'il vous demandát quelque chofe de nouveau, pour fauver un peu l'honneur de Mr. de Paris. Or pouvez-vous croire qu'il ne crût pas avoir fait pour vous la chofe la plus obligeante, s'il l'avoit porté à fe contenter de ce qu'ont fait les quatre Evêques? Et en quelle confufion ferions-nous, fi les chofes étant réduites en cet état-là, il fe trouvoit que vous n'en vouluffiez rien faire? Vous ne voulez pas comprendre qu'il n'y auroit perfonne qui ne vous condamnât, & jufqu'à quel point on feroit fcandalifé de cette conduite? C'eft ce qui nous met dans une perplexité inimaginable, n'ofant rien proposer, dans P'appréhenfion où nous fommes qu'après avoir furmonté tous les obftacles, & réduit M. de Paris à ce point, tout fe trouve rompu, & en pire état que jamais, par votre réfiftance.

Dans ces agitations d'efprit, qui interrompent affez fouvent notre fommeil, j'ai pensé à une maniere de fignature que MM. de Ste. Marthe & Brelugay ont trouvée fort bonne, & dont M. de Paris auroit beaucoup de peine à fe défendre. Mais dans la difpotion où vous êtes, je ne puis rien promettre à cet égard: la voici.

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"Nous foulignées, promettons fincérement, au regard du droit & du fait décidés par les conftitutions d'Innocent X. & d'Alexandre VII., toutes les foumiffions que les quatre Evêques, de la conduite defquels

S. S. a nouvellement témoigné être pleinement fatisfaite, ont fait rendre dans leurs Synodes aux Eccléfiaftiques de leurs Dioceses ".

1o. On évite par cette fignature de parler du Formulaire.

2o. On évite auffi le Serment.

3°. Cette fignature ne fignifie rien que par raport aux procès-Verbeaux; & ainfi on ne peut vous imputer d'avoir rien figné, qu'en confultant les procès-Verbeaux, où l'on trouvera ce que vous voulez que l'on fache.

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4°. Cette fignature plaira au Pape, & au Roi, parcequ'elle ne décou vre point ce qu'ils font bien aifes que l'on ne dife pas publiquement.

5o. Elle fait néanmoins entendre facilement, que vous ne fignez qu'avec diftinction, puifque c'eft une chofe connue de tout le monde, & qui le fera toujours de plus en plus, que c'eft ainfi que ces Evêques ont fait figner. Outre qu'il n'auroit point été befoin de recourir à la fignature de ces Prélats, fi vous aviez voulu foufcrire au Mandement de Paris.

On ne peut pas s'affurer que M. de Paris voulut accepter cela. Mais fi vous étiez difpofées à le faire, ce nous feroit un grand avantage, parce qu'à l'extrémité on le lui pourroit propofer, & mettre par-là tout le monde pour nous. Au lieu que, fi vous ne pouvez pas vous-mêmes vous accommoder de cela, il faut abfolument abandonner la pensée du rétablissement, & fe réduire à la translation, ou fimple, ou par échange. Cette derniere feroit la plus avantageufe, & tout le monde s'y porte affez; mais on n'eft pas affuré d'en venir à bout.

Le 29.

Depuis avoir écrit ceci, j'ai vu M. de Paris, qui m'a parfaitement bien reçu. Le porteur vous fera le récit de cette entrevue. L'affaire tourne à la translation par l'échange du Lys. Mais il n'eft pas impoffible que M. de Paris ne changeât encore, fi nous n'étions point retenus de lui parler du rétablissement par la crainte que nous vous avons représentée.

LETTR E CCXXVIII.

A Madame PERRIER. Sur la nomination de la Sœur Dorothée à
l'Abbaye de Port-Royal.

Votre lettre m'a bien affigé, & m'a bien diminué la joie que nous 8. Nov:

devons reffentir de la paix de l'Eglife. Je m'étois figuré, qu'un des premiers fruits de cette paix feroit de voir raffembler toutes les brebis difperfées, entre lefquelles je mettois vos cheres filles, comme ayant ce defir autant que perfonne. Mais il femble que Dieu en ait difpofé autrement par les infirmités qu'il leur a envoyées. Que faire à cela? Il eft le maitre; il faut le fuivre partout, & aimer toutes les croix dont il nous charge. Pourvu qu'elles aillent au Ciel, n'importe par quel chemin ; & plus celui par lequel elles marchent eft étroit, plus elles iront furement. Il faut aufli que je vous le dife, que l'autre chemin qu'elles auroient pris par leur choix, eft encore peu ouvert, & que le Diable y met tous les

1668.

jours de nouveaux obftacles. On avoit laiffé à la Touffaints les affaires en un état où on regardoit la translation de nos Religieufes en l'Abbaye du Lys, comme le parti le plus dangereux par lequel leur affaire pût être terminée. C'est la parole que M. de Paris avoit donnée à M. de Meaux, en le laiffant aller à fon Diocese pour jufqu'à la S. Martin. Mais voici un nouvel incident qui nous a étrangement furpris, & qui renverse toutes les mesures que l'on avoit prifes. Mardi dernier fur le foir, la Sœur Dorothée, qui avoit un Brevet du Roi depuis plus de fix mois, mais pour être Abbeffe Titulaire, prit poffeffion de cette Abbaye, fans que nous ayions eu avis qu'elle ait reçu fes Bulles. Vous voyez bien que, fi cela fubfifte, il n'y a plus d'accommodement à espérer, puisque par là le rétablissement devient impoffible, étant bien certain, que jamais les Religieufes des Champs ne reconnoîtront une pareille Abbeffe, & qu'on ne peut plus auffi penser à la translation... du Lys, ne pouvant pas être à Port-Royal en autre qualité que d'Abbeffe. Nous ne favons pas encore comment les Miniftres auront reçu cette infraction du Traité où l'on travailloit. Ils en devroient être bien irrités; mais c'est l'ordinaire, que les plus juftes paffions font les moins vives, & que les entreprises des méchans font les moins réprimées.

On nous a dit qu'il n'y avoit que quatre jeunes profeffes qui euffent confenti à cette prife de poffeffion, & que les anciennes, hors peut-être deux ou trois, n'avoient fait que pleurer. Et ce qui confirme cette nouvelle, c'est que M. Thomas Dufoflé & fa fœeur ayant demandé à voir la fœur Melfide, on leur dit d'abord qu'elle étoit incommodée; & comme ils eurent fait voir que cela ne pouvoit pas être, puifqu'ils l'avoient entendue chanter au Choeur, on fut obligé de leur dire, qu'on ne pouvoit pas la leur laiffer voir, à caufe des affaires préfentes de la Maifon. Tout cela fait qu'il eft bien difficile de deviner à quoi cette affaire fe terminira. Ce que l'on fait en général, c'eft que ce fera toujours pour la plus grande gloire de Dieu, & pour la confufion des perfécuteurs de fes fervantes, ou en ce monde, ou en l'autre.

Comme j'ai commencé a vous répondre, & que je n'aurois que les mêmes chofes à mander à M. Perrier, je vous prie de lui faire mes excuses, fi je ne lui écris pas en particulier, étant actuellement dans un accablement étrange, à caufe des vifites actives & paffives que nous fommes obligés de faire & de recevoir. Je falue, avec votre permiffion, tous vos enfans, & principalement nos cheres Soeurs, que je regarderai toujours comme jointes en efprit avec nos filles, quoiqu'elles ne le foient de corps, & que peut-être leurs infirmités ne leur permettront jamais de l'être.

pas

Nous avons vu le préfent que vous avez fait à M. d'Alet. Il n'y a rien de plus beau, ni de plus proportionné aux perfonnes qui le font, & à celle qui le reçoit. Monfieur votre fils en fit hier un à Mde, de Longueville, qui eft tout-à-fait joli. C'eft un petit tableau, où eft écrit: Beati pacifici, quoniam filii Dei vocabuntur, pour marquer la part qu'elle a eue à la paix de l'Eglife, avec un cadre de fa façon, qui eft parfaitement bien travaillé. Je fuis, &c.

"

LETTRE CCXXIX.

A la MERE ANGELIQUE DE S. JEAN. Au fujet de la Relation qu'elle avoit faite de fa captivité.

T. VIII.

12. Nov.

1658.

E fuis très-édifié, Ma très-chere foeur, de ce que vous m'avez écrit La 51. du touchant votre Relation. L'humilité vous a dû donner ces fentimens, & ils font très-légitimes. Mais je m'imagine que vous ne me condamnerez pas, quand je vous aurai repréfenté les raifons qui m'ont fait croire, que vous deviez facrifier l'intérêt que vous pouviez avoir en cela, à un intérêt plus grand de la vérité & de l'Eglife, felon cette regle de S. Paul, Nemo quod fuum eft quærat, fed quod alterius. De toutes les merveilles que Dieu a faites en notre faveur dans l'affaire préfente, je n'en trouve point de plus grande, & qui nous foit une marque plus vifible de fa protection & de fon amour, que le changement de M. d'Alet. Et je fuis affuré, que fi M. Singlin & la Mere Angelique avoient vu ce que nous voyons de la difpofition de ce faint Prélat, ils en auroient été touchés à un point qui ne fe peut dire. Car quelle plus grande grace Dieu nous pourroit-il faire, que de nous donner le plus faint Evêque de l'Eglife, pour le plus ferme & le plus affectionné Protecteur de notre innocence? Voici encore ce qu'il me mande pour vous dans la derniere lettre qu'il m'a écrite. Je fuis extrêmement édifié de la conftance de toutes ces faintes filles, qui nous précéderont au Royaume de Dieu par leur fincérité & inviolable fidélité à fon fervice. Faites leur témoigner, s'il vous plait, dans la premiere occafion, notre continuel fouvenir de leur communauté au faint Autel, & le fouhait que nous avons ici de n'étre pas oubliés dans leurs prieres. Je vous avoue donc qu'il m'a femblé qu'il étoit non feulement important, mais que c'étoit une efpece de reconnoiffance néceflaire, de lui témoigner une entiere confiance, & de le bien informer de vos fentimens, afin qu'il en fût plus ferme à ne vous engager à rien, en connoiffant plus à fond vos difpofitions, & la répugnance que vous auriez à ce qui auroit l'apparence du

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La 12.

20. Nov.

1668.

moindre déguisement. Et j'ai jugé que cela étoit d'autant plus nécessaire, qu'il s'en va avoir de grandes conférences avec M. de Commenges, qui eft retourné à fon Diocefe, & qui n'eft capable que de propofer des manieres d'accommodement, qui ne vous accommoderoient point du tout. Or j'ai cru que votre Relation étoit très-propre pour ce deffein, & je n'ai pas craint les mauvais effets que vous en appréhendés, parce qu'elle ne lui devoit être envoyée qu'en exigeant de lui un fecret inviolable que nous étions affurés qu'il nous eût gardé; & ainfi il n'y avoit point fujet de craindre que cela eût fait parler de vous. Et pour ce qui est d'une autre appréhenfion, qu'il n'y eût des chofes dont il n'eût pas été édifié, il me femble que vous vous en pouviez repofer fur moi; puifque je n'aurois eu garde de lui envoyer des chofes dont il n'eût pas dû être fatisfait, & que je penfe le connoître affez pour juger de ce qui le pouvoit bien ou mal édifier. Je me perfuade que quand vous aurez bien confidéré ces raifons devant Dieu, non feulement vous ne les défaprouverez pas, mais que même vous vous y rendrez, & que vous préférerez l'utilité commune à votre inclination particuliere. Votre humilité n'en fera point bleffée, puifque l'on ne vous en dira jamais rien; & l'obéiffance que vous pratiquerez en cela, ne fera point du nombre de celles où le diable tend des pieges en ce tems. Si c'eft votre confeffion, comme vous dites, je penfe que vous n'auriez pas de peine à la faire à un fi grand ferviteur de Dieu; & comme cela vous mettra plus avant dans fon fouvenir, & vous procurera plus de part en fes prieres, vous aurez fujet d'en attendre une bénédiction particuliere de Dieu. Pensez y, je vous en conjure, ma très - chere Niece, & en rendez réponse; car après tout on n'en fera que ce que vous voudrez.

LETTRE CC XXX.

A. M. Perrier le pere, Confeiller en la Cour des Aydes de Clermont. Au fujet de la mort de M. Collé, & de quelques changemens à faire dans le Livre des pensées de M. Pafcal.

JE

E dois commencer, M., par me réjouir de votre convalefcence après du T. IX. une fi grande maladie, & vous faire des excufes de ce que je réponds fi tard fur une affaire qui vous tient beaucoup à cœur. Je l'aurois fait dès le dernier ordinaire, fans un accident qui m'a tout a fait troublé. Un fort honnête homme nommé M. Collé, qui étoit un des Précepteurs des enfans qui étoient au Chefnai, étoit venu demeurer avec moi depuis trois

mois.

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