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& il y remplit tellement l'attente où l'on étoit de sa docAN. 1566. trine & de fon zele, qu'on le jugea digne de la charge de fur-intendant des églifes de la petite Pologne. Les auteurs Catholiques l'ont dépeint comme un homme ambitieux, méchant, impie, opiniâtre & odieux aux plus moderez de fon parti. Ce fut lui qui répandit en Pologne les erreurs de Servet, & qui invectiva fortement contre la Trinité; de forte que se fentant coupable, il agit prudemment de fe retirer. Il y en eut d'autres qui gagnerent les bois; plufieurs fe retirerent chez Albinus ou chez Philoppovius. Ils témoignerent en apparence avoir du refpect pour l'édit de la diète, appréhendant, que s'ils parloient ouvertement contre, on ne les traitât comme on avoit traité Servet & qu'on les punît du dernier fupplice.

XXVII.

viniftes à Lublin.

hæreticor.

Dans le même tems, les Evangelistes & les CalviSynodes des Cal- niftes autorifez par la diète de Lublin, y tinrent un Refe. de convent. finode, où ils s'y trouverent en fi grand nombre, & fi puiffans, que leur parti y domina, & qu'ils contraignirent les Anti-Trinitaires à fortir de la ville précipi tamment, fans avoir ofé y affifter. Les chofes auroient été pouffées plus loin, fi Nicolas Senieski internonce à la diète, n'eût prié le roi de maintenir la liberté des diètes, & de ne point permettre qu'on vexât ses sujets; & ce prince fut fi complaifant, que non-feulement il défendit de faire aucune violence aux Anti-Trinitaires, qu'on nommoit auffi Pinczowiens; mais qu'il voulut encore les honorer de fa protection. Ils eurent néanmoins la prudence de ne fe plus trouver aux diètes, ou du moins de n'y venir que rarement, & en petit nombre, pour ne pas faire ombrage aux prétendus réfor mez, ou pour ne fe pas attirer de nouvelles infultes.

Mais cette prudence ne leur réuffit pas, les prétendus réformez fe trouverent par-là les plus forts, & comme les maîtres dans ces affemblées : ils porterent leurs plaintes auffi loin qu'ils purent contre fes nouveaux Ariens, & firent tant d'inftances auprès des feigneurs qui leur avoient donné retraite, que plufieurs furent renvoyez & chaffez.

AN. 1566.

XXVIII. Hiftoire de Lelie

Antitrinit. p. 18.

Zanchius in præ.

On place dans cette année 1566. l'époque de l'opinion favorite des Pinczowiens, & qui dans la fuite Socin. fut éclaircie par faufte Socin qui devint le chef de la Sandius, bibl. fecte qu'on appelle des Sociniens, par la nouvelle for- & feq. me qu'il lui a donnée, & les fiftêmes qu'il lui a fait fat. libri de tribus fuivre. Il etoit neveu par fon pere du fameux Lelie So- Eloim. cin, d'une des plus anciennes & des plus recommandables familles de la ville de Sienne en Tofcane. Ce Lelie y étoit né en 1525. on l'appliqua d'abord à l'étude du droit, mais n'y ayant rien trouvé qui pût le fatisfaire, il fe tourna du côté de l'écriture fainte; il apprit les langues Grecque, Hébraique & Arabe : & à la faveur de fon bel efprit, & de fon grand travail il y fit en peu de tems un affez grand progrès. Il s'appliqua ensuite à la théologie, il voulut approfondir les myfteres de la religion les plus impénetrables, qui faifoient alors le fujet ordinaire des entretiens des fçavans, & des ignorans ; & le profit que Lelie en tira, fut de n'en plus parler qu'en doutant, & d'en difputer fans ceffe, comme il faifoit dans ces conférences de Vicenze dont nous avons parlé en 1 546. L'inquifition ayant voulu l'entreprendre, il quitta l'Italie l'année fuivante, parcourut la Suiffe, la France, l'Angleterre, la Hollande, l'Allemagne, & la Pologne, où il fe trouva en 1551. Il vint à Geneve, il y pervertit Li

AN. 1566.

fifmanni qui avoit été cordelier. Il fortit de cette ville pour éviter les pourfuites de Calvin, qui commençoit à faire la guerre aux nouveaux Ariens; il se rendit à Zurich, où il se fit une grande réputation. Sur une lettre que Calvin lui écrivit en 1552. il fut plus refervé à débiter ses maximes antitrinitaires, jufqu'en 1558. qu'il lui prit envie d'aller en Pologne.

Ce royaume n'étoit pas feulement exposé à la licence de fes citoyens, dont une bonne partie avoit embrassé la prétendue reforme; mais encore dans celle des étrangers. Ceux qui cherchoient une retraite, où ils puffent vivre fans loi & fans religion, s'y retiroient comme dans un azile ouvert à tous les libertins, fous la protection que les grands leur accordoient. Ce ne fut donc pas fans deffein que Lelie Socin choifit ce pays pour fon lieu de retraite, n'ofant pas retourner en Italie pour recueil lir la fucceffion de fon pere mort en 1556. parce que fon nom & fa perfonne y étoient odieux & notez au tribunal de l'inquifition, Il en hafarda toutefois le voyage, muni de bonnes lettres de recommandation. Il paffa par la Moravie accompagné d'Alciat & de Gentilis; de-là il gagna l'Italie; où il paroît qu'il ne trouva pas de grands biens, ni une abondante fucceffion. Mais le faint Office voulant le faire arrêter, il prit la route de la Suiffe, & fe fixa à Zurich, où il mourut le feize Mars 1562. âgé feulement d'environ trente - fept ans. Tel étoit l'oncle du célébre Faufte Socin; dont nous allons parler, Lelie compofa beaucoup d'ouvrages pour la défense de ses erreurs, & dont on peut voir le catalogue dans la bibliotheque des Anti-Trinitaires de Sandius.

Faufte né le cinquieme Decembre 1539. étoit fils

d'Alexandre

d'Alexandre Socin frere de Lelie, & d'Agnès Petrucci, AN. 1566.

fille de Burgefio Petrucci & de Victoria Picolomini,
& par-là allié à tout ce qu'il y avoit de plus noble & de
plus diftingué dans fa patrie. Quoique Faufte eût de
l'efprit & de la mémoire, on dit néanmoins qu'il ne
fit pas un grand progrès dans les humanitez, & dans les
belles lettres, & qu'après avoir entendu parler de fon
oncle Lelie, & des lettres qu'il envoyoit à sa famille, il
en fut fi touché, qu'il réfolut de négliger tout pour s'ap-
pliquer uniquement aux matieres de la religion. Il n'a-
voit que treize ans alors; & dès l'âge de vingt, il crut
avoir fait tant de progrès dans cette fcience, qu'il voulut
en 1558.s'ériger en maître & faire de nouveaux systêmes
de religion. Son zele qui n'étoit pas reglé l'emporta fi
loin que non content de dogmatifer devant fes parens
& fes amis, il voulut encore le faire dans les affem-
blées où fon rang & son esprit lui donnoient quelque
accès. L'inquisition en fut bien-tôt avertie, & con-
formément aux loix de fon tribunal, elle l'entreprit
& toute fa famille qui étoit fort foupçonnée d'hetero-
doxie; elle en arrêta quelques-uns, & les autres fe
fauverent où ils purent. Faufte fut du nombre de ces
derniers. Agé d'environ vingt-trois ans, il vint en
France, & en 1562. il arriva à Lyon, où Rezozzius
lui apprit que fon oncle Lelie étoit mort à Zurich, &
qu'il l'avoit laiffé légataire de tous fes biens. Cette
nouvelle le chagrina beaucoup; l'oncle aimoit le ne-
veu, le neveu ne manquoit pas de retour pour fon on-
cle, puisqu'il n'avoit entrepris ce voyage que pour fe
mettre fous fa conduite & profiter de fes lumieres.

On dit qu'il y avoit un fi grand commerce de lettres
entr'eux, que l'oncle fe faifoit un devoir de tendreffe
Tome XXXIV.
Eee

XXIX. Hiftoire de Faufte

Socia neveu de

Lelie.
Sandius in bibl;

Antitrinit. p. 64 controverfiarum de

Hernebek fumma

Socinianifmo

d'écrire à fon neveu les erreurs dont il étoit rempli; AN. 1566. mais d'une maniere un peu embarrassée, non qu'il se méfiât de lui, mais pour exciter fon efprit à chercher le dénouement de ces obfcuritez & à y former des doutes; ce que Faufte Socin faifoit d'une maniere digne des attentes de Lelie; ce qui porta celui-ci à dire souvent à ses amis, qu'il avoit un neveu d'une grande espérance, & qui feroit un des premiers hommes de fon fiécle. La douleur que Faufte conçut de la mort de son oncle, ne l'empêcha pas de se disposer à faire le voyage de Zurich, pour s'emparer des effets de la fucceffion, & furtout des écrits. Avec ce malheureux tréfor, il revint en Italie, où fon nom, & fa nobleffe, & fon efprit lui donnerent bientôt entrée à la cour de François de Médicis, fils de Cosme & grand duc de Florence. Il plut à ce prince, qui le chargea auprès de fa perfonne d'emplois dignes de sa naissance, & de fes talens. Pendant qu'il goûtoit les douceurs d'une cour affez voluptueufe, il ne penfoit guéres écrits de fon oncle & aux matieres de religion. La galanterie, les amusemens de la cour, l'ambition, les amis, les projets de faire fortune, la présence & les complaifances du prince l'occupoient entierement: mais enfin après avoir paffé douze ans dans ce genre de vie, il reprit le défir de dogmatiser, & de fe faire un nom parmi les fectaires. Pour y fatisfaire, il quitta la cour de Florence au grand regret du duc qui l'aimoit beaucoup, & fe condamna à courir les royaumes. Comme ce ne fut qu'en 1574. qu'après quelques courfes il arriva à Bafle en Suiffe, nous reprendrons alors fon hiftoire.

Ce fut en fuivant les principes de Lelie & Faufte

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