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AN. 1565.

bord de ce qui concernoit les nouveaux établissemens,
& les nouvelles formes d'ordres religieux, de regles &
de profeffions en focietez conventuelles ; & en parti-
culier de ce qui regardoit l'inftitut des Jefuites. En se-
cond lieu il parla de l'établissement & du refus des col-
leges & focietez non conventuels, particulierement de
la prétendue focieté des Jefuites en ce royaume. En-
fin traitant de l'union ou diftinction du couvent, &
college, il demanda fi l'un pouvoit être fans l'autre,
& comment ? fi cette focieté pouvoit être feulement
college fans couvent à Paris ou ailleurs? & fi l'on
pouvoit l'incorporer dans l'université de Paris, sans
violer d'un côté les ftatuts & reglemens de l'université,
& de l'autre la regle & profeffion defdits Jefuites &
couvent, & de quelle maniere cela se pouvoit con-
cilier avec les loix, ftatuts, ufages de France, pri-
vileges du royaume, doits & libertez de l'église Gal-
licane. Après avoir examiné ces trois points, il con-
clut à l'exclusion des Jefuites, particulierement, parce
qu'ils avoient prêté ferment à un general qui étoit
Efpagnol parce qu'étant étrangers on ne devoit point
leur confier l'inftruction de la jeunesse, & parce qu'é-
tánt liez par des vœux, ils ne devoient pas être reçus
dans l'université de Paris pour y enfeigner publi-
quement. A l'égard de la fondation faite par l'évêque
de Clermont, il propofa d'établir à Paris un college
des biens laiffez de ce prélat, qui porteroit le nom
de Clermont, & dont on feroit principal un hon-
nête homme, qui ne feroit d'aucun ordre regulier,
& encore moins de la focieté des Jefuites, qui fe-
roit de Clermont en Auvergne
ou au défaut de
Billom, & de Mauriac, & qu'on choisiroit le pro-

:

cureur

AN. 1565

XLI.

tinuer leurs leçons,

à l'univerfité.

D'Argentré,

collect...p. 390.

cureur de la même province : la cause tint deux audiences. A la fin de la feconde, Verforis répeta qu'il ne plaidoit point pour un ordre, mais pour un college Les Jefuites ont qui ne portoit aucun préjudice ni à l'églife, ni à l'u- la liberté de conniverfité, ni à la ville, & il fupplia humblement qu'il fans être aggregez lui fût permis de communiquer avec les parties, & De Thou, hift. de revenir le jeudi fuivant. Après cette demande le rec- L. 37. n. 4. teur de l'université préfent oui, la cour ordonna, que le jeudi fuivant cette cause feroit continuée, & Verforis oui en fes repliques; ensemble les exécuteurs du teftament du feu évêque de Clermont; & après eux le procureur general du roi; que cependant toutes les parties communiqueroient leurs pieces audit procureur general, pour fur le tout leur faire droit. Et ayant égard à la requête & aux conclufions dudit procureur general, la cour ordonna que pendant ladite huitaine, les demandeurs lui donneroient par écrit la forme qu'ils vouloient obferver dans leur college prétendu de Clermont, & que cependant les choses demeureroient en état. Ceci fut reglé le vingt-neuvieme de Mars, les parties furent appointées, & par ce moyen les Jefuites fans être aggrégez au corps de l'université, eurent la liberté de continuer leurs leçons publiquement.

&

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Les Calviniftes perfuadez qu'il y avoit eu quelque entreprise tramée contr'eux à Bayonne, entre le roi de France & le duc d'Albe, ne penfoient qu'à la revolte; pour chercher leur fûreté dans cette divifion, ils penserent à fufciter les Flamands contre l'Espagne; afin que Philippe II. occupé à éteindre l'incendie dans fes états, ne pût pas venir au fecours du roi de France. Telle fut l'origine des troubles des Pays-Bas, Tome XXXIV.

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AN. 1565.

XLIII.

concile de Trente

qui firent perdre au roi d'Espagne une partie de ces provinces. Il paroiffoit d'autant moins difficile de foulever les Flamands, qu'ils étoient déja irritez de plufieurs entreprises. L'érection de plufieurs évêchez dans leur pays avoit commencé à les aigrir : ils virent avec peine qu'on avoit défigné quatorze villes pour les ajouter aux quatre anciens fieges. Les peuples fe perfuaderent qu'en ajoutant ces quatorze évêchez aux quatre anciens, on vouloit augmenter l'état eccléfiaftique contre les privileges des provinces, & qu'on vouloit établir de nouveaux inquifiteurs de la foi, en afsujettissant les Flamands à une maniere de jugement auquel ils n'étoient pas accoutumez. Ils n'étoient pas moins offenfez de l'infolence des troupes Espagnoles que Philippe II. avoit mifes en garnison dans la

Flandre.

La publication des décrets du concile de Trente La publication du leur fut un nouveau motif de révolte. Philippe avoit fert de motif à la écrit à la gouvernante de faire recevoir ces décrets, Strada, de bello de tenir la main à leur exécution, & de ne fe relâBelg. lib. 4. ad cher en rien pour quelque caufe que ce fût. Elle con

révolte.

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&

fulta là-deffus plufieurs prélats & docteurs célebres,
qui lui remontrerent, que comme ce concile avoit
quelques articles contre les droits du fouverain,
les privileges des provinces, on ne devoit point le
publier en Flandre, fans en excepter ces articles. Elle
en écrivit au roi, à qui ce procedé ne plut pas, &
qui lui fit réponse qu'il vouloit qu'on publiât ce con-
cile en tout, fans en rien excepter, comme on avoit
fait en Espagne. Ainfi la princeffe fe mit en devoir
d'exécuter les ordres du roi ; mais plus elle agiffoit
avec rigueur, plus les difficultez de trouver de l'ar-

gent, & de maintenir la religion croiffoient de jour en jour. Elle en fut allarmée, & ne fçachant plus quel parti prendre, elle envoya le comte d'Egmont en Espagne au commencement de cette année 1565. pour prendre les inftructions du roi.

Philippe écouta le comte, eut plufieurs conférences avec lui, & en le renvoyant, il le chargea d'une ample instruction qui contenoit en fubftance: Qu'il avoit reffenti une douleur incroyable par la nouvelle du progrès des héretiques; qu'il étoit réfolu de té moigner à toute la terre, qu'il ne fouffriroit jamais dans fes états le moindre changement de religion, quand il devroit fouffrir mille morts; qu'il vouloit pour cela que la gouvernante tînt un confeil particulier, où elle appellât quelques évêques, & particulierement Rithove évêque d'Ypres, quelques théologiens, & ceux de fes confeillers qui avoient plus de zele pour la religion, fous prétexte de parler du concile de Trente; mais en effet pour apprendre d'eux par quels moyens on pourroit retenir les peuples dans la religion ancienne, inftruire les enfans dans les écoles felon la pureté du christianisme, & punir les hérétiques fans qu'il en arrivât du défordre, non pas qu'il jugeât à propos de faire ceffer les punitions, ne croyant pas que cela pût être agréable à Dieu, ni utile à la religion, mais qu'on les exerçât de maniere, qu'il ne restât plus aux nouveaux sectaires cette vaine efpérance de gloire & de réputation, qui les faifoit courir à la mort avec tant d'impieté. Il fe remit du reste à regler dans la fuite ce qui concernoit le confeil d'état, & dans quelle forme fe devoient administrer la justice & les finances, jufqu'à ce qu'il eût reçu les avis de la gouvernante. O o ij

AN. 1565.

te

XLIV. Inftruction du rei

d'Espagne au comd'Egmond pour Strada, de belle ann. 1565.

la gouvernante.

Belg. lib. 4. hee

AN. 1565.

XLV.

fes ordres, & en

Par d'autres lettres fecrettes, que le roi écrivoit à cette princeffe, il lui mandoit qu'il n'approuvoit pas l'autorité s'accrût dans un confeil, où les grands que de Flandre assistoient, parce que cela pouvoit nuire à l'autorité du gouvernement, & donner occafion aux grands, qui fe feroient enrichis dans le maniement des finances, de faire des partis & d'exciter des troubles, comme elle l'en avoit averti. Il commanda encore au comte d'Egmont de témoigner à la gouvernante, qu'il fongeoit à remedier aux maux dont elle se plaignoit que la Flandre étoit travaillée ; qu'afin de pourvoir en quelque forte à ses besoins, il lui envoyoit partie en argent comptant, partie en lettres de change, foixante mille écus pour les troupes ordinaires, deux cens mille pour les garnifons, & cent cinquante mille pour les gages des magiftrats & l'administration des pro

vinces.

Le comte communiqua ces inftructions & ces letPhilippe change tres à la gouvernante; mais pendant que cette prinenvoye de plus fé- ceffe fe mettoit en devoir de les exécuter, le roi lui De Thou, hift. donna des ordres contraires, qui ne fe reffentoient Strada, de bello point de la douceur & de l'efprit de modération, qu'il Belg. lib. 4. ver- . paroiffoit fi néceffaire de confulter dans les tems dif

veres.

1.

40. n. 2.

sus finem.

ficiles où l'on fe trouvoit. Le comte qui ignoroit ces nouveaux ordres, & qui ne voyoit point qu'on exécutât les premiers, s'en plaignit amerement à la gouvernante, & demanda à fe retirer. La princesse encore plus embarraffée, fit part de fes peines au roi d'Espagne, à qui elle écrivit à ce fujet; & Philippe zelé pour l'établissement du tribunal de l'inquifition, & prévenu de cette fausse maxime, qu'il falloit agir avec la derniere rigueur envers les héretiques, qui

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