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l'agréer; daignez aussi bénir l'auteur et son livre.

C'est le vœu que forme, en vous présentant l'hommage de son profond respect et de sa parfaite gratitude,

MONSEIGNEUR,

DE VOTRE GRANDEUR

Le très humble et très obéissant serviteur,

FR. PROSPER GUÉRANGER,

ABBÉ DE SOLESMES.

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L'ANNÉE LITURGIQUE

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PRÉFACE GÉNÉRALE.

A prière est pour l'homme le premier des biens. Elle est sa lumière, sa nourriture, sa vie même, puisqu'elle le met en rapport avec Dieu, qui est lumière 1, nourriture et vie 3. Mais, de nous-mêmes, nous ne savons pas prier comme il faut ; il est nécessaire que nous nous adressions à Jésus-Christ, et que nous lui disions comme les Apôtres : Seigneur, enseignez-nous à prier 5. Lui seul peut délier la langue des muets, rendre diserte la bouche des enfants, et il fait ce prodige en envoyant son Esprit de grâce et de prières 6, qui prend plaisir à aider notre faiblesse, suppliant en nous par un gémissement inenarrable ".

Or, sur cette terre, c'est dans la sainte Eglise que réside ce divin Esprit. Il est descendu vers elle comme un souffle impétueux, en même temps qu'il apparaissait sous l'emblème expressif de langues enflammées. Depuis lors, il fait sa demeure

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dans cette heureuse Epouse; il est le principe de ses mouvements; il lui impose ses demandes, ses vœux, ses cantiques de louange, son enthousiasme et ses soupirs. De là vient que, depuis dix-huit siècles, elle ne se tait ni le jour, ni la nuit; et sa voix est toujours mélodieuse, sa parole va toujours au cœur de l'Epoux.

Tantôt, sous l'impression de cet Esprit qui anima le divin Psalmiste et les Prophètes, elle puise dans les Livres de l'ancien Peuple le thème de ses chants; tantôt, fille et sœur des saints Apôtres, elle entonne les cantiques insérés aux Livres de la Nouvelle Alliance; tantôt enfin, se souvenant qu'elle aussi a reçu la trompette et la harpe, elle donne passage à l'Esprit qui l'anime, et chante à son tour un cantique nouveau 1; de cette triple source émane l'élément divin qu'on nomme la Liturgie.

La prière de l'Eglise est donc la plus agréable à l'oreille et au cœur de Dieu, et, partant, la plus puissante. Heureux donc celui qui prie avec l'Eglise, qui associe ses vœux particuliers à ceux de cette Epouse, chérie de l'Epoux et toujours exaucée! Et c'est pourquoi le Seigneur Jésus nous a appris à dire notre Père, et non mon Père; donnez nous, pardonnez-nous, délivrez-nous, et non donnez-moi, pardonnez-moi, délivrez-moi. Aussi pendant plus de mille ans, voyons-nous que l'Eglise, qui prie dans ses temples sept fois le jour et encore au milieu de la nuit, ne priait point seule. Les peuples lui faisaient compagnie, et se nour

rissaient avec délices de la manne cachée sous les paroles et les mystères de la divine Liturgie. Initiés ainsi au Cycle divin des mystères de l'Année

1. Psalm. cXLIII.

Chrétienne, les fidèles, attentifs à l'Esprit, savaient les secrets de la vie éternelle ; et sans autre préparation, un homme était souvent choisi par les Pontifes pour devenir Prêtre ou Pontife lui-même, afin de répandre sur le peuple chrétien les trésors de doctrine et d'amour qu'il avait amassés à leur

source.

Car si la prière faite en union avec l'Eglise est la lumière de l'intelligence, elle est aussi, pour le cœur, le foyer de la divine charité. L'âme chrétienne ne se retire pas à l'écart pour converser avec Dieu et louer ses grandeurs et ses miséricordes, parce qu'elle sait bien que la société de l'Epouse du Christ ne l'enlève pas à elle-même. Ne fait-elle pas elle-même partie de cette Eglise qui est l'Epouse, et Jésus-Christ n'a-t-il pas dit : Mon Père, qu'ils soient un en la manière que nous sommes un 1? Et quand plusieurs sont rassemblés en son nom, le même Sauveur ne nous assure-t-il pas qu'il est au milieu d'eux ? L'âme pourra donc converser à l'aise avec son Dieu qui témoigne être si près d'elle; elle pourra psalmodier comme David, en présence des Anges, dont la prière éternelle s'unit dans le temps à la prière de l'Eglise.

Mais trop de siècles déjà se sont écoulés depuis que les peuples, préoccupés d'intérêts terrestres, ont abandonné les saintes Veilles du Seigneur et les Heures mystiques du jour. Quand le rationalisme du xvIe siècle s'en vint les décimer au profit de l'erreur, il y avait déjà longtemps qu'ils avaient réduit aux seuls Dimanches et Fêtes les jours où ils continueraient de s'unir extérieurement à la prière de la sainte Eglise. Le reste de l'année, les

1. JOHAN. XVII, 11. 2. MATTH. XVIII, 20.

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