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riture et du repos, et, dès le point du jour, il se mit en marche pour forcer les Carthaginois dans leurs retranchemens. Leur camp était assis dans une position sûre, et qui se trouvait également bien fortifiée par la nature et par l'art. D'un côté la mer, et de l'autre un marais profond, formaient une péninsule, dans laquelle ils étaient enfermés; et, pour se préserver de toute irruption, ils avaient fermé par un mur le passage étroit qui restait entre la mer et le marais, seul endroit par où l'on eût pu venir à eux. Les soldats romains essayèrent de forcer ce passage; mais, ne pouvant vaincre à la fois et la difficulté des lieux, et une multitude de combattans qui, à l'abri comme dans une ville assiégée, faisaient pleuvoir sur eux une grêle de traits, ils furent contraints de renoncer à cette entreprise téméraire et d'opérer leur retraite. Souvent, à la guerre, un échec, des revers essuyés au commencement, deviennent la cause d'un meilleur succès; parce que les vaincus cherchent à réparer leur perte en prenant mieux leurs mesures et en déployant plus de courage, tandis que les ennemis, enivrés par la joie du succès, ne prennent point assez de précautions contre l'inconstance de la fortune, et se laissent entraîner dans des entreprises téméraires.

XXXVII. C'est ce qui arriva pour lors aux Carthaginois. Non contens d'avoir repoussé l'ennemi, ils sortirent de leur camp et se mirent à sa poursuite, comme s'il eût été en déroute, s'imaginant que c'était devant leur valeur, et non devant les obstacles des lieux, que les Romains avaient reculé. Mais lorsqu'ils eurent quitté l'étroite péninsule qui les avait mis à couvert, la fortune du combat étant venue à changer avec le lieu, un grand nombre d'entre eux furent taillés en pièces. De ceux qui

ad castra, pars, ut cuique maxime promtum erat, in urbes circumjectas diffugere, neque deinceps, quamdiu Messanæ Claudius fuit, castris suis excedere sunt ausi. Consul etiam cum natura loci et difficultate situs iterato pugnare minime consultum arbitratus, quum tempus ibi frustra terere videret, præsidio Messanæ relicto, in Syracusanorum sociorumque fines impressionem fecit; iisque impune vastatis, tantum concepit fiduciæ, ut jam ad ipsas Syracusas exercitum auderet admovere. Varia ibi fortuna certatum est: semel etiam consul magno in periculo fuit; circumventusque foret, nisi mature capto consilio misisset ad Hieronem, quasi de conditionibus pacis acturus. Misit et ille certum hominem ex amicis; cum hoc cœpto colloquio, et de industria producto, sensim ex iniquo loco se subtraxit in tu

tum.

XXXVIII. Syracusani quoque secuti, sermones de pace cum diversis Romanis instituerunt, conventumque foret, ni Hiero auctor fieri noluisset. His rebus gerendis major anni pars consumta. Tum Messanam rediit consul, et inde cohortibus aliquot relictis ad tuendos Mamertinos, cum ceteris Rhegium trajecit: mox Romam decessit ad triumphum; quem de Pœnis et rege Siciliæ Hierone, quod primus ille de transmarinis populis ageretur, magna omnium gratulatione duxit. Hoc initium Romanis tentandi maria, et hic successus

échappèrent, les uns se réfugièrent dans le camp, les autres se sauvèrent où ils purent, en se dispersant dans les villes voisines; et depuis, tant que Claudius fut à Messine, ils n'osèrent plus paraître hors de leurs retranchemens. Le consul ne jugeant nullement prudent de lutter de nouveau contre la nature du lieu et les difficultés de sa situation, et voyant qu'il passerait là son temps en pure perte, mit une garnison dans Messine, puis se jeta sur les terres des Syracusains et de leurs alliés; et, les ayant ravagées impunément, il en prit tant de confiance, qu'il osa conduire son armée devant Syracuse même. Il y combattit avec des chances diverses. Un jour même il se trouva dans un grand danger, et aurait infailliblement succombé, s'il n'eût pris à temps le parti d'envoyer vers Hiéron, comme pour traiter de la paix. Celui-ci lui envoya de son côté quelqu'un qui possédait sa confiance; mais Claudius, la conférence une fois entamée, eut l'art de la prolonger jusqu'à ce qu'il eût trouvé le moyen de se tirer de ce mauvais pas.

XXXVIII. Des Syracusains avaient suivi le chargé de pouvoirs d'Hiéron, et avaient lié avec plusieurs Romains des entretiens tendant à la paix, qui eût été conclue, si Hiéron eût voulu en ratifier les conditions. Ces évènemens avaient absorbé la plus grande partie de l'année. Le consul revint alors à Messine, et, y ayant laissé quelques cohortes pour défendre les Mamertins, il repassa à Rhège avec le reste de ses troupes. Bientôt il se rendit à Rome pour demander le triomphe. Il obtint, comme vainqueur des Carthaginois et d'Hiéron, roi de Sicile, un triomphe d'autant plus agréable à tous les citoyens, que c'était le premier qui eût lieu pour des victoires remportées sur des peuples transmarins. Tel

cœptorum in Sicilia fuit. Ceterum et ista et sequentium temporum gesta scriptorum ambitione corrupta sunt, quum eorum præcipui, Philinus Agrigentinus, et ex Romanis Fabius Pictor, dum ille Carthaginiensium gloriæ, hic domestica nimium studet, officium et fidem insuper habuerunt.

XXXIX. Quorum levitatem merito Polybius arguit: quippe quum etiam privatorum minimis in causis falso testimonio circumvenire quemlibet exsecrabile crimen habeatur ; quanto fœdiore perfidia conditor historiæ principum atque populorum acta corrumpere cen sendus est? cui neque mortalium commodorum quidquam, neque spiritus ipse pulchra veritate debebat esse antiquior, tanto minori spe veniæ, quod ne prætextum quidem mentiendi allegare idoneum ullum potest; cui, si libere, quæ vera sciebat, quacumque de causa non licuisset tradere, tacere certe licuisset. Porro, dum in Sicilia Claudius Hieronem et Poenos vincit, obsidionem Volsiniensium ad exitum deduxit alter consul M. Fulvius, qui homines adversus vim desperatione validos, inopia rerum necessariarum et fame domuit. Facta deditione, ingratum illud et insolens libertinorum vulgus cum cruciatu interemtum est: urbs etiam ipsa diruta :

fut le premier essai que les Romains firent de leurs forces sur mer, et le premier succès qu'ils obtinrent en Sicile. Mais ces évènemens, et ceux des temps qui suivirent, sont altérés par la partialité des écrivains; et les principaux d'entre eux, Philinus d'Agrigente et Fabius Pictor de Rome, pour s'être trop attachés à relever la gloire, le premier, des Carthaginois, le second, de ses concitoyens, ont entièrement renoncé à la sincérité et à l'exactitude qui font le principal devoir et le caractère essentiel d'un historien.

XXXIX. C'est avec raison que Polybe avertit du peu de fond que l'on doit faire sur leurs récits: car si c'est un crime abominable de rendre un faux témoignage, même dans les moindres affaires concernant des particuliers, combien ne doit-on pas détester davantage la mauvaise foi d'un historien qui rapporte les actions des souverains et des peuples tout autrement qu'elles ne se sont passées? Sa profession l'obligeant à préférer la vérité à ses plus chers intérêts et à sa vie même, il est d'autant moins excusable, qu'il ne peut couvrir ses mensonges d'aucun prétexte; si un motif quelconque l'empêche de rapporter les faits tels qu'il les connaît, il peut au moins garder le silence. Or, tandis que Claudius remportait en Sicile des victoires sur Hiéron et les Carthaginois, M. Fulvius, l'autre consul, termina la guerre contre les Volsiniens par la prise de leur capitale; mais ce ne fut qu'en les privant totalement des choses nécessaires à la vie, qu'il dompta des hommes qui opposaient à la puissance des Romains le courage du désespoir. Après que la ville se fut rendue, le consul fit périr dans les supplices tous les affranchis, pour les punir de leur insolence et de leur ingratitude; la ville elle-même fut

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