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mêmes, et à se remplir de confiance pour l'avenir. Toute la ville, ranimée à la vue de ce changement, passa de la consternation où l'avait plongée son état presque désespéré, à l'attente d'un meilleur avenir.

XXIII. Témoins de cette allégresse universelle, les chefs reprirent eux-mêmes courage, et résolurent de se présenter de nouveau devant l'ennemi. Après avoir exhorté les soldats comme l'exigeait la circonstance, ils marchèrent contre les Romains avec douze mille fantassins environ, quatre mille cavaliers, et près de cent éléphans. La seule chose qui embarrassait les Romains, c'est qu'ils remarquaient que les Carthaginois, renonçant à leur première méthode, évitaient les hauteurs et les défilés, et ne marchaient plus qu'en rase campagne; mais, enorgueillis de leurs continuels succès, ils méprisaient des troupes accoutumées à être vaincues, et le chétif Grec qui les commandait. Regulus lui-même n'était pas sans s'enivrer de ce doux poison d'une fortune constamment favorable. Songeant donc qu'il avait détruit les forces maritimes des Carthaginois, ruiné leurs armées de terre, pris près de deux cents de leurs villes, fait sur eux environ deux cent mille prisonniers, et pensant que Carthage elle-même, en proie à une foule de maux, finirait par être obligée de se rendre, sourd aux demandes, il refusa d'accorder la paix à des conditions supportables, et il écrivit à Rome « qu'il tenait les portes de Carthage fermées par la peur. » Tant il est vrai que les grands courages manquent plus souvent de modération dans la bonne fortune, que de constance dans l'adversité.

XXIV. Au reste, quoique M. Regulus comprît bien que, ses principales forces consistant dans son infanterie,

tosa et ardua loca sectanda erant, nihil referre virtutis putans, ubi dimicaret, non timuit et ipse campo se credere, etiam ad majorem ostentationem fiduciæ, fluvio, qui medius fuerat, transmisso; passuumque fere mille ducentorum intervallo ab hoste constitit. Xanthippus romani ducis imprudentiam conspicatus, « hoc illud tempus esse, quo promissa sua Carthaginiensibus exsolveret, » testabatur; quod enim Romanos ex itineris labore defatigatos, qualibus optavisset locis, nactus erat : suam fore victoriam non dubitabat. Tempus etiam opportunissimum ad pugnam videbatur; quod præcipiti jam in vesperam die, Afris locorum gnaris, sive vincerentur, effugium per noctem facilius erat futurum; sive vincerent, nihil ad victoriam persequendam impedimenti. Consultantibus ergo Poenis, quid agendum esset, <«< deorum hominumque fidem invocans, ne tám præclaram occasionem perderent,» ad proelium capessendum omnes impulit, eo facilius, quod ipsi milites Xanthippi nomen inclamantes, insolita alacritate hostem ultro poscebant.

XXV. Summa igitur rei Spartano permissa, educit ille exercitum, instruitque hoc modo: phalanx Carthaginiensium, in qua robur erat peditatus, in subsidiis constituitur huic, spatio relicto conveniente, præ

il devait préférer les endroits élevés et de difficile accès, cependant, persuadé qu'avec du courage tous les lieux sont indifférens, il n'hésita pas à aller attaquer les Carthaginois dans la plaine où ils étaient campés. Bien plus, pour prouver davantage sa confiance, il passa le fleuve qui le séparait des ennemis, et prit position environ à deux mille pas d'eux. Xanthippe, lorsqu'il vit la faute que faisait le général romain, affirma «< que le moment était venu où il allait tenir aux Carthaginois la promesse qu'il leur avait faite. » Car, se trouvant en présence des Romains fatigués du chemin qu'ils avaient fait, dans une position où il avait si fort désiré de les rencontrer, il était bien persuadé que la victoire ne pouvait lui échapper. D'ailleurs le moment où la bataille allait se livrer lui paraissait des plus favorables. En effet, la nuit étant déjà proche, si les Carthaginois étaient vaincus, il leur devenait facile, connaissant les lieux, de se sauver à la faveur de l'obscurité; si, au contraire, ils étaient vainqueurs, rien ne les empêchait de poursuivre l'ennemi sans relâche. Il fit donc part de ces réflexions aux généraux carthaginois, qui délibéraient sur ce qu'il fallait faire, « les conjurant au nom des dieux et des hommes de ne pas laisser échapper une si belle occasion, » et les décida tous d'autant plus facilement à engager le combat, que les soldats eux-mêmes, appelant à grands cris Xanthippe, demandaient avec une incroyable ardeur qu'il les conduisît à l'ennemi.

XXV. Le Spartiate se trouvant donc libre de conduire les choses comme il l'entendait, fit sortir du camp l'armée, et la rangea en bataille de cette manière. Il mit à la réserve la phalange des Carthaginois, qui était l'élite de leur infanterie. Devant elle, à une distance 14

VII.

texuntur elephanti, simplici serie latitudinem phalangis exæquantes; in utroque cornu expediti cum equitibus, post hos in dextro, mercenariorum gravis armatura collocatur. Acie sic ordinata velitibus imperat, uti telis emissis se recipiant in apertos ad hunc usum suorum ordines; et hoste jam a validioribus excepto, rursum erumperent a cornibus, Romanorumque cum adversa phalange pugnantium latera repente incursarent. Regulus contra copiis ex more instructis, quum elephantos in prima Pœnorum acie stantes conspexisset, consilium celeriter capit leviter armatos in frontem adducit, in subsidiis locat densos legionum ordines, equites in cornua diffunduntur; fit acies in altitudinem firma, sed multo quam fuerat angustior.

XXVI. Ita quum et ab elephantis et ab equitibus hostium periculum esset, adversus belluarum quidem irruptionem recte provisum, sed in locis patentibus spatium equitatui hostium datum, ut circumfundi contractis ordinibus posset. Prælium ab elephantis cœpit, quos in adversum agmen agi Xanthippus jussit, confestimque Romani clamore sublato arma pulsantes contulerunt gradum. Ab equitibus etiam utrinque in cornibus pugna commissa; sed longe hic minore Romanorum número, quum sustineri vis hostium non posset, cito fuga facta est. At e peditibus qui sinistri adstiterant, sive elephan

convenable, il rangea les éléphans sur une seule ligne, dont le front égalait celui de la phalange. Il plaça sur les deux ailes les troupes légères et la cavalerie; et à la droite, derrière celle-ci, les mercenaires pesamment armés. L'ordre de bataille ainsi disposé, il enjoignit aux vélites, après qu'ils auraient lancé leurs javelots, de se retirer dans les intervalles restés vides derrière eux pour les recevoir; puis, quand l'ennemi serait aux prises avec de nouveaux combattans, de sortir de nouveau des deux ailes, et de venir tout à coup prendre en flanc les Romains occupés à combattre la phalange qu'ils auraient en face. Regulus, au contraire, avait rangé ses troupes en bataille selon sa coutume; mais lorsqu'il vit les éléphans placés à l'avant-garde des Carthaginois, il prit promptement sou parti. Il mit ses troupes légères aux premiers rangs, aux corps de réserve les masses serrées des légions, la cavalerie sur les ailes, donnant à son ordre de bataille bien plus de profondeur et beaucoup moins de largeur qu'il n'avait fait d'abord.

XXVI. Ainsi menacé par les éléphans et par la cavalerie des ennemis, il prit contre l'attaque impétueuse de ces animaux une sage précaution; mais, dans une plaine aussi étendue, il laissa à la cavalerie ennemie la facilité d'envelopper les légions resserrées dans un espace étroit. Le combat commença par les éléphans, que Xanthippe fit marcher contre le corps ennemi qu'ils avaient en face; et aussitôt les Romains, après avoir poussé un cri général, s'avancèrent en choquant leurs armes. L'affaire s'engagea aussi aux ailes entre les corps de cavalerie; mais celle des Romains, bien inférieure en nombre, ne pouvant soutenir l'impétuosité des ennemis, prit bientôt la fuite. La partie de l'infanterie romaine

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