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gagea entre Rome et Carthage, la victoire soit demeurée aux Romains, ceux dont les sénateurs, dans les temps difficiles, s'empressaient de porter leur argent au trésor public, tandis que les magistrats carthaginois ne songeaient qu'à le piller.

VII. Mais ce fut avec la cité elle-même que ces vices se fortifièrent. Dans les premiers temps, encore faibles et timides, on avait peu de peine à leur résister; et depuis, l'état put se maintenir long-temps contre eux et par sa propre puissance, et par la valeur extraordinaire de quelques généraux, auxquels Carthage dut presque uniquement le développement et l'affermissement de toute sa prospérité. La première guerre qu'elle eut à soutenir fut contre les Africains, qui exigeaient le tribut censé le prix de l'emplacement de cette ville; et elle ne parvint à s'affranchir de cette servitude qu'après une longue suite de combats. Ensuite le peuple carthaginois recula les bornes de son empire, et soumit à sa domination la contrée de l'Afrique la plus fertile et la plus peuplée. Bientôt après, maître de la mer, il porta ses vues sur la Sardaigne et la Sicile. Il espérait s'emparer aisément de la première de ces îles, dont les peuples ignorans et grossiers n'étaient pas en état de lui résister; et la beauté de la seconde, que les perpétuelles discordes de ses habitans exposaient à l'invasion d'un ennemi plus puissant, l'invitait à en faire la conquête. De la Sardaigne, il était facile de passer en Corse, et encore plus aisé de s'emparer d'une île qui n'avait pas de grandes forces. Mais les Carthaginois combattirent fort longtemps,et avec des chances diverses, pour se rendre maîtres de la Sicile; et si, dans ces guerres, ils remportèrent des victoires signalées, ils essuyèrent aussi de grandes défaites.

VIII. Amilcar quidem, Hannonis filius, quum trecenta hominum millia in Siciliam deportasset, a Gelone victus, interiit. Qua calamitate perculsi Carthaginienses abstinuere Sicilia, donec ab Ægestanis, quos Selinuntii premebant, exorati, Annibalem Amilcaris filio Giscone natum emiserunt. Is, Selinunte ac Himera excisis, magnam iterum potentiam Pœnis in Sicilia comparavit. Imilco Leptinem Dionysii majoris fratrem ducemque in Siculo mari vicit, navesque cepit aut depressit centum, virorum interfecit plusquam viginti millia multas Siciliæ civitates obtinuit, partem quoque Syracusarum cepit: sed orta repente pestilentia, toto ferme absumto exercitu, cum paucis eum Carthaginem redire compulit. Neque tamen spem Siciliæ occupandæ abjecerunt Pœni, sed paucis post annis cum alia classe Hannonem adversus Dionysium bellare jusserunt. Postea Magonem ab Iceta vocatum, et in ipsa jam syracusana urbe castra cum peditum sexaginta millibus habentem, Timoleon ejecit. Mox Annibalem et Amilcarem septuaginta millia militum adducentes idem Timoleon pugna magna vicit, castrisque exuit.

IX. Sed haud temere velocior iis ullo bello majorve conversio fortunæ, quam adversus Agathoclem fuit : qui victus in Sicilia, obsessus Syracusis, nulla evidente spe salutis, ultro transduxit in Africam bellum, Car

VIII. Amilcar, fils d'Hannon, étant passé dans cette île avec trois cent mille hommes, y fut vaincu par Gélon et y perdit la vie. Abattus par ce revers, les Carthaginois laissèrent la Sicile en repos, jusqu'au temps où, cédant aux prières des Égestans, que pressaient les Sélinuntiens, ils y envoyèrent Annibal, fils de Giscon et petit-fils d'Amilcar. Celui-ci rasa les villes de Sélinunte et d'Himera, et acquit de nouveau une grande puissance aux Carthaginois dans la Sicile. Ensuite Imilcon vainquit sur la mer de Sicile Leptine, frère de Denys l'aîné et commandant de sa flotte, lui prit ou coula à fond cent vaisseaux, lui tua plus de vingt mille hommes, s'empara de plusieurs villes de Sicile, et prit même une partie de Syracuse: mais une peste qui survint tout à coup emporta presque toute son armée, et le contraignit de s'en retourner à Carthage avec un fort petit nombre de soldats. Les Carthaginois, néanmoins, ne perdirent pas l'espoir de se rendre maîtres de la Sicile; mais, peu d'années après, ils ordonnèrent à Hannon d'aller avec une autre flotte faire la guerre contre Denys. Dans la suite, Magon, appelé par Icétas, et déjà établi dans Syracuse même avec soixante mille fantassins, en fut chassé par Timoléon. Bientôt après, Annibal et Amilcar, ayant amené soixante-dix mille soldats, furent vaincus dans une grande bataille par le même Timoléon, qui s'empara de leur camp.

IX. Mais, dans tout le cours de ces guerres, il n'y eut aucune révolution ni plus prompte, ni plus grande, quc celle qui s'opéra du temps d'Agathocle. Vaincu en Sicile, assiégé dans Syracuse, sans aucun espoir de salut, il transporta de lui-même la guerre en Afrique, défit les

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thaginiensesque multis præliis victos, desciscentibus passim Libybus, in maximum periculum metumque conjecit : domum deinde reversus, Sicilia tota expulit, donec mors regis, et ex ea turbæ, spem iterum occasionemque repetendæ possessionis aperuerunt. Exinde, ut diximus, vario Marte cum Pyrrho bellavere, ad extremum superiores. Interim etiam in Hispania civitates quædam stipendiariæ factæ, quum Gaditanis opem adversus accolas petentibus, cognato populo (nam et Gades Tyrii condiderant), auxilium Carthagine missum, vicinas aliquot Hispaniæ regiones punici juris fecit.

X. Is ferme Carthaginis status erat, quo tempore bellum adversus Romanos sumsere. Siciliam vero, qua punicæ ditioni subjecta non erat, majori ex parte Syracusani, et rex eorum Hiero possidebat : reliqua Mamertinorum armis tenebantur. Ii donec Romanorum, qui Rhegium occupaverant, societate uti potuere, sua defendisse non contenti, etiam punicos syracusanosque fines incursabant : denique oppida Siciliæ multa, quo vastationem agrorum, et alia incommoda redimerent, vectigal pendere coegerunt. Sed expugnata urbe rhegina, defectoribusque supplicio affectis, nudati hoc subsidio Mamertini priores opes tueri nequiverunt : et

Carthaginois dans plusieurs combats, souleva contre eux une forte partie des Libyens, mit la république dans le plus grand danger et lui causa de vives alarmes. De retour dans son pays, il chassa les Carthaginois de toute la Sicile; mais ensuite la mort de ce roi, et les troubles qui suivirent, leur offrirent de nouveau l'espoir et l'occasion de recouvrer ce qu'ils avaient perdu. Depuis ce temps-là, ainsi que nous l'avons dit, ils firent la guerre contre Pyrrhus avec une alternative de succès et de revers, et à la fin demeurèrent vainqueurs. Vers la même époque, les Gaditans, avec quelques villes d'Espagne devenues tributaires, ayant demandé à ce peuple de même origine qu'eux (car Gades avait été fondée aussi par les Tyriens) de leur prêter appui contre leurs voisins, il leur fut envoyé du secours de Carthage, et les Carthaginois soumirent à leur domination quelques contrées espagnoles du voisinage.

X. Telle était à peu près la situation des affaires de Carthage, lorsque les Carthaginois entrèrent en guerre contre les Romains. Hiéron, roi des Syracusains, possédait alors la plus grande partie de cette portion de la Sicile qui n'était point soumise à la domination carthaginoise; les Mamertins occupaient le reste par la force des armes. Tant que ceux-ci purent tirer parti de leur alliance avec les Romains, qui s'étaient emparés de Rhège, ils ne se contentèrent pas de défendre leur territoire, mais osèrent encore faire des courses sur les terres des Carthaginois et sur celles des Syracusains; enfin ils contraignirent plusieurs villes de la Sicile à leur payer tribut, pour racheter par là le ravage de leurs campagnes et les autres calamités de la guerre. Mais dès que la ville de Rhège eut été prise d'assaut, et que les

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