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d'une telle étendue, qu'ils embrassaient les trois premières, et débordaient à droite et à gauche. Disposée dans cet ordre qui la rendait plus forte aux extrémités que dans le milieu, et qui lui donnait la forme d'une proue de navire, la flotte se trouvait également en état de soutenir le choc des ennemis, et de les attaquer avec avantage. Quand les chefs des Carthaginois eurent appris par leurs espions l'arrivée de la flotte romaine, pensant à l'abord facile de Carthage, au peu de courage de ses habitans, et à l'inconstance de ses voisins, toujours prêts à changer de parti, ils résolurent d'aller au devant de l'ennemi, et de tout tenter pour empêcher les vaisseaux romains d'aborder en Afrique.

V. Ainsi, après avoir exhorté en peu de mots leurs soldats « à en venir aux mains avec un courage plein d'ardeur, parce qu'ils devaient songer qu'ils avaient à défendre non-seulement leurs personnes, mais encore tout ce qui était dans Carthage, tout ce que chacun avait chez lui de plus cher,» ils s'embarquèrent et sortirent du port avec bon espoir en eux-mêmes et dans les troupes de mer qu'ils avaient sous leurs ordres. Les chefs des Carthaginois s'étaient partagé ainsi le commandement. Hannon (c'était le même qui avait essuyé une défaite près d'Agrigente) commandait l'aile droite, et Amilcar le reste des vaisseaux. Mais, ayant remarqué que les Romains avaient partagé leur flotte en quatre divisions, ils en firent autant, et placèrent du côté de la terre, en forme de croissant, celle qui était à la gauche de tout le reste de la flotte en bataille. Les trois autres, rangées chacune sur une seule ligne, avaient les proues des vaisseaux tournées vers l'ennemi. Hannon

VII.

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proris navium in hostem versis; ex his dextrum cornu, in quo rostratarum et quinqueremium celerrimæ erant, Hanno versus altum mare quantum poterat exporrexit,

si

pugna aliunde commissa esset, circumdaturus hostem. VI. Neque diu morati consules in medias Pœnorum naves cum duabus classibus suis se intulerunt. Amilcar, quo Romanorum aciem distraheret, suis præceperat, ut commissa pugna fugam continuo capesserent. Quod⚫ quum factum esset, Romanique cedentes avide persequerentur; illis quidem ob celeritatem navium innoxia fuga fuit; at Romanorum acies, uti voluerat Amilcar prævideratque, divulsa est, triariis et tertia classe suo adhuc loco se tenentibus. Quod ubi perfectum esse vidit, subito dat e navi sua signum, ut conversis proris pugnam cum insequentibus ineant: certatur ambiguo Marte, Pœnis velocitate et peritia nautica rei, Romanis robore militum, longe superioribus. Itaque quamdiu navium potius quam hominum pugna esse potuit, punica res haud dubie meliori loco erat: sed quoties corvorum jactu colligatis navibus cominus pugnari cœperat, penes Romanum erat certa victoria; quum miles manu fidens, et in conspectu consulum pugnans, insignitiore opera virtutem suam his approbare contenderet.

étendit autant qu'il put en pleine mer l'aile droite, où se trouvaient les plus agiles des vaisseaux à éperons et des quinquérèmes, dans le dessein d'envelopper les ennemis, si l'action s'engageait sur un autre point.

VI. Bientôt les consuls se jetèrent au milieu des vaisseaux carthaginois avec deux de leurs divisions. Amilcar, afin de rompre l'ordre de bataille des Romains, avait enjoint à ses bâtimens de prendre la fuite dès que le combat serait engagé. Ils n'eurent pas plus tôt exécuté la chose, que les Romains se mirent à les poursuivre avec ardeur; ils ne purent néanmoins parvenir à les atteindre, à cause de leur légèreté. Mais, comme Amilcar le voulait et comme il l'avait prévu, la flotte des Romains se trouva séparée, la troisième division et les triaires gardant encore leur même position. Dès qu'il vit que son plan avait réussi, il donna tout à coup de son bord le signal à ses bâtimens de retourner leurs proues, et de fondre sur ceux qui les poursuivaient. Le combat devint alors douteux, les Carthaginois étant supérieurs aux Romains par la légèreté de leurs vaisseaux et la précision de leurs manœuvres, autant que ceux-ci les surpassaient en valeur. Ainsi, tant que la lutte eut lieu plutôt entre les vaisseaux qu'entre les hommes, l'avantage fut incontestablement du côté des Carthaginois; mais du moment que, leurs bâtimens une fois accrochés par les corbeaux, on en vint à combattre de près, les Romains furent certains de la victoire; car elle ne pouvait manquer de se déclarer pour des soldats qui étaient sûrs de leurs coups, et qui voulaient, par de courageux efforts, mériter les éloges des consuls, sous les yeux desquels ils combattaient.

VII. Dum in ea parte sic dimicatur, Hanno cum dextro cornu, quod hactenus immotum habuerat, in triariorum naves invectus a mari fecit impetum, magnasque in angustias redactis molestum omnino negotium exhibuit. Eodem ferme tempore sinistra quoque Carthaginiensium acies, mutata priore forma, et æquata fronte rostris infestis tertiam Romanorum classem, quæ hippagines remulco trahebat, invadit. Romani dimissis funibus ad resistendum se parant hic quoque fortiter : confligitur; ita tribus locis, totidem navalia prœlia, magno intervallo divisa nascuntur. Quum ita satis diu dubia victoria certatum esset, tandem evenit, quod necessum est, ubi simul pluribus locis æquali virium robore pugnatur, ut quæ pars prima pulsa fuit, totius certaminis victoriam daret. Quum enim Amilcar vim hostium ulterius ferre non posset, ipsius fuga ceteras etiam punica classis partes statim profligavit.

VIII. Nam ex consulibus L. Manlio'in captivis navibus conquirendis, et ad suas alligandis occupato, M. Regulus commissum alibi certamen videns auxilium suis ferre festinavit, assumptis secundæ classis navibus, quotquot ex priore pugna integræ illæsæque evaserant. Celeriter opem istam sensere triarii, receptisque animis, quos prope ad extremum periculum adducti desponderant, strenue dimicare cum adversariis cœperunt. Hanno quum

VII. Tandis que l'on en était ainsi aux mains de ce côtélà, Hannon, avec l'aile droite, que jusqu'alors il avait tenue immobile, vint fondre de la pleine mer sur les vaisseaux qui portaient les triaires, et, les serrant de près, les mit dans un extrême embarras. Presque en même temps, de leur côté, les vaisseaux carthaginois de la gauche, changeant leur première disposition, vinrent, tous de front, donner de leurs éperons contre la troisième division des Romains, qui remorquait les bâtimens portant les chevaux. Les Romains, après avoir coupé les câbles, se préparèrent à se défendre, et sur ce point on combattit aussi avec vigueur. De cette manière, il se livrait en trois endroits trois batailles navales en même temps, à une grande distance les unes des autres. Dans ce conflit où la victoire demeura assez

long-temps douteuse, il arriva enfin ce qui arrive nécessairement, lorsque l'on combat en plusieurs endroits à la fois avec des forces égales : la première division vaincue entraîna la défaite de toutes les autres. Car, dès qu'Amilcar, qui ne pouvait plus résister à l'impétuosité des ennemis, se mit à fuir, le reste de la flotte carthaginoise en fit sur-le-champ tout autant.

VIII. Pendant que le consul L. Manlius était occupé à rassembler les bâtimens ennemis qu'il avait pris, et à les attacher à ses vaisseaux, M. Regulus, voyant que l'on combattait ailleurs, se hâta de porter du secours aux siens, prenant avec lui les vaisseaux de la deuxième division qui étaient sortis du combat sans être endommagés. Les triaires ne tardèrent pas à s'apercevoir de ce mouvement. Alors ranimant leur courage, qui les avait abandonnés au moment où ils se trouvaient réduits pour ainsi dire à la dernière extrémité, ils se mi

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