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XIII. Ce fut la première expédition des Romains en Sardaigne et en Corse. Ces deux îles sont si voisines l'une de l'autre, qu'en les voyant de loin on pourrait croire qu'elles n'en font qu'une; cependant la nature de leur climat et de leur sol, et par conséquent le caractère de leurs habitans sont fort dissemblables. Les anciens ont appelé la Sardaigne Ichnuse et Sandaliotis, à cause de sa ressemblance avec le pied d'un homme. On ajoute << que depuis, Sardus, fils d'Hercule le Libyen, ayant séjourné fréquemment dans cette île, lui donna le nom sous lequel elle est connue aujourd'hui. » Il est rapporté dans les anciennes histoires fabuleuses, que les Grecs y abordèrent aussi avec Aristée, et depuis eux les Troyens, après la guerre de Troie. Elle ne le cède guère en étendue aux plus grandes, et par la qualité du sol aux plus fertiles de celles qui sont situées dans la même mer. Elle produit d'excellent bétail, une grande quantité de blé de la meilleure qualité, et il s'y trouve beaucoup de mines, surtout d'argent. Néanmoins son climat est insalubre; et la fécondité de son territoire ne compense pas, dans l'opinion des étrangers, la mauvaise qualité de l'air qu'on y respire : car durant l'été il y règne beaucoup de maladies, et surtout dans les endroits les plus fertiles.

XIV. Outre cela, elle produit une herbe extrêmement vénéneuse, tout-à-fait semblable au persil. Prise dans les alimens, cette herbe fait perdre la raison : les lèvres de ceux qui en ont mangé se retirent avec tant de violence, que l'on croirait qu'ils rient; et ce suc pernicieux détruirait en eux les sources de la vie, si, après avoir vomi, ils n'avalaient une grande abondance de lait ou d'eau mêlée de miel, qui, en le détrempant, pa

in convulsionibus nervorum usui sunt. Etiam minimum animalculum per imprudentiam supersedentibus mortiferum est. Solpugam vocant, formicarum genus, tanto periculosioris malitiæ, quod et latet facile propter exiguitatem, et ab ignaris naturæ ejus, etiam animadversum non timetur. Sardi, variis ex Barbaris mixta natio, quum ingenio suo permittitur, lubentius latrocinio quam agricultura victitant pelta et brevi ense armantur : thoraces ex pelle musmonum consuunt; arietes ita vocant, quos insula gignit, non lanam ut alii, sed pro ea pilum caprorum more gestantes. Urbium celeberrima Caralis est, Africam spectans, et inde condita, cum pulcherrimo portu.

XV. Corsica nec amplitudine nec opibus Sardiniæ comparanda, tertium tamen inter has insulas magnitudinis locum obtinere creditur; nomen a Corsa, muliere quadam, accepisse incolæ tradunt; cujus ab armento taurus in hanc insulam ex Liguria transjecerit. Græcis Cyrnus vocatur. Montosa est et aspera, et plerisque locis penitus invia quare populum etiam terræ suæ similem

ralyse la force et l'activité du poison, et donne le temps d'employer, contre les accidens secondaires, les remèdes en usage dans les convulsions de nerfs. Il existe aussi dans cette île un animalcule presque imperceptible, qui donne la mort à ceux qui ont l'imprudence de s'asseoir dessus. Cet insecte, que les habitans appellent solpuga, est une espèce de fourmi malfaisante, d'autant plus dangereuse, qu'elle se cache facilement à cause de son extrême petitesse, et que ceux-mêmes qui l'aperçoivent, mais qui ne connaissent pas sa nature mortifère, n'en ont pas peur. La nation sarde se compose d'un amas confus de divers peuples barbares qui, suivant leur inclination naturelle, aiment beaucoup mieux vivre de brigandage que du produit de la culture des terres. Ils ont pour armes un petit bouclier et une épée courte. Leurs cuirasses se composent de plusieurs peaux de musmons cousues ensemble; ils appellent ainsi une sorte de béliers, production de l'île, couverts non de laine, comme les autres, mais d'un poil semblable à celui des chèvres. La plus considérable des villes de la Sardaigne est Caralis. Cette ville regarde l'Afrique, d'où l'on juge qu'elle a été fondée par les habitans de cette contrée, qui l'ont enrichie d'un très-beau port.

XV. La Corse, qui p'est comparable à la Sardaigne ni par son étendue, ni par sa fertilité, est cependant regardée comme tenant le troisième rang, pour la grandeur, entre les îles de cette mer. Selon les habitans, elle tire son nom d'une femme appelée Corsa, du troupeau de laquelle il s'échappa un taureau, qui passa à la nage de la Ligurie dans cette île. Les Grecs l'appellent Cyrnus. Elle est montueuse et âpre, et presque tous les lieux y sont du plus difficile accès. Les habitans, sem

alit, nullo humano cultu, feris propemodum ipsis intractabiliorem. Capti in servitutem vix mansuescunt : sed aut impatientia laboris et jugi vitam exuunt; aut contumacia et stupiditate molesti sunt heris. Mel in insula copiosum est, sed amari saporis, quale fit ex flore buxi, quam Corsica multam et crassissimam profert. Idem tamen saluberrimum putatur; et sunt qui longævos in Corsica homines fieri opinentur, quod mel istud suum in continuo usu habeant. Oppida nec magna nec frequentia populo, sed tamen supra triginta numerantur ex quibus facile principes sunt Aleria, Phocæensium colonia; et Etruscorum Nicæa. Hic quoque grave cœlum est, et præterea importuosum mare.

XVI. Cum his igitur gentibus diu Carthaginienses bella gessere, et utriusque insulæ dominatione, præter inaccessa loca potiti sunt. Sed quia facilius erat rudes et feros homines vincere, quam domare; tum alia, quibus eos continerent, excogitarunt, tum etiam quo res vitæ necessarias ex Africa petere cogerentur, quidquid ubivis frugum fructuumve erat, corruperant, etiam supplicio mortis indigenis proposito, si quis tale quid serere aut plantare instituisset : donec longa consuetudine facti mitiores imperium æquioribus animis pati didicerunt. Has ad insulas navigationem eo tempore L. Cornelius consul instituit; et prius quidem in Cor

blables au sol qui les porte, sont grossiers, sauvages, et presque plus intraitables que les bêtes qu'ils nourrissent. Réduits en esclavage, ou a grand'peine à les apprivoiser: car, ou ils renoncent à la vie, plutôt que de se rompre au travail; ou, par leur obstination et leur stupidité, ils deviennent insupportables à leurs maîtres. L'île produit beaucoup de miel, mais il est très-amer, étant fait de la fleur des buis qui croissent abondamment en Corse, et qui y deviennent extrêmement gros. On le regarde cependant comme très-salutaire; et il y a des personnes qui attribuent la longévité des habitans au continuel usage qu'ils font de ce miel. Les villes de Corse ne sont ni grandes ni peuplées; mais toutefois on en compte au delà de trente, dont les plus considérables sont incontestablement Alérie, colonie de Phocéens, et Nicée, colonie d'Étruriens. Là aussi l'air est malsain, et de plus il n'y a point de bons ports.

XVI. Les Carthaginois donc, après avoir long-temps fait la guerre à ces nations, s'emparèrent enfin des deux îles, à l'exception des endroits inaccessibles. Mais voyant qu'il était plus aisé de vaincre ces hommes grossiers et farouches que de les dompter, entre autres moyens qu'ils imaginèrent pour les contenir, afin de les obliger à tirer de l'Afrique les choses nécessaires à la vie, ils détruisirent tout ce qu'il y avait dans les deux îles de plantes utiles ou d'arbres fruitiers, défendant aux habitans, sous peine de mort, de rien semer ou planter qui pût fournir aucune sorte de nourriture; jusqu'à ce que s'étant insensiblement apprivoisés, ils se sont enfin accoutumés à supporter plus patiemment le joug. Les choses en étaient à ce point, lorsque le consul L. Cornelius entreprit de conduire la flotte romaine vers ces

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