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SUPPLÉMENS

DE J. FREINSHEMIUS

LIVRE XVII.

1. La quatrième année de la guerre contre les Cartha

ginois était déjà commencée; et les Romains n'avaient à se plaindre ni du courage de leurs soldats, ni de la fortune car ils étaient sortis victorieux de tous les combats qu'ils avaient eus à soutenir contre les Syracusains et contre les Carthaginois. Ils avaient pris de vive force plusieurs villes opulentes; d'autres s'étaient rendues à certaines conditions: mais comme la guerre se faisait dans une île, il ne leur était pas aisé d'y faire venir les convois et les recrues dont ils avaient besoin; au lieu que les Carthaginois, dont les vaisseaux abordaient partout librement et à l'improviste, infestaient impunément les villes de la Sicile situées le long de la mer, et ravageaient même assez souvent les côtes de l'Italie, au détriment et à la honte de l'empire des Romains, puisque durant ce temps l'Afrique ne ressentait aucun dommage, et se trouvait à l'abri de tout danger et de tout désastre de la part de l'ennemi. Le sénat et le peuple romain, après y avoir mûrement réfléchi, résolurent

diligenter deliberata senatui populoque romano placuit, ut classe comparata, non terra tantum, uti cœperat, dimicaretur cum Pœnis, sed etiam maritimæ aleæ for

tuna tentaretur.

II. Hæc prima romanæ Urbi de navalibus rebus seria cogitatio fuit: quam haud minus forti felicique opera complevit, ac animo consilioque fidenti susceperat ; ut non immerito judicaretur, orbis imperium genti romanæ deberi, cui adversus exercitatissimum in re nautica populum classibus bellare volenti, nec ad rem aggrediundam audacia, nec ad regendam solertia nec ad perficiendam constantia defuisset. Quum enim ad eam diem Romani adeo maritimam militiam non attigissent, ut neque viros, qui navale prœlium vidissent, neque naves ullas bellicas, ne fabricandarum quidem artífices idoneos haberent, maxima fiducia tantum opus aggressi, brevissimo tempore et navigare cœperunt, et dimicarunt maritima pugna, et homines a multis ætatibus rerum earum peritissimos superaverunt. Cura classis fabricandæ mandata Cn. Cornelio L. F. Cn. N. Scipioni Asinæ, et C. Duilio M. F. M. N., qui consulatum recens* iniverant.

III. Navis erat una quinqueremis, quam Claudius, quo tempore freti transitum meditabatur, cupidine pu

* U. C. 492. A. C. 260.

donc de ne pas se borner à combattre les Carthaginois sur terre, comme ils avaient fait jusqu'alors, mais d'équiper une flotte, et de tenter aussi la fortune sur

mer.

II. Ce fut la première fois que Rome donna une attention sérieuse à la navigation; et la résolution qu'elle prit de se créer des forces navales, elle l'accomplit avec autant d'énergie et de bonheur, qu'elle l'avait conçue avec assurance. Ce qui fit juger dès-lors avec raison que les Romains étaient dignes de commander à l'univers, c'est que, voulant combattre avec des flottes la nation. du monde la plus habile dans la marine, ils ne manquèrent ni de hardiesse pour former un tel projet, ni de prudence pour le bien conduire, ni de constance pour l'exécuter. Car, bien que jusqu'à ce jour ils eussent entièrement négligé ce qui est nécessaire pour une guerre maritime, que leurs soldats ne se fussent jamais trouvés à aucun combat naval, qu'ils ne possédassent pas un seul vaisseau de guerre, et qu'ils manquassent même d'ouvriers capables d'en construire, en très-peu de temps, grâce à l'extrême confiance avec laquelle ils entreprirent une si grande tâche, ils mirent en mer des vaisseaux, luttèrent sur cet élément contre des hommes fort expérimentés depuis longues années dans ce genre de combats, et les vainquirent. On chargea du soin de faire construire une flotte Cn. Cornelius Scipion Asina et C. Duilius, qui venaient de prendre possession du consulat.

III. Il se trouvait une quinquérème, qui, s'étant avancée trop près du rivage, pour combattre Claudius, dans le temps où il se préparait à passer le détroit,

:

gnandi propius ad littus perlatam, locisque vadosis et brevibus impeditam pedestri manu ceperat hujus ad exemplum classem exædificari consules jussere, tantoque studio institerunt operi, ut sexagesimum intra diem, quam cæsa materia fuerat, classis centum sexaginta navium in ancoris staret. Sed nec ingenio minore quam industria consules expeditionem istam maturarunt; quum enim neque imperitos remiges in prælii discrimen adducere consultum putarent, neque exercendis iis tempus rerum gerendarum coarctare vellent, commenti sunt rem uti prima specie ridiculam, ita usu eventuque prolixe commendabilem ut interea, dum naves compinguntur, futuri remiges in littore sedentes officia sua docerentur. Iisdem enim ordinibus dispositi, quos in ipsis navibus servaturi mox erant, hortatore in media turba collocato, ad illius vocem et præcepta, movere et impellere remos, iterumque quiescere, haud aliter, quam navigantes solent, jubebantur. Hac imaginaria exercitatione tantum profectum est, ut postquam paratis jam navibus paucos dies in ipso opere industriam suam probavissent, jam confidere ipsis auderent consules, suamque et legionum salutem credere.

IV. Provincias deinde quum sortirentur, C. Duilio terrestre in Sicilia bellum, Cn. Cornelio classis evenit. Qui assumtis navibus septemdecim Messanam progres

avait donné sur des bancs de sable, où ce consul l'avait fait saisir par ses troupes de terre. Les consuls arrêtèrent qu'elle servirait de modèle pour la construction de la flotte, et ils pressèrent les travaux avec un tel zèle, qu'au bout de soixante jours il y avait à l'ancre une flotte de cent soixante vaisseaux. Mais, dans ces préparatifs, les consuls ne montrèrent pas moins de génie que d'activité; car, persuadés qu'il était de leur sagesse de ne point employer dans le combat des rameurs dépourvus d'expérience, et l'urgence des affaires ne leur laissant pas le temps de les exercer, de les exercer, ils eurent recours à un moyen qui sembla ridicule au premier abord, mais que la pratique et l'évènement justifièrent au delà de toute attente. Tandis que l'on construisait les vaisseaux, les rameurs futurs apprenaient leur métier sur le rivage. Là, rangés dans le même ordre où ils devaient se trouver bientôt à bord des vaisseaux, ils avaient les mains posées sur des rames, et les yeux fixés sur un maître qui, placé au milieu d'eux, leur apprenait la manière dont il fallait les mouvoir, et leur indiquait les momens où ils devaient se tenir en repos, leur faisant observer en tout point la manœuvre qui se pratique réellement par les gens de mer. Cet exercice imaginaire les rendit tellement habiles, que les consuls, auxquels ils donnèrent à l'œuvre même la preuve de leur savoir-faire quelques jours après, quand les vaisseaux furent équipés, n'hésitèrent pas à se reposer sur eux dès ce moment, et à leur confier le salut de leurs personnes et celui des légions.

IV. Les consuls ayant tiré ensuite leurs provinces au sort, C. Duilius eut pour sa part la conduite de la guerre par terre en Sicile, et le commandement de la flotte

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