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d'abord, mais qui ensuite, feignant de fuir en désordre, les attire promptement jusque dans le chemin par où elle savait que venait Hannon. Or, plus les Romains s'étaient laissés entraîner loin, plus il leur fut difficile de regagner leurs retranchemens. Ils perdirent un grand nombre des leurs, s'étant trouvés entourés de tous côtés, et par les troupes fraîches qu'ils rencontrèrent, et par la cavalerie numide qui s'était mise à fuir peu auparavant.

LV. Cet évènement ayant confirmé Hannon dans l'espoir qu'il pouvait remporter une victoire signalée, il prit position sur une hauteur appelée Taurus, environ à quinze cents pas du camp des Romains. Cependant l'affaire s'engagea plus tard qu'on n'avait lieu de l'attendre entre deux armées si voisines l'une de l'autre, les Romains et les Carthaginois redoutant alternativement de confier toutes leurs espérances au hasard d'une seule bataille. Ainsi donc, tant que Hannon se montra empressé de combattre, les Romains se tinrent dans leur camp, effrayés du nombre et de l'ardeur des ennemis, outre qu'ils n'étaient pas encore consolés de la perte de leurs cavaliers. Mais lorsqu'ils virent que leur hésitation affaiblissait le zèle des alliés, qu'elle redoublait la confiance des ennemis, et que la disette leur ferait une plus rude guerre que les Carthaginois, ils cessèrent de refuser la bataille. Alors Hannon se mit à tergiverser à son tour, et à témoigner mille craintes.

LVI. Deux mois s'écoulèrent ainsi, sans qu'il se passât rien entre les deux armées, excepté de petits combats de nulle importance, qui avaient lieu tous les jours. A la fin, Hannon, touché des prières qu'Annibal ne ces

et nuntios mittebat assidue, et facibus accensis signa crebra edebat famem amplius obsessis tolerari non posse, multosque ea peste coactos ad hostem transfugere; dimicationi moram ulterius nullam afferre decrevit eodem tempore Annibale quoque cum suis eruptionem ex urbe facturo. Quæ quum animadvertissent consules, intra sua se castra quieti tenuerunt; eo ferocius Hanno aciem instructam ostentare, et ubi nemo contra exit, sub ipsa Romanorum munimenta suggredi, ad pugnam audacter provocare, cunctantibus timorem et ignaviam objicere : illi hostem levibus præliis a vallo repulisse contenti, neque contra manentes struebant aciem, neque recedentes insequebantur. Hoc ubi per aliquot continuos dies factum, Pœnisque jam persuasum esset, nihil ultra ausurum Romanum, L. Postumius consul contemtum hostium in suam occasionem solerter vertit. Instructis enim silentio copiis omnibus, intraque vallum retentis, accedentem pro more Pœnum cum paucis submovens, a prima luce ad horam diei sextam velitando detinuit; tum demum recipientibus se hostibus productas ex castris legiones immisit.

sait de lui faire par ses courriers, et pressé par les feux que ce général faisait allumer fréquemment pour l'avertir que les assiégés ne pouvaient plus résister à la famine, dont les horreurs contraignaient un grand nombre de soldats de passer à l'ennemi, résolut de combattre sans nul délai, et d'en venir aux mains, tandis qu'Annibal, de son côté, ferait une sortie avec son monde. Les consuls, informés de ce dessein, se tinrent tranquilles dans leur camp. Hannon, fier de cette apparente timidité, offrit aux yeux de l'ennemi, avec encore plus d'audace, son armée rangée en bataille; et, ne voyant sortir personne, s'avança jusqu'au pied de ses retranchemens, défiant hardiment les Romains au combat, et reprochant à ces timides adversaires leur crainte et leur lâcheté. Ceux-ci, contens de repousser les Carthaginois de leurs lignes sans en venir sérieusement aux prises, non-seulement ne se formaient point en bataille pour leur tenir tête tandis qu'ils demeuraient, mais ne sortaient pas même pour tomber sur leur arrière-garde quand ils venaient à se retirer. Cette tactique, qu'ils suivirent sans discontinuer pendant plusieurs jours, confirma les Carthaginois dans l'opinion que l'armée romaine n'oserait rien entreprendre. Mais le consul L. Postumius fit habilement tourner à son avantage ce mépris des ennemis; car, ayant secrètement rangé toutes ses troupes en bataille, sans les faire paraître hors des retranchemens, il se présenta avec un petit nombre de soldats pour repousser les Carthaginois, lorsqu'ils s'approchèrent comme à l'ordinaire, et par de simples escarmouches les tint en échec depuis le commencement du jour jusqu'à midi. Alors, les ennemis étant venus enfin à se retirer, il fit sortir du camp ses légions et les dirigea sur eux.

LVII. Hanno, quanquam contra opinionem suam pugnandum sibi videret, intrepide congressus in serum diei ambiguum certamen extraxit. Sed Romanos, curatis bene corporibus, ad pugnam præparatos, æstus, sitis, labor, non æque fatigabat : carthaginiensis autem acies ante commissum prælium inedia et stando fessa, quanto longius protrahebatur dimicatio, fatiscentibus corporibus minus ad resistendum virium habebat. Postremo conductitius miles, qui in prima fronte pugnabat, diutius sustinere laborem non potuit; neque solum ipse cessit loco, sed in elephantorum agmen, et alios a tergo stantes ordines trepida fuga se inferens, turbavit totam aciem, hostique acriter incumbenti terga dare coegit. Eadem felicitate tum quoque ab alia parte gesta res : Annibalque, quum eruptione pugnavisset, majore suo quam hostium detrimento in urbem compulsus est. Capta Carthaginiensium castra sunt : elephanti vulnerati tres, cæsi triginta, undecim in manus Romanorum venere similis et hominum fortuna fuit; de tanto exercitu pauci cum ipso duce Heracleam evaserunt.

LVIII. At qui in urbe clausi erant, rebus plane desperatis, nullam salutis viam sibi relictam esse videntes, maximis terroribus affligebantur : quum Annibal optimi, ut in fortuna mala, consilii auctor, animadverso, Ro

LVII. Hannon, quoiqu'il se vît obligé de livrer bataille contre son attente, engagea intrépidement l'action, et la fit durer jusqu'au soir, sans que la victoire se déclarât d'aucun côté. Mais les Romains qui, pour être en état de combattre, avaient pris de la nourriture et du repos, supportaient aisément la chaleur, la soif et la fatigue; au lieu que les troupes carthaginoises, exténuées de faim et de lassitude, pour être restées longtemps sur pied avant que l'affaire ne s'engageât, perdirent peu à peu, à mesure qu'elle se prolongea, ce qu'il leur restait de forces pour résister à l'ennemi. Enfin les soldats mercenaires, qui combattaient aux premiers rangs, furent contraints de céder; et non-seulement ils lâchèrent pied eux-mêmes, mais, en se retirant précipitamment au milieu des éléphans et des troupes du centre, ils portèrent le désordre dans toute l'armée, et l'obligèrent à tourner le dos à l'ennemi, qui les pressait vivement. Les Carthaginois n'étaient pas plus heureux sur un autre point : car Annibal, qui avait fait une sortie contre les Romains, fut repoussé par eux dans la ville, après avoir perdu beaucoup plus de monde qu'il ne leur en avait tué. Les Romains s'emparèrent du camp des Carthaginois, blessèrent trois éléphans, en tuèrent trente et en prirent onze. Les hommes n'eurent pas un meilleur sort de toute une si grande armée, il ne resta qu'un petit nombre de soldats, qui se réfugièrent à Héraclée avec leur général.

LVIII. Quant à ceux qui étaient enfermés dans la ville, voyant que les choses étaient dans un état tout-àfait désespéré, et qu'il ne leur restait aucun moyen de salut, ils éprouvaient les plus rudes angoisses. Mais Annibal découvrit le parti le meilleur à prendre dans une

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