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2 Septembre, uniquement voulu par le premier Consul (et, comme il le dit constamment en toute circonstance, projeté seulement pour soutenir la religion dans la République italienne, où sans ce Concordat les affaires de l'Eglise iraient avec le temps pire qu'en France), a été l'occasion, et l'est encore surtout en ce moment, de vives contestations entre le chef de la République et ses membres. Ce Concordat devient le sujet de critiques amères et des censures les plus virulentes, même de la part de ceux qui n'appartiennent pas à la République italienne. On a fait voir au premier Consul, par des écrits très-envenimés, l'inconvenance et le peu d'honneur qu'il y aurait à se prêter aux propositions de Rome.

« Cette sorte d'écrits a fait une grande impression sur l'esprit du premier Consul, qui, ennuyé encore du retard des dicisions de Rome, s'est exprimé à plusieurs personnes en ces propres termes: C'est dire beaucoup que le Pape soit conseillé par des personnes qui ne prévoient pas les conséquences de leur dureté; qui ne connaissent ni les circonstances ni le temps; et qui enfin ne cèdent que par des menaces, et ainsi font perdre au Pape même le mérite, quand à la fin il se prête aux justes demandes ».

Les discussions s'ouvrirent le 29 Août et durèrent jusqu'au 3 Septembre; elles furent très-vives et très-orageuses. On pesa chaque parole, comme raconte le cardinal-légat, avec la balance et avec une sophistiquerie qui aurait confondu le diplomate le plus habile. La fermeté inébranlable du cardinal-légat, qui à chaque résistance opiniâtre et déraisonnable fit valoir ses instructions, et le zèle ardent de Bonaparte vainquirent enfin toutes les difficultés et remportèrent une victoire complète. On s'était acharné particulièrement sur la rédaction de plusieurs articles qui contenaient des clauses diffuses, lourdes et même inutiles, et qui auraient pu donner lieu à bien des railleries. Le cardinal Caprara, du consentement de la commission, leur donna une rédaction plus claire et plus positive, et nous devons ingénu

ment confesser que cette nouvelle rédaction était infiniment meilleure que celle qui avait été amendée à Rome.

« Après nous être accordés sur tous les points contestés, manda Caprara le 3 Septembre, jour de la clôture des séances, à Consalvi, les négociateurs ont demandé qu'on procédât à la souscription du Concordat, à laquelle je me suis déterminé en vue des circonstances impérieuses déjà exposées et en considération de la ratification à faire par Sa Sainteté. Le Saint-Père, dans sa sagesse, pèsera ce qu'il convient. En conscience, je ne pouvais pas permettre une rupture qui aurait causé tant de maux à l'Eglise. Votre Eminence s'est trouvée en des circonstances pareilles et saura pour cela user d'indulgence envers moi. J'atteste au reste qu'agissant autrement, j'aurais cru trahir ma conscience et mal servir l'Eglise ».

Le Concordat fut souscrit de côté et d'autre à Paris, le 16 Septembre, et rédigé en latin et en italien. La consulte d'Etat de Milan approuva cet acte par un décret du 27 du même mois, et remit le Concordat à M. Marescalchi, en le chargeant de le soumettre à Bonaparte, afin qu'il le ratifiât, en sa qualité de Président de la République italienne; ce qu'il fit le 2 Novembre. Bonaparte saisit cette occasion pour recommander aux Cisalpins l'exécution consciencieuse du Concordat (1).

Paris, 3 frimaire an XII. (25 Novembre 1803.)

<< Citoyens consultateurs,

«J'ai reçu votre lettre du 27 Septembre. Le Concordat fait avec le Saint-Siége est fondé sur des bases raisonnables. Il est discuté depuis deux ans. Je désire qu'il soit pour la République un objet de

(1) Correspondance de Napoléon Ier tom. IX, pag. 143, no 7324.

tranquillité intérieure. Il est plus facile de prévenir des discussions religieuses que de les apaiser quand le mal est fait ».

BONAPARTE.

Le premier Consul fit faire aussitôt une magnifique copie du Concordat sur parchemin, in-folio, relié superbement en velours vert, muni du grand sceau en argent doré, et des armes de la République italienne, pour l'envoyer au Pape. Afin de donner plus de lustre à ce message, il chargea M. Charles Marescalchi, fils unique du ministre des relations extérieures de la République italienne à Paris, de présenter cette copie au Pape (1). Ce jeune homme, appartenant à l'une des plus illustres maisons d'Italie, et doué des qualités les plus aimables, fut comblé à Rome de toute sorte de bienveillance et de faveurs, et partit de la ville éternelle le 13 Janvier, enchanté du Pape et du cardinal Consalvi.

Le même jour, Pie VII fit annoncer, par une dépêche circulaire à tous les nonces apostoliques auprès des cours catholiques, l'heureuse conclusion et ratification du Concordat italien, en leur faisant en même temps transmettre un exemplaire imprimé, et les chargeant de le faire publier dans les journaux officiels de leurs pays respectifs, afin qu'il fût connu dans son intégrité et son exactitude.

Le Pape se hâta d'exprimer à Bonaparte, en des termes aussi nobles que flatteurs, sa satisfaction de ce grand acte, et le pria d'être aussi large, aussi bienfaisant envers le clergé français, qu'il l'était à l'égard du clergé italien, dans ce Concordat.

« Nous avons appris avec une joie bien sensible, lui écrivit-il le 5 Février 1804 (2), que vous avez eu la consolation de terminer le Concordat avec la République italienne. Nous nous

(1) Nous donnons le texte de ce Concordat selon l'original qui a été officiellement présenté au Pape par M. Marescalchi. Pièces justificatives, no 5.

(2) Archives du ministère des affaires étrangères, à Paris; Pièces justificatives no 6.

48 CHAPITRE III.

CONCLUSION DU CONCORDAT ITALIEN.

réjouissons à la pensée que le bien qui en résultera pour la religion vous appartiendra, et que le concert, qui s'est établi entre nous deux dans ce Concordat, nous permettra de résoudre les difficultés d'un commun accord, s'il en naissait dans la suite. Certes, avoir tiré la religion de l'état où les vicissitudes du temps l'avaient réduite dans ces contrées, c'est une nouvelle gloire que vous avez ajoutée à celle qu'en cas semblable vous avez acquise à l'occasion du rétablissement de la religion en France.

<<< Par une rencontre heureuse, dans la journée d'aujourd'hui même, nous sont parvenus les cent exemplaires de la gravure de la ratification du Concordat de France, que vous nous avez envoyée en cadeau. Nous vous en remercions de tout cœur. Soyez persuadé que nous regarderons toujours la réunion de la France au Saint-Siége comme l'époque la plus heureuse de notre pontificat ».

CHAPITRE QUATRIÈME.

Publication et violation du Concordat italien

Pie VII proteste contre le décret de M. Melzi comme attentatoire au Concordat, et engage le premier Consul à le faire retirer. Le cardinal Fesch conseille la même démarche. d'y porter remède.

Bonaparte promet

La joie du Pape au sujet de l'heureuse conclusion du Concordat ne dura pas longtemps.

Le Concordat fut officiellement publié à Milan, le 26 Janvier 1804, et inséré le même jour dans le bulletin des lois. Il était accompagné d'un décret relatif à son exécution, signé par M. Melzi, vice-président de la République. Ce décret violait plusieurs articles importants du Concordat (1). Pie VII ne tarda pas à s'en plaindre amèrement au premier Consul, comme président de la République italienne et comme garant du Concordat, et le pria de faire retirer ce décret comme attentatoire même à son honneur personnel. Cette lettre, datée du 29 Février 1804, écrite de sa propre main, quelque peu vive, mais noble, était accompagnée d'observations tendant à constater ces infractions. Le Pape y fait ressortir, dans toute son étendue, la mauvaise foi des magistrats cisalpins.

Voici cette lettre remarquable (2):

Rome, 29 Février 1804.

« Très-cher fils en Jésus-Christ, salut et bénédiction apos

tolique.

(1) Bolletino delle leggi della Republica Italiana. An. 111, no 5 et 6, pag. 42-58. (2) Aux Archives de l'empire, à Paris; Pièces justificatives, no 7.

CONCORDAT. TOME II.

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