Obrazy na stronie
PDF
ePub

ricorde, tout ce que nous avons commencé dans notre infirmité, pour sa gloire, l'accroissement de la religion, le salut des âmes, le bien de l'Eglise et du Siége apostolique ».

M. Durosnel et M. de Brigode quittèrent Rome aussitôt après la fête de Saint-Pierre, pour se rendre auprès de l'empereur. Pie VII saisit encore cette occasion pour renouveler à Napoléon, dans une lettre très-gracieuse, ses sentiments de reconnaissance, et le prier de leur accorder quelque faveur dans la première conjoncture opportune, en récompense des soins affectueux qu'ils avaient eus pour lui pendant tout le voyage (1).

Pie VII, dont le cœur était très-sensible, n'oubliait aucun de ceux qui lui avaient donné des marques d'affection. Ainsi, le 3 Août, il remercia le vertueux abbé du mont Cenis de la cordiale hospitalité qu'il avait reçue, en faisant un juste éloge de la charité héroïque de ces pieux religieux (2).

M. de Champagny, célèbre graveur de Paris, avait, par l'ordre de l'empereur, dessiné quelques-unes des visites que le Saint-Père avait faites à l'Institut des sourds et muets et à d'autres établissements. Sa pieuse épouse en avait envoyé plusieurs épreuves au Pape, qui l'en remercia par la lettre suivante, écrite avec beaucoup de cœur.

Rome, 6 Novembre 1805.

«Dilecta in Christo Filia, salutem, etc. Nous avons reçu avec plaisir, chère fille en Jésus-Christ, votre lettre du 30 Juillet dernier, ainsi que plusieurs exemplaires de trois gravures qu'elle accompagnait. Ce travail fait beaucoup d'honneur à votre digne époux, dont le pieux burin a si bien exprimé le zèle religieux des Français, et le filial attachement qu'ils nous ont témoigné au pavillon de Flore, et pendant nos visites aux

(1) L'original italien aux Archives du ministère des affaires étrangères, à Paris, et aux Pièces justificatives, no 30.

(2) Pièces justificatives, no 31.

institutions célèbres, où par un prodige que la charité chrétienne seule peut opérer, les aveugles apprennent à voir et les muets à parler. Rien n'était sans doute plus propre que cet édifiant spectacle, pour faire éprouver à notre cœur paternel les sentiments les plus tendres; et nous avons été bien sensible au talent distingué de celui qui a fait revivre ces scènes attendrissantes dans les dessins qu'il en a retracés avec autant d'expression que de fidélité. Nous ne sommes pas moins touché, chère fille en Jésus-Christ, de votre empressement à les faire parvenir jusqu'à nous; et pour gage de notre affection, nous vous accordons, ainsi qu'à votre mari et à votre fils, la bénédiction apostolique de toute la plénitude de notre cœur. Datum Romæ etc. die 6 Novembris 1805.

PIUS Papa VII.

CHAPITRE DOUZIÈME.

L'empereur à Milan et le Concordat italien.

[ocr errors]

Création d'une section ecclésiastique faisant partie du conseil d'Etat. Les cardinaux Caprara et Oppizzoni en sont les présidents. L'empereur, à l'ouverture des séances du conseil d'Etat, recommande fortement l'arrangement des affaires de l'Eglise conformément aux désirs du Pape. Sentiments touchants de l'impératrice à ce sujet. L'empereur rétablit le Concordat dans sa pleine vigueur et informe le Pape de cette décision. Le cardinal Caprara, assisté de tout l'épiscopat et du haut clergé du royaume, couronne l'empereur. Le même jour, dans l'après-midi, Leurs Majestés impériales et royales assistent en grand gala au Te Deum et à la bénédiction du saint Sacrement dans l'église de Saint-Ambroise. Discours de l'empereur au Corps législatif au sujet des affaires de l'Eglise. Ses soins pour l'Eglise de France. Son décret du 8 Juin, relatif à l'organisation du clergé séculier et régulier du royaume d'Italie, est salué par tout le clergé avec enthousiasme. Départ de l'empereur de Milan et son séjour à Gênes. Son entretien avec le cardinal Spina, archevêque de cette ville. L'empereur, avant de partir, assiste à un Te Deum solennel dans l'église métropolitaine. Le décret du 8 Juin est peu favorablement accueilli à Rome. - Réclamation du Pape. Réponse de l'empereur.

[ocr errors]

L'empereur arriva le 8 Mai 1805, à Milan, pour s'y faire couronner comme roi d'Italie. Le cardinal Caprara qui, en sa qualité d'archevêque de Milan, devait faire cette fonction, l'avait précédé de plusieurs jours. En entrant dans cette ville, l'empereur, avec l'impératrice, s'arrêta un instant à l'église métropolitaine, où le cardinal Caprara, à la tête du clergé, reçut Leurs Majestés, qui se rendirent ensuite au palais royal, l'ancien château ducal.

L'empereur se livra aussitôt au travail. M. Melzi, le 10 Mai, fut créé chancelier et garde des sceaux de la couronne, et Mer Cadronchi, archevêque de Ravenne, grand-aumônier. Par un autre décret du même jour, il forma le conseil d'Etat, dont la section ecclésiastique fut confiée au cardinal Caprara, au

cardinal Oppizzoni, archevêque de Bologne, auxquels furent adjoints M. l'abbé Allegri, chanoine de Novare, et M. l'abbé Rona, curé de Sainte-Babile de Milan, ecclésiastiques de haut mérite et de science.

Napoléon inaugura en personne, le même jour, ce conseil. Le cardinal Caprara écrivit, avec une grande satisfaction, au cardinal Consalvi, le 11 Mai: «Sa Majesté y parla de la manière la plus énergique en faveur de la religion, et exprima le désir qu'on ne soulevât aucune sorte de questions avec le Pape ». Dans la matinée du lundi 13, écrivit le même cardinal à Consalvi, le 15 Mai: «S. M. l'empereur et roi, avant d'assister au conseil d'Etat, ordonna qu'on tiendrait auparavant une séance spéciale composée des membres de la section du culte et de celle des finances, afin de délibérer sur les moyens de donner aux ecclésiastiques de tout rang des appointements proportionnés, et d'assigner des dotations aux menses épiscopales, aux chapitres des églises, tant cathédrales que collégiales, aux séminaires, aux curés et aux fabriques des églises.

<< Cette séance terminée, tous les membres intervinrent au conseil d'Etat, dans lequel Sa Majesté fit sentir, avec un vrai intérêt, à toute l'assemblée, son désir que les affaires ecclésiastiques fussent absolument bien réglées, et qu'on procédât avec toute sollicitude à leur arrangement définitif ».

Le vénérable cardinal ne manqua pas de saisir toutes les occasions pour maintenir l'empereur dans ses vues bienveillantes envers l'Eglise. Dans un grand concert musical, donné à la cour, auquel il assista, l'impératrice s'entretint trèsfamilièrement avec lui. Le cardinal lui exprima sa grande satisfaction des faveurs accordées par l'empereur à l'Eglise, et la pria de vouloir l'encourager dans cette noble voie. L'impératrice lui répondit le plus gracieusement possible (1) : « L'empereur, mon mari, n'a pas pour cela besoin de stimulants, mais, en toute éventualité, si jamais cela était nécessaire, je vous assure que

(1) Caprara à Consalvi. Milan, 15 Mai 1805.

je ne négligerai rien pour complaire à vos désirs, parce qu'ils sont entièrement conformes aux sentiments que je nourris pour Sa Sainteté ; sentiments que je désire que vous fassiez connaître au Pape lui-même ».

L'empereur ordonna, par le décret du 22 Mai, que le Concordat italien du 16 Septembre 1803 aurait sa pleine exécution à commencer du 1er Juin prochain (1). Cet acte abolit par le fait le malheureux décret de M. Melzi.

L'empereur-roi se hâta de réjouir le cœur affligé du Pape par la nouvelle de ce décret, et lui exprima en même temps sa joie sur son heureux retour à Rome (2).

Milan, 4 prairial an XIII. (24 Mai 1805.)

<< J'ai reçu la lettre que Votre Sainteté a bien voulu m'écrire en date du 18 Mai. J'avais déjà été instruit de son heureuse arrivée à Rome. J'ai ressenti un vrai plaisir d'apprendre que sa santé s'était bien soutenue, et qu'elle n'avait point éprouvé de malaise du changement de climat et des fatigues d'un si grand voyage.

« Un de mes premiers soins, à mon arrivée ici, a été de prendre un décret pour la mise à exécution du Concordat; Votre Sainteté peut donc le faire à Rome, sans aucune espèce de doute. Ainsi, toutes les choses sont arrangées d'une manière convenable.

<<< Je recevrai demain le cardinal Caprara comme son légat, et c'est dimanche qu'aura lieu la cérémonie de mon couronnement, que j'ai retardée, parce que tout n'était pas prêt. J'ai bien rencontré avec le temps; car il a fait très-mauvais jeudi, qui était le jour d'abord fixé.....

<< Sur ce, je prie Dieu qu'il vous conserve, Très-Saint

(1) Bolletino delle leggi del regno d'Italia. An. v, p. 1, no 35, pag. 87.
(2) Correspondance de Napoléon Ier, tom. x, pag. 541, no 8781.

« PoprzedniaDalej »