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230 CHAPITRE IX. FÊTES A L'OCCASION DU SACRE.

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dresse paternelle, le chef de l'Eglise a voulu prêter son ministère à cette auguste cérémonie.

« Quelles impressions profondes et durables elle a laissées dans l'âme de l'empereur et dans le souvenir de la nation! Quels entretiens pour les races futures et quel sujet d'admiration pour l'Europe!

« Napoléon prosterné au pied des autels qu'il vient de relever; le souverain Pontife implorant sur la France et sur lui les bénédictions célestes, et dans ses vœux pour la félicité d'une nation embrassant la félicité de toutes les nations.

<<< Des pasteurs et des prêtres, naguère divisés, unissant à ses supplications leur reconnaissance et leur voix.....

« Au milieu de cette pompe et sous les regards de l'Eternel, Napoléon prononçant le serment immuable qui assure l'intégrité de l'empire, la stabilité des propriétés, la perpétuité des institutions, le respect des lois et le bonheur de la nation! »

CHAPITRE DIXIÈME.

Séjour de Pie VII à Paris.

-

Jugement du cardinal Consalvi. Récit de M. Thiers. Le landgrave de Hesse-Darmstadt et la députation des catholiques de la ville de Francfort-sur-le-Mein. Pieuse fondation de M. de la Palisse en faveur du séminaire d'Agen. Le Pape, le jour de Noël, célèbre une messe basse à Notre-Dame, et pourquoi ? Une députation de l'administration de l'Hôtel-Dieu lui est présentée après la messe à l'archevêché. Discours du président de cette députation. Le Pape visite l'Hôtel-Dieu et l'imprimerie impériale. Discours adressés au Pape en ces circonstances. L'empereur était-il jaloux de la popularité de Pie VII? Extraits des dépêches du cardinal Antonelli adressées au cardinal Consalvi sur le séjour du Pape à Paris, en réponse aux faux bruits que l'esprit de parti avait répandus à ce sujet pour déshonorer le Pape autant que l'empereur. Napoléon, sur l'instance du Pape, accorde de nouveaux secours à l'achèvement de l'église de Sainte-Madeleine. · Différentes largesses du même envers le clergé. - L'église des Petits-Pères rendue au culte. Consistoire à l'archevêché pour la remise des chapeaux aux cardinaux archevêques de Paris et de Rouen, et pour la préconisation de plusieurs évêques. Le Pape consacre dans l'église de Saint-Sulpice les évêques de Poitiers et de la Rochelle. - L'empereur a-t-il voulu retenir le Pape à Paris ? Invention et absurdité de la prétendue réponse du Pape à ce sujet. Le Pape présente à l'empereur, dans une visite à la Malmaison, différentes notes sur les affaires de l'Eglise de France. Vues bienveillantes de l'empereur. visite plusieurs églises et divers établissements des arts et de bienfaisance publique. rend de nouveau à la Malmaison pour présenter à l'empereur deux mémoires sur les intérêts de l'Eglise de France et sur la restitution des Etats jadis appartenant au Saint-Siége. - Analyse de ces Mémoires. Version officielle du dernier de ces Mémoires. Réponse officielle à ces mêmes Mémoires. Députation des Cisalpins à Paris, portant à l'empereur le vœu de la Effet de cet événement. Le Pape continue sa visite aux Consistoire au palais des Tuileries. Baptême solennel du prince impérial Louis Napoléon, fait par le Pape au château de Saint-Cloud. Le Pape prend congé de Leurs Majestés impériales à la Malmaison. pereur au Pape et aux cardinaux de sa suite.

nation qui le proclame roi d'Italie.

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Le cardinal Consalvi nous a tracé le plus sombre tableau du séjour du Pape à Paris (1) :

<< Enfin, dit-il, je tairai les humiliations dont Pie VII fut abreuvé pendant tout le temps de ce douloureux séjour. La mémoire et la plume se refusent à de semblables narrations. Je n'ai fait qu'énumérer ces souffrances, afin qu'on comprit bien ce qu'il

(1) Mémoires, tom. 11, pag. 404. Voilà encore un de ces traits révoltants de partialité, qui nous autorisent à douter de l'authenticité des Mémoires de Consalvi. C'est pour ce motif que, dans la rédaction de notre ouvrage, nous avons laissé entièrement de côté ces Mémoires, pour nous en tenir uniquement aux dépêches que Consalvi a écrites pendant son ministère, où il raconte les faits avec candeur et véracité, et contredit ses prétendus Mémoires. Il nous en aurait trop coûté de

fallut au Pape de vertu, de modération et de bonté pour suivre les magnifiques exemples d'abaissement que releva et prodigua le Dieu dont Pie VII était le vicaire ici-bas. Mon but encore était d'exposer une conduite que je ne me permettrai pas de qualifier, car je ne pourrais pas le faire de sang-froid et avec la dignité convenable».

En lisant ces lignes, on est tenté de se demander à qui Consalvi a voulu faire tort, à Napoléon ou à Pie VII? Nous disons sans hésiter, au Pape. En effet, si les traitements que Pie VII reçut de l'empereur, eussent été réellement tels que Consalvi les a imaginés, l'honneur et la conscience eussent obligé le Pape à ne pas rester vingt-quatre heures à Paris.

Grâce à Dieu, et pour l'honneur de Pie VII et de Napoléon, la chose s'est passée bien autrement.

Entendons d'abord le beau récit que l'illustre M. Thiers fait du séjour du Pape à Paris (1):

«Le Saint-Père n'aurait pas voulu séjourner longtemps à Paris; mais il espérait, en y séjournant, trouver une occasion favorable d'exprimer à Napoléon les voeux secrets de la cour romaine, et il était résigné à y demeurer deux ou trois mois. La saison ne lui permettait d'ailleurs pas de repasser les Alpes immédiatement. Napoléon, qui désirait l'avoir à ses côtés pour lui montrer la France, pour lui en faire apprécier l'esprit, pour l'amener à comprendre les conditions. auxquelles le rétablissement de la religion était possible, pour gagner enfin sa confiance par des communications franches et journalières; Napoléon mettait à le retenir une grâce parfaite, et il avait fini par séduire entièrement ce saint Pontife. Pie VII était logé aux Tuileries, libre de se livrer à ses goûts modestes et religieux, mais environné, quand il sortait, de tous les attributs de la suprême puissance, escorté

constater cette triste vérité à chaque fait. D'un autre côté, Napoléon est une figure trop grande dans l'histoire pour que l'historien consciencieux laisse impunément avilir sa mémoire, et pour qu'on lui refuse la justice qu'il mérite à tant de litres.

(1) Histoire du Consulat et de l'Empire, tom. v, pag. 270.

par la garde impériale, comblé en un mot des plus grands honneurs. Son intéressante figure, ses vertus presque visibles dans sa personne, avaient vivement touché la population parisienne, qui le suivait partout avec un mélange de curiosité, de sympathie et de respect. Il parcourait tour à tour les paroisses de Paris où il officiait, au milieu d'une affluence extraordinaire. Sa présence augmentait l'impulsion religieuse que Napoléon s'était attaché à imprimer aux esprits. Le saint Pontife en était heureux. Il visitait les monuments publics, les musées enrichis par Napoléon, et semblait s'intéresser lui-même aux grandeurs du nouveau règne. Dans une visite à l'un de nos établissements publics, il se conduisit avec un tact et une convenance qui lui valurent l'approbation générale. Entouré d'une foule agenouillée qui lui demandait sa bénédiction, il aperçut un homme dont le visage sévère et chagrin portait encore l'empreinte de nos passions éteintes, et qui se détournait pour se soustraire à la bénédiction pontificale. Le Saint-Père, s'approchant, lui dit avec douceur: Ne fuyez pas, Monsieur, la bénédiction d'un vieillard n'a jamais fait de mal. Ce mot noble et touchant fut répété et applaudi dans tout Paris ».

Ce récit, véridique et sans faste, sera complétement justifié par notre exposé fondé sur des documents émanés de la chancellerie du Pape à Paris, adressés à Consalvi lui-même, et qui auraient dû le prémunir contre les faux jugements portés dans ses Mémoires.

Le Pape eut, à Paris, la consolation de voir plusieurs princes protestants d'Allemagne lui donner des témoignages de vénération, et lui promettre d'accorder des libertés plus grandes à leurs sujets catholiques. Du nombre de ces généreux princes était le landgrave de Hesse-Darmstadt, qui accrédita même M. le baron de Humboldt, frère du célèbre voyageur et géologue, comme son chargé d'affaires à Rome (1).

(1) Pièces justificatives, no 18. M. Artaud s'empressa d'informer M. de Talleyrand de ce rapprochement des cours de Prusse et de Hesse-Darmstadt du Saint-Siége, en lui mandant : « Nous

Les catholiques de la ville de Francfort-sur-le-Mein, saluèrent le séjour du Pape à Paris et sa bonne intelligence avec l'empereur, comme un heureux présage du terme des maux qui affligeaient l'Eglise d'Allemagne. Ils lui envoyèrent une députation chargée de lui exposer les dures vexations qu'ils souffraient de la part de leurs concitoyens protestants, et de le prier de vouloir bien y remédier par un article exprès à insérer dans le Concordat, que le Saint-Siége méditait alors de faire avec l'empereur d'Autriche et les princes d'Allemagne. L'empereur Napoléon s'était fortement intéressé à ce projet, et avait offert ses bons offices pour le conduire à un heureux résultat. Mais la désunion des princes de cet empire fit malheureusement échouer cette négociation. Napoléon plaida avec chaleur les intérêts des catholiques de Francfort auprès du Pape et de la diète germanique (1).

La présence du Pape encourageait les fidèles à se signaler par des œuvres de charité publique chose fort rare à cette époque et même défendue par les lois. Nous en citerons un seul exemple. M. Daurout de La Palisse, âgé de 68 ans, issu d'une ancienne famille noble huguenote, avait, à l'âge de 17 ans, embrassé la foi catholique. Sa piété exemplaire avait

venons de voir un nouveau petit ministre se glisser ici sans faire de bruit; cette innovation ne paraît pas avoir déplu au cabinet de Rome, qui pourtant a toujours été très-circonspect sur ce point.

« M. de Humboldt, qui n'était jusqu'ici pour nous que résident de Prusse, non reconnu publiquement, à ce que l'on nous disait, vient de prendre officiellement le titre de ministre-résident. Sa place autrefois était obscurément remplie par M. Uhden, homme savant et instruit, mais allant peu dans le monde, et presque inconnu.

«M. de Humboldt a débuté par prendre le titre de résident : mais la cour de Berlin, en raison de la grande quantité de sujets catholiques que les partages de la Pologne lui ont donnés, a voulu établir à Rome une représentation plus directe et plus brillante. Le secrétaire d'Etat, dans le temps, en a parlé à M. Cacault, et lui a dit qu'on verrait faire M. de Humboldt, quoique des bulles défendissent de jamais laisser accréditer à Rome un ministre protestant.

« Il y a trois mois, M. de Humboldt a développé le caractère du ministre de Hesse et d'une autre petite puissance allemande, en n'y accolant toujours que le titre de résident de Prusse; enfin dans les têtes de lettres imprimées qu'il écrit, il prend le titre de ministre-résident de Prusse. - Le secrétaire d'Etat n'a encore rien dit. La victoire de M. Humboldt est complète, et l'on ne devra pas être étonné de voir ici plus tard un ministre anglais.

«M. de Humboldt a fini sa négociation avec beaucoup de prudence et de sagesse. Il a en ce moment auprès de lui son frère Alexandre, le célèbre voyageur qui fait des recherches dans le musée Borgia. » Vie de Pie VII, tom. II, pag. 54.

(1) Voir Pièces justificatives, no 19.

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